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Ellen Johnson Sirleaf à Ouagadougou : Entre amitié et recherche d’expérience

Publié le vendredi 2 décembre 2005 à 08h02min

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Ellen Johnson Sirleaf et Blaise Compaoré

La nouvelle présidente du Liberia, fraîchement élue, Ellen Johnson Sirleaf a foulé le sol de Ouagadougou, hier jeudi 1er décembre 2005. Cette visite au pays des Hommes intègres a pour but de "rendre compte des résultats de l’élection présidentielle, partager l’expérience d’autres chefs d’Etat et avoir des conseils de ceux-ci".

Il est exactement 13 h 40 lorsque l’avion transportant Ellen Johnson Sirleaf atterrit à l’aéroport international de Ouagadougou en ce jeudi 1er décembre 2005 en provenance du Ghana. Et c’est le ministre d’Etat burkinabè en charge de l’agriculture, de l’hydraulique et des ressources halieutiques Salif Diallo qui l’accueille à sa descente d’avion. Très détendue et souriante, elle est acclamée par des femmes venues l’accueillir. Ellen Johnson Sirleaf échange des poignées de mains avec les quelques membres du gouvernement venus à sa rencontre.

Avant d’entrer dans le salon des hôtes, Mme Sirleaf prend un bain de foule du côté de la colonie de femmes présente à l’occasion. Les femmes chantent, applaudissent et lancent des "bonne arrivée" à la première femme présidente d’un Etat africain. Pas des moindres, le Libéria, la première république libre d’Afrique. Ellen Johnson Sirleaf, femme à la démarche lente et fière, sillonne, depuis la proclamation des résultats de l’élection présidentielle libérienne où elle fut élue au second tour avec près de 60% des voix, certains pays de la CEDEAO et des voisins du Liberia. D’une voix calme et posée, Mme Sirleaf, 64 ans a expliqué que sa "tournée dans les Etats de la CEDEAO ainsi que les pays voisins a pour but de leur rendre compte des résultats de l’élection et leur demander de continuer à soutenir le Liberia".

Economiste dans l’âme et diplômée de l’Université de Harvard (Etats-Unis), Mme Sirleaf a confié avoir un programme pour la reconstruction du Liberia, afin de le remettre sur de bonnes voies. Ainsi elle dit "rechercher auprès de ses homologues, des conseils ainsi qu’un partage d’expériences". Toute chose qui va aider Ellen Johnson Sirleaf à mieux gouverner son pays.

Humble face à des défis à relever

Ancien fonctionnaire du système des Nations unies, Ellen Johnson Sirleaf est consciente des nombreuses tâches qui l’attendent à la tête d’un Etat qui se réveille "d’un sommeil de guerre civile" avec son lot de milliers de morts. C’est pourquoi, malgré le fait d’être "heureuse et émue" d’avoir été élue présidente de la république, Mme Sirleaf dit "rester humble parce que devant faire face à d’importants défis". Pour y arriver, Mme Sirleaf s’en réfère à Dieu. Elle affirme prier le bon Dieu afin qu’il lui accorde la force nécessaire pour pouvoir mener à bien la tâche qui lui est assignée.

Veuve et mère de quatre enfants, Ellen Johnson Sirleaf est issue de l’élite américano libérienne, des esclaves affranchis, qui ont contribué à bâtir la première république libre d’Afrique, le Libéria. C’est pourquoi témoignant à l’endroit des femmes africaines, Mme Sirleaf a confié vouloir qu’à travers son action "Le rôle des femmes en politique soit renforcé". D’où le souhait que "l’expérience du Liberia puisse servir d’exemple à toute la classe politique féminine africaine".

L’extradition de Charles Taylor n’est pas une priorité

Après avoir rencontré le président Blaise Compaoré dans la soirée du jeudi à 17 h, Ellen Johnson Sirleaf a confié lui avoir rendu compte des contours et résultats de l’élection passée.

"Je suis venue rendre compte au président Blaise Compaoré des résultats de l’élection présidentielle qui vient de se dérouler dans notre pays". Pour Mme Sirleaf, "le peuple libérien a fait son choix et est d’accord pour se mettre ensemble et travailler avec elle pour le développement du Liberia. Ex-ministre des Finances sous le président William Tolbert qui fut destitué par le sergent Samuel Doé, Ellen Johnson Sirleaf a dit remercier le président Blaise Compaoré et le peuple du Burkina Faso pour l’appui qui leur a été apporté depuis la période de la transition jusqu’à l’organisation des élections.
De ce fait, juste après son investiture (si tout va bien) qui aura lieu le 16 janvier 2006, Mme Sirleaf compte travailler à faire en sorte que les enfants et les élèves puissent retrouver le chemin de l’école. Ainsi, s’exprimant sur la probable extradition de Charles Taylor accusé de crime contre l’humanité, Mme Sirleaf a avoué que cette dernière n’était pas une priorité. Le moment venu, elle envisage engager une concertation avec les pays membres de la CEDEAO pour décider de la conduite à tenir. Mais pour l’instant, l’important pour la première femme élue présidente d’un Etat africain, l’heure est à la reconstruction du pays en associant tous les fils et filles du Liberia à cette tâche. C’est ainsi que Mme Sirleaf a confié avoir invité son "challenger" à la présidentielle, Georges Weah, à se joindre à eux pour travailler au développement du Liberia.

Très décontractée à sa sortie d’audience, Mme Sirleaf a dit compter sur toute la jeunesse qui soutenait Weah pour reconstruire le Liberia. "Nous avons invité tous les jeunes à se joindre à nous pour travailler" , a lancé Mme Sirleaf.

"Tous les jeunes du Liberia doivent avoir les mêmes opportunités et les mêmes responsabilités en ce qui concerne le développement du pays", a clamé Ellen Johnson Sirleaf.

Cette visite de Mme Sirleaf doit en principe prendre fin ce matin avec une rencontre avec les femmes. Ainsi, après avoir parcouru la Côte d’Ivoire, le Nigeria, le Ghana, le Burkina Faso est l’avant-dernier pays à être visité. La Sierra Leone complète la boucle de la tournée de la première femme élue présidente d’un pays africain, Mme Ellen Johnson Sirleaf.

Daouda Emile OUEDRAOGO (ouedro1@yahoo.fr)
Sidwaya

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