LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Pierre Tapsoba, coordonnateur de l’AMP : « Je n’aime pas la Mouvance présidentielle »

Publié le jeudi 1er décembre 2005 à 08h18min

PARTAGER :                          

Pierre Tapsoba

En 1992, la CNPP/PSD, à peine sortie des élections législatives, éclate en morceaux. Une partie ira directement dans les bras du pouvoir avant d’être rejointe par l’autre en 1996, lors de cette fusion absorption politique qui donnera naissance au CDP...

Par ce fait, les responsables des plus en vue de l’ancien parti déposent armes et bagages au CDP : Marc Yao, Moussa Boly, Mathieu Rakiswilgri Ouédraogo, et ... Pierre Tapsoba, notre hôte.

Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Aujourd’hui chargé des Relations extérieures dans ledit parti, le député Pierre Tapsoba a été choisi pour assurer la coordination de l’Alliance pour la mouvance présidentielle (AMP), un regroupement de partis qui avaient décidé de soutenir la candidature de Blaise Compaoré.

En cette matinée du lundi 28 novembre 2005, la campagne présidentielle est passée et la bâtisse qui tenait lieu de siège sise sur l’avenue Yennega paraissait abandonnée, et l’ambiance tranchait d’avec celle des jours chauds de la campagne.

C’est donc un coordonnateur qui s’apprêtait à aller payer la facture de téléphone et à remettre les clefs du bâtiment que nous avons trouvé dans cette austère salle ventilée qui lui tenait lieu de QG. Présidentielle, partis de l’opposition, disparition de la CNPP/PSD ont été, entre autres, au menu des échanges.

Entre nous, 80,35% des suffrages, ça ne donne pas l’image d’une démocratie petit-nègre ?

• Ou d’une république bananière, c’est ce que vous voulez dire ? (Rires). Il y’en a qui disent un « suffrage stalinien » aussi. Ce suffrage ne doit pourtant étonner personne.

Il y a des journalistes parmi vous qui ont couvert la campagne de certains candidats. Je vais vous poser une question : honnêtement n’étiez-vous pas gênés en votre for intérieur, lorsque vous arriviez à certains endroits et que le candidat poireautait deux heures au soleil ou sous un arbre sans que personne ne vienne l’écouter ? C’étaient des signes...

A ces candidats, il y avait aussi le fonds qui manquait le plus !

• Ecoutez ! Donnez-moi un pays où on fait la politique sans moyens. Citez moi un. Mais on ne peut pas vouloir faire de la politique sans moyens ! C’est absurde ! Quand on veut faire de la politique sans les moyens, on commence par là où on n’en a pas beaucoup besoin.

On commence par les élections régionales. Les municipales qui viennent sont par exemple une occasion pour les petits partis d’asseoir une base. Ensuite on va aux législatives. Si on a un ou deux députés, on peut rayonner au bout de quelques années, et tenter sa chance à la magistrature suprême.

Mais tel n’a pas été le cas pour certains candidats. Deux mois avant, le parti est créé et voici son fondateur parti pour la Présidence. Franchement si le ridicule tuait, il y en a qui en seraient morts aujourd’hui.

Mais ne pensez-vous pas que ces candidats aient pu être créés de toutes pièces ?

• Pour quel besoin ? Quel intérêt aurait le CDP à créer des candidatures de toutes pièces dans la mesure où nous savions qu’il y aurait de grands partis et des opposants qui allaient être candidats.

Votre supposition pouvait être réaliste si on doutait de la présence de candidatures ! En 98, on avait supposé que Ram et Guirma étaient des candidats créés de toutes pièces.

Comment expliquez-vous donc que Ram soit cette année dans les rangs, après avoir été au gouvernement et vidé de celui-ci ? Non ! Les gens sont venus d’eux-mêmes et le CDP est un parti qui se respecte.

Le CDP a peur de la honte et la présence de certains candidats à cette présidentielle relève de la honte.

A la lecture des résultats définitifs, on se rend compte qu’avec le suffrage exprimé en faveur du président sortant, votre province d’origine le Ganzourgou, a aussi bien fait que le fief présidentiel de l’Oubritenga. On veut être plus royaliste que le roi à Zorgho ?

• Nous ne sommes pas plus royalistes que le roi. Demandez aux opposants, eux qui n’ont même pas de structures qui les représentent là-bas. Allez demander même à Bénéwendé Sankara. Qu’est-ce qu’il a comme structure de gestion de son parti au Ganzourgou, en commençant par le chef-lieu.

C’est surtout une question d’implantation. Il y en a qui ont choisi d’être bien implantés chez eux ! Bénéwendé a eu ses meilleurs scores là où il était implanté. Philippe Ouédraogo a battu le vieux PDP/PS chez lui au Sanmatenga ! Au Ganzourgou dans les années 90, c’était la CNPP ou l’ODP/MT. Depuis la fusion, c’est le CDP qui règne en maître.

Vous étiez le coordonnateur des partis membres de la mouvance présidentielle à cette élection. En quoi a consisté votre boulot ?

• Jusqu’à la création le 20 avril 2005 de l’Alliance des partis et formations politiques de la mouvance présidentielle, tous les partis qui disaient être derrière le président Blaise Comporé naviguaient à vue, chacun de son côté.

Il fallait une structure qui leur permette de se concerter. Il y a eu donc l’AMP. Depuis la création de cette structure, il y a un peu d’ordre. C’était une coordination, chargée d’être le relais entre tous ces partis de cette mouvance, la Direction nationale de la campagne et dans le cadre de leur existence au quotidien, le bureau politique national du CDP.

On imagine que ce n’était pas facile de coacher plus de vingt formations politiques. Comment vous en êtes-vous pris ?

• Vous savez, j’ai une petite expérience. De par le passé, j’ai assumé des postes de responsabilités au niveau politique, équivalentes et même supérieures à la plupart des chefs de partis de la mouvance présidentielle pendant longtemps. De ce fait, je puis dire que je suis aguerri.

Je reconnais cependant que ce n’était pas facile d’amener à l’unisson 27 partis. Ce n’est pas aussi facile d’être celui qui étudie, qui propose l’agrément ou le rejet d’une demande d’adhésion à la mouvance. Car, tous les partis n’y ont pas été admis.

A ce qu’on dit, l’AMP était mécontente du peu de cas qu’on faisait d’elle à la direction nationale de la campagne. Certains semblent avancer qu’on ne s’est pas bien occupé d’eux. Qu’en dites-vous ?

• C’est à la fois vrai et faux ! Lorsque je regarde, pendant la pré-campagne, aucune manifestation importante n’a été initiée sans que les partis n’aient été associés. C’est la preuve que les choses ont été faites pour le mieux !

Mais en matière de disponibilité des gadgets, j’ai été le premier à le dire, à qui de droit, que la mouvance a été mise un peu de côté. Mais cela était plutôt une question d’organisation. Au début nous ne savions pas qu’il fallait courir soi-même pour aller faire la queue pour avoir les dotations.

Nous pensions que les lots qui nous revenaient allaient rester intacts et que personne n’y toucherait. Alors que si vous alliez à la direction de la logistique de la campagne, c’était vraiment la bousculade. Lorsqu’on a compris qu’il fallait se déplacer, on ne s’est plus gêné. Nous nous sommes mis à l’ouvrage et les choses se sont bien passées.

On imagine aisément que la direction de campagne vous a doté des moyens. Peut-on avoir une idée sur ces moyens ?

• Des moyens, véritablement pas ! Sauf pour le siège. C’est important. Si nous étions toujours obligés de squatter le siège du CDP, avouez que ce serait difficile. Le candidat nous a autorisé à louer ce siège.

Néanmoins vous nous permettrez de passer sous silence le montant. Mais nous considérons que nous l’avons obtenu à moitié prix, compte tenu du fait que c’est devenu un bâtiment inoccupé avec le départ des habitants du projet ZACA.

Maintenant, il fallait que les responsables des partis de la mouvance battent campagne ! Donc le candidat a mis à notre disposition, les moyens financiers nécessaires pour la dotation de carburant et l’entretien des véhicules.

On n’a donc pas « mangé et laissé » les mouvanciers, comme on l’a entendu durant la campagne ?

• Non ! On ne peut pas dire qu’on a « mangé et laissé » qui que ce soit ! Chacun a eu la part qui lui revenait. Maintenant s’il s’agit de la part réservée à l’AMP, bien sûr que les chefs de partis diront toujours qu’ils en attendaient plus !

Mais encore faut-il connaître la part totale à partager et quels sont les différents démembrements qui attendaient quelque chose avant de se plaindre ! Je considère cependant le soutien financier et logistique acceptable.

Comment étiez-vous organisé ? Vous aviez votre programme de manifestation et vos moyens propres ou alors étiez-vous noyés dans l’anonymat indifférencié de la campagne du CDP ?

• Il y avait des programmes « individuels » et des programmes communs. A Ouagadougou, nous avions une animation au siège tous les jours et organisé un meeting qui, aux dires de certains, a rassemblé plus de 10.000 personnes.

Maintenant sur le terrain chaque parti, en fonction de son territoire politique, organise des meetings ou des tournées par-ci par-là pour mobiliser ses militants.

Mais avait-on besoin de prendre un coordonnateur de l’extérieur comme si l’AMP ne pouvait pas s’autogérer ?

• Quand vous dites « de l’extérieur », je ne suis pas d’accord avec vous. Je ne suis pas de l’extérieur. Le CDP était le chef de file de la mouvance. Au préalable, une convention a été signée entre le CDP et tous ces partis.

Dans cette convention, il était précisé que la présidence de l’AMP sera assurée par le CDP et que le coordonnateur national de l’AMP est le président du CDP.

Bien entendu, comme le président du CDP, qui est aussi président de l’Assemblée nationale n’a pas le temps, on a désigné au sein du parti, la personne dont les fonctions sont les mieux indiquées : il s’agissait du secrétaire aux Relations extérieures que je suis.

Je ne vois donc pas en quoi c’est une désignation venant de l’extérieur.

Maintenant que l’affaire est dans le sac comme on dit, à quoi les mouvanciers sont-ils en droit de s’attendre ?

• Laissez-moi vous avouer que bien avant, nous savions que l’affaire était dans le sac. Si d’avance les partis de l’AMP sachant que l’affaire serait déjà dans le sac n’ont pas trouvé utile de commencer à se poser la question de savoir à quelle sauce ils seront mangés, c’est qu’ils savent que le candidat Compaoré est un homme sérieux et respectable.

Donc, avec les mouvanciers, vous n’en avez jamais discuté ?

• Il n’était pas utile d’en discuter ! Nous avions dit qu’on n’a jamais monnayé le soutien de l’AMP au candidat Blaise Compaoré.

C’était un soutien désintéressé parce que tous les partis membres de l’AMP voyaient en lui l’homme circonstanciel qui pouvait continuer à pousser le Burkina vers le développement et le bien-être, que chaque membre de ce pays est en droit d’attendre.

Voulez-vous dire qu’en tant que coordonnateur, ils ne vous ont jamais fait part de leurs prétentions, ministérielles par exemple ?

• Des prétentions ! Mais ils n’ont pas de prétentions justement ? Nous discutons ! A l’AMP nous avons un bureau de cinq membres. Mais à chaque fois que nous nous rencontrons, il n’a jamais été question de penser que Blaise pourrait proposer telle chose ou telle autre après l’élection.

Pour avoir soutenu votre candidat, ils doivent s’attendre quand même à une part du gâteau ?

• D’abord je n’aime pas le terme « gâteau ». Le pouvoir n’est pas une friandise. Le pouvoir, c’est plutôt une charge et ne peut être comparé à un gâteau.

Mais si vous parlez de la participation à la charge de gestion du pays, bien entendu tout le monde serait prêt, éventuellement au cas où le président penserait utile d’associer un quelconque membre de l’AMP ! La mayonnaise CNPP-CDP tarde à prendre.

Il semble que Salif Diallo, le directeur national de campagne du CDP, vous a intimé l’ordre de quitter le local que vous aviez loué dans la ZACA pour l’AMP. Doit-on comprendre que votre mission est déjà terminée ?

• Le directeur de campagne ne nous a pas intimé l’ordre de quitter les locaux. Nous avions éventuellement prévu de rester jusqu’en fin décembre s’il y avait un deuxième tour.

Comme il n’y a plus de second tour, pourquoi allons-nous donc rester ici ? Rester pour faire quoi dans la mesure où l’épreuve politique la plus immédiate, ce sont les municipales alors et que pour ces élections, chacun volera de ses propres ailes.

Le CDP, vous vous en doutez, ne fera alliance avec aucun autre parti, étant capable de présenter des candidatures valables dans le plus petit village du Burkina Faso. Dans ces conditions, il n’est pas utile que ce parti fasse une alliance avec un quelconque parti de la mouvance.

Maintenant, si entre eux ils décident de faire des alliances, libre à eux. Nous-mêmes le souhaitons, car toute victoire des partis de l’AMP est une victoire qui consolide le régime.

Comme coordonnateur de la Mouvance, vous avez eu à gérer des personnes aux humeurs différentes. Quelles sont les leçons que vous avez eu à tirer de cette gestion, qui pourraient éventuellement enrichir votre carrière politique ?

• Je vais être honnête avec vous. Je n’y ai pas tiré de leçon politique. Parce qu’il y avait du tout. Du bon et du moins bon. Lorsqu’on était un peu exalté par le bon, on était aussitôt déçu par le moins bon.

Je ne vais pas critiquer des gens, mais eux-mêmes ils le savent ! Pendant des réunions ici, si je n’avais pas usé de tact, des responsables de partis allaient se rentrer dedans ! De par leurs attitudes, il y en avait qui ne méritaient pas de diriger un parti.

Je dirais donc que j’ai accompli la mission qui m’a été confiée, mais je ne pense pas avoir tiré de leçons pour mon expérience politique.

Après le congrès-déchirure de 1996, ce qui restait de la CNPP/PSD a été avalé, en même temps qu’une dizaine d’autres partis, par l’ODP/MT pour former le CDP. Presque dix ans après, la greffe a-t-elle pris ?

• Mais vous n’avez pas la mémoire courte, vous. Effectivement en 96, il y a eu une douzaine de partis politiques qui, au vu de leur idéologie commune, à savoir la social-démocratie, ont décidé de laisser tomber leurs individualités et de se fondre en un seul parti, qui est le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP).

Maintenant vous me demandez si les choses se passent comme, par exemple, moi Pierre Tapsoba, ancien président de la CNPP/PSD, l’aurais souhaité ? A vrai dire non ! C’est en deça de nos attentes. Il y en a qui disent « c’est nous qui avons absorbé untel », donc il doit marcher au pas ».

Mais nous, CNPP de l’époque, ne considérions pas que quelqu’un nous absorbe ! Nous ne considérions pas que nous absorbions quelqu’un non plus !

Nous considérions que nous avions librement, chacun de son côté, arrangé une rencontre de fusion. Dans ces conditions, toutes les histoires qui se sont passées par la suite, comme l’expression « mouvanciers de la 25e heure » nous étonne toujours.

Justement, on entend souvent dire que les militants CDP de pure souche insupportent ceux de la 25e heure comme vous, surtout quand ils prennent de plus en plus de galons dans l’appareil du parti et de l’Assemblée. L’avez-vous ressenti ?

• Je n’aime pas quand vous dites « militants CDP pure souche ». Je préférerais l’expression « militants CDP de souche ODP ». C’est différent. Effectivement, il y a qu’aussi bien au niveau central, périphérique que régional, les rapports sont souvent difficiles.

Je ne vous le cache pas : nous, les anciens de la CNPP/PSD, nous nous considérons souvent comme marginalisés. Je vous donne un exemple : je suis le secrétaire aux Relations extérieures du CDP. Mais il arrive que des décisions concernant les relations extérieures soient prises par-dessus mon dos ! Sans que je sois associé.

Je vais vous donner un autre exemple : au dernier congrès, il y a un de la CNPP/PSD qui a été nommé secrétaire général. Mais jusqu’à présent, il ne joue pas son rôle de secrétaire général ! Il n’est associé à aucune décision importante !

Au point que nous nous demandons si on n’a pas considéré que, de par le poids que représentait la CNPP/PSD, on devait mettre des gens à des postes de premier rang tout en leur soutirant, en dessous, les responsabilités qu’ils devaient assumer.

Nous passons notre temps à relever tous ces cas de comportements, qui sont contraires à l’éthique comportementale dans tout parti qui se respecte.

Mais comme je le disais, je considère que ça perdure ! Même au niveau du partage de hautes responsabilités. Par le passé, j’ai été ministre pendant des années, mais un ministre sans portefeuille !

Après on m’a mis à la Santé. Et vous savez ce que c’est que la Santé ! C’est un ministère à problèmes ! Après mon départ, c’était un autre de la CNPP qu’on a appelé. De même que le ministère de l’Enseignement de base qui est un ministère à problèmes ! Celui qui était mon second à la CNPP a été appelé...

De quel ministre parlez-vous ?

• Vous savez bien qu’il s’agit de Matthieu R. Ouédraogo qui a été membre du bureau politique national de la CNPP. Une cabale a été montée contre lui et il a été vidé, à deux mois de l’élection présidentielle, comme s’il y avait une charge contre lui. Nous disons non !

C’est une cabale qui a été montée contre lui. Tout le monde a reconnu que tous les reproches de malversations contre lui ne tiennent pas debout. Donc dans le quotidien, effectivement il y a des comportements que nous déplorons ; et nous, anciens de la CNPP, bien entendu, nous les relevons, nous les dénonçons, mais nous voyons qu’il n’y a pas de changement.

Si vous vous plaignez tant, pourquoi vous restez dans le CDP alors ?

• De toutes les façons, nous disons que nous sommes au CDP, non pas pour des individus, mais pour une idéologie. Nous sommes au CDP parce qu’il y a pratiquement le vrai patron du CDP, qui est le président Blaise Compaoré et que ce dernier n’est pas comme ces autres qui sont là et qui briment leurs semblables. Le président Compaoré, lui, est honnête !

Lorsqu’il est au courant des choses qui se passent et quand on lui dit, il réagit immédiatement ! Je répète donc que nous sommes au CDP pour le président Blaise Compaoré, et non pour ces individus qui ne nous aiment pas. Et nous ne sommes pas là pour les gêner, parce que tous ensemble, nous défendons le même idéal derrière le programme du président Blaise Compaoré.

A vous écouter, on sent dans vos propos une déception et on a comme l’impression que vous regrettez de vous être marié au CDP ! L’idée ne vous vient-elle pas souvent de retourner à la case départ ?

• Vous savez, nous ne sommes pas des gens qui se larmoient en regrets. A partir d’une certaine maturité d’âge et en politique, il ne faut jamais regretter. Il faut seulement reconnaître que ce qui a été fait comporte des épreuves, mais qu’il faut surmonter ces épreuves-là.

Nous ne regrettons pas parce que nous pensons que dans ce pays, il n’y a que les sacrifices que les individus acceptent de consentir qui nous permettront d’arriver à une union qui peut nous sauver. Il y a quelque chose que j’aime dire : ce que les gens ne savent pas est que je suis le coordonnateur de la Mouvance, mais je n’aime pas la Mouvance.

Je suis contre le principe même de la Mouvance. Parce que vraiment si tous ceux qui le disent être pour le président Blaise Compaoré l’aimaient, ils savent que le président Compaoré a un parti, pourquoi n’iraient-ils pas renforcer son parti qui est le CDP. Ou à la rigueur, créer un contrepoids. Si les 27 partis de la Mouvance actuelle fusionnaient pour créer un seul parti, ça ferait un vrai contrepoids ! Et le président Blaise Compaoré disposerait alors de deux forces qu’il peut opposer chaque fois qu’il veut obtenir une stabilité.

Mais quelque part, n’avez-vous pas aussi participé à l’émiettement, ou même à la disparition des partis de l’opposition. Vous avez été tout de même le premier à lancer le mot d’ordre en vous fusionnant au méga parti !

• Non, je n’ai lancé aucun mot d’ordre. Je n’étais pas un autocrate. Le parti avait des structures qui prenaient des décisions, après consultation de qui pouvait être consulté. Cette fusion n’a été le point de départ du manque de force de l’opposition. Je dis non !

Lorsque la CNPP décidait d’aller avec l’ODP/MT, il y avait déjà le RDA, le PAI, le PDP/PS. Moi je pense qu’il faut plutôt dire que nous, nous avions donné le bon exemple. Si à l’image des socio-démocrates, les libéraux s’étaient retrouvés au sein du RDA, les gauchistes autour du PAI ou du PDP/PS, nous aurions aujourd’hui trois blocs et là, nous allions avoir trois forces au lieu de cette myriade de partis.

Encore un dernier mot pour clore cet entretien ?

• Je vous remercie d’avoir pensé rencontrer ma modeste personne. Cela fait un bout de temps, je ne dirais pas que je me cache, mais je me tenais en réserve des flashs de médias. Je crois que la dernière interview que j’ai donnée date de 2000. Mais de par le poste que j’ai occupé à l’AMP, je conçois que vous ayez trouvé un intérêt à me rencontrer.

Entretien réalisé par Issa K. Barry
L’Observateur

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 1er décembre 2005 à 09:58, par Sabari San En réponse à : > Pierre Tapsoba, coordonnateur de l’AMP : « Je n’aime pas la Mouvance présidentielle »

    Ca c’est une bonne interview. Du type rarisime dans la presse burkinabé. Félicitations au journaliste, qui maîtrisait son sujet et à l’interviewé qui, malgré sa douleur, arrive à transmettre sa part de vérité. Ravissant !

    • Le 1er décembre 2005 à 18:24 En réponse à : > Pierre Tapsoba, coordonnateur de l’AMP : « Je n’aime pas la Mouvance présidentielle »

      Il convient de noter le courage politique de Monsieur Pierre TABSOBA qui ne fait pas dans la dentelle pour dénoncer les infidélités des amis politiques.
      La morale doit et surtout exister en politique. Et toute sa gamme d’exigences.
      Ce sont les vicissitudes des unions politiques.
      Bon courage pour la suite...
      Observateur de la vie politique au Burkina

      • Le 1er décembre 2005 à 20:40 En réponse à : > Pierre Tapsoba, coordonnateur de l’AMP : « Je n’aime pas la Mouvance présidentielle »

        Avant de finir l’article, je me disais que ce devait un journaliste de l’Obs. Bingo. C’est une tres belle interview. Si l’Observateur Paalga acceptait de publier les monstruosites que Pierre Tapsoba avait sorti a propos de Blaise quand il etait a la CNPP, vous serez edifie de quel genre d’individu est ce Pierre Tapsoba. Pret a bouffer la vomissure pourvu qu’il se fasse remarquer, il reve de poste de Minsitre encore. Il parle de ridicule qui tue pour certains candidats a la presidentielle. Cela etait, lui ses os se seraient detaches.

        • Le 2 décembre 2005 à 14:50 En réponse à : > Pierre Tapsoba, coordonnateur de l’AMP : « Je n’aime pas la Mouvance présidentielle »

          Non ! On ne peut pas dire qu’on a « mangé et laissé » qui que ce soit ! Chacun a eu la part qui lui revenait. Maintenant s’il s’agit de la part réservée à l’AMP, bien sûr que les chefs de partis diront toujours qu’ils en attendaient plus !
          Parole de mecreant politique.

          • Le 2 décembre 2005 à 15:53, par Bernard N. En réponse à : > Pierre Tapsoba, coordonnateur de l’AMP : « Je n’aime pas la Mouvance présidentielle »

            Okay, je vois que les réactions sur ce forum volent très haut (!)... J’avoue admirer le courage d’individu comme vous autres, qui se réfugient derrière la protection et l’anonymat que ce forum permet pour incendier nos politiques. C’est lâche et un peu trop facile comme méthode. Même si l’on n’est pas de son bord, reconnaissons que le courage en politique c’est prendre le risque de s’exprimer ouvertement comme l’a fait Monsieur Tapsoba...

            ludotaps@hotmail.com

  • Le 1er décembre 2005 à 12:39, par Nogo En réponse à : > Pierre Tapsoba, coordonnateur de l’AMP : « Je n’aime pas la Mouvance présidentielle »

    J’ai pas lu tout l’interview mais déjà il y a une expression avec laquelle je ne suis pas confortable du tout c’est cette "démocratie petit-nègre" dont le journaliste fait cas. Cela dénote d’un mépris mal placé vis à vis des Noirs et entérine l’idée qu’ils sont incapable de toute démocratie. Or il y a quand même des pays africains qui connaissent des alternances démocratiques : Mali, sénégal, Bénin,Bostwana, Kenya, ... Cette expression placée dans la bouche d’un Blanc aurait crée un scandale. C’est bien vrai que bcp d’africains vont à l’Ecole pour apprendre à se mépriser eux même mais, cela doit changer car quand on considère comme fatale une situation on ne peut pas la changer. Donc cher Barry, faites jouer votre imagination dans le bon sens.

  • Le 1er décembre 2005 à 15:38, par Sandjié En réponse à : > Pierre Tapsoba, coordonnateur de l’AMP : « Je n’aime pas la Mouvance présidentielle »

    Félicitations au journaliste interviewer pour la qualité et la pertinence de ses questions mais carton rouge foncé pour l’interviewé qui passe son temps à pleurnicher sur son sort et celui de ses amis tout en appelant Blaise Compaoré au secours afin de les sortir des griffes et des tortures que leur font subir les "CDP de première heure". Il minimise trop, à mon avis, son rôle (lui, ses amis et leurs semblables) dans le retard pris par notre pays dans sa marche vers la démocratie. Qu’il se lamente, c’est son problème et il mérite amplement sa situation pour avoir été l’un des tout premier fossoyeurs de l’opposition burkinabé mais, on est encore plus écoeuré par son toupet à vouloir se poser en conseiller politique pour une avancée de la démocratie au Burkina. Un Burkina Faso en panne morale et spirituelle et caractérisé par l’alignement « moutonesque » et sans vergogne, derrière les « grands » du moment, de nombreux hommes politiques ; dans un pays où les populations dans leur grande majorité payent durement le prix de la compromission des intellectuels opportunistes de service, des opposants de circonstance, des politiciens véreux. C’est là une des caractéristiques de certains membres de notre élite politique qui jouent souvent un rôle de courroie de transmission et d’acteurs conscients de l’exploitation féroce dont est l’objet nos braves populations. Il n’est pas exagéré de dire qu’une bonne partie de l’élite et des intellectuels burkinabé, au sommet de la classe politique dirigeante actuelle, se situe dans ce créneau. Cette catégorie d’intellectuels a vu son nombre croître de manière exponentielle, ces dernières années, au point ou beaucoup de citoyens se demandent s’il y a encore des intellectuels burkinabé crédibles et sur lesquels ils peuvent porter leurs espoirs. Pierre Tapsoba est l’un des symboles vivants de cette catégorie de burkinabé et l’un de ceux qui ont contribué à créer la confusion et la léthargie politiques qui caractérisent notre pays actuellement.

  • Le 1er décembre 2005 à 16:42, par Un Burkinabe En réponse à : > Pierre Tapsoba, coordonnateur de l’AMP : « Je n’aime pas la Mouvance présidentielle »

    Voilà des gens qui faisant la honte de l’intellectuel, le politique, l’homme burkinabe tout court qui continuent de faire descendre le peuple dans la boue rien que pour leurs ventres.
    On voit bien que Pierre TAPSOBA, YAO Marc et autres sont en train de créer une des PLEUREURS qui vont menacer de se suicider si Blaise ne se présente pas en 2015 après son ‘2nd’ mandat tout comme certains l’ont fait pour Eyadema que les Pierre sont les premiers à décrier.

  • Le 1er décembre 2005 à 18:32 En réponse à : > Pierre Tapsoba, coordonnateur de l’AMP : « Je n’aime pas la Mouvance présidentielle »

    Félicitations pour le journaliste. Merci aussi à Monsieur Tapsoba pour avoir accepté aller jusqu’au bout de ses pensées. On doit au moins lui reconnaître ce courage, courage de dire que tout n’est pas normal au CDP comme on pourrait le croire. C’est la preuve aussi que le parti admet la contestation en son sein. Cependant, Mr Tapsoba n’est pas à plaindre, et au contraire j’allais dire tant pis pour eux les voyageurs !Et il n’est pas mieux que ceux de l’AMP qu’il tente de salir... Eux tous, c’est la politique du ventre et c’est un peu honteux pour nos intellectuels. Je ne le crois pas quand il parle d’idéologie, c’est le ventre qui dirige tout. De toutes les façons, gardons patience et nous pourrons revenir sur la longévité de l’AMP, si c’est l’idéologie qui les réunit, elle devrait avoir longue vie. C’est faut, si les dirigeants de l’AMP disent qu’ils n’attendent pas de récompense mais je souhaite que le Président mette l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, car il est le président de tous les burkinabè et qu’ils chasse loin de lui ces gloutons fossoyeurs de la démocratie du pays.

  • Le 1er décembre 2005 à 19:17 En réponse à : > Pierre Tapsoba, coordonnateur de l’AMP : « Je n’aime pas la Mouvance présidentielle »

    • « De toutes les façons, nous disons que nous sommes au CDP, non pas pour des individus, mais pour une idéologie...

    ... Je répète donc que nous sommes au CDP pour le président Blaise Compaoré... »

    Contre-sens plus que parfait !

    • Le 2 décembre 2005 à 11:11, par Ludovic En réponse à : > Pierre Tapsoba, coordonnateur de l’AMP : « Je n’aime pas la Mouvance présidentielle »

      Pardon, contresens vous dites ? Pierre Tapsoba défend la même idéologie que Blaise Compaoré et, s’il se trouve qu’il estime que c’est la seule personne au CDP qui puisse la porter, la défendre et la faire vivre, je vois pas en quoi il serait antinomique d’être pour une idéologie (en l’occurrence, ici la social-démocratie si j’ai bien compris) et pour la personne la mieux à même de l’incarner. Toute idéologie est portée par un Homme (ou un groupe d’homme) qui a vocation à fédérer le maximum de personnes autour d’un projet commun. Cette action est fort louable si elle s’inscrit dans un cadre démocratique et évite, bien évidemment, le piège du culte de la personnalité. En France vous pouvez être socialiste et défendre la ligne Fabius plutôt que celle de Hollande, ou être à l’UMP et préférer Villepin à Sarko... Certes, démocratiquement le BF n’est pas encore au niveau (!) de la France ou du Royaume-Uni mais notre pays n’est quand même pas Cuba ou la Corée du Nord...

      Pour revenir à l’entretien, comme beaucoup d’entre nous, je la trouve d’une excellente facture et, pour cela, il convient de féliciter le journaliste et surtout l’interviewé qui accepte d’aller au bout de ses pensées, sans retenues, et je doute qu’il se fasse de nouveaux amis dans son camp ou qu’il garde le peu d’amis hors CNPP qui l’a. Je vois, dans les propos de Pierre Tapsoba, plus du dépit, plus d’amertume et de frustration qu’autre chose. Il y a aussi eu de sa part, probablement un peu de maladresse, lié autant à son peu de maîtrise de cet exercice politique qu’est l’interview, qu’à l’habileté du journaliste.
      Alors quand je lis, sur ce forum, les termes de "fossoyeur de l’opposition...", de "malhonnêteté intellectuelle..." ou de "politique du ventre..." (surtout de la part de personnes suffisamment courageuses pour laisser leur nom), à lui adressés, je pense que l’on sombre dans la bassesse, l’ignominie et le mensonge, toutes choses qui ne glorifient ni notre débat politique national, ni les "vaillants" auteurs de ces propos.

      Les faits, rien que les faits, venons en aux faits. Certes, la CNPP était la première force politique de l’opposition mais l’opposition n’était pas que la CNPP. Il y avait également l’ADF, le RDA, le GDR, le GDP, le RSI, l’UDR et j’en passe, et j’en oublie. Le talent politique de Compaoré a consisté à briser les liens et la fragile union qu’il y avait entre partis politiques d’abord, ensuite, ceux exisants au sein de l’exécutif de chaque parti. Celà s’appelle faire de la politique tout simplement.
      Deux personnes ont contribué à liquider la CNPP. D’abord Anatole Tiendredeogo (s’en souvient-on encore ?), ancien leader du parti, s’est retrouvé comme par enchantement ministre puis sécrétaire général adjoint de l’OUA après avoir tracté une partie des CNPPistes de l’époque vers l’ODP, laissant exangue la CNPP. Ensuite et surtout, en pleine première législature, Môssieur Ki-Zerbo (et autres) vint lui donner le coup de grâce en quittant la CNPP, le parti qui lui a permi de se refaire une santé et une audience politique, pour créer le PDP. Il ne restait plus à Alfred Kaboré qu’à organiser la fusion entre les deux principaux partis de l’époque. En dehors de la CNPP de Pierre Tapsoba, Marc Yao, Boly et autres, se sont retrouvés pour former le CDP les Alain Yoda, Ludovic Tou et autre Emile Kaboré. Si vous appelez celà de la solidarité, de la morale et de l’honnêteté politique alors pourquoi pas appeler un loup un agneau, une carpe un requin ou décider que astérix s’appellera désormais lucky luke pendant qu’on y est...

      Pour finir, la politique c’est de l’ambition, de la passion, du courage, le sens des responsabilités et des sacrifices immenses. Faire de la politique uniquement pour s’opposer, cela n’a pas de sens. Où alors ça s’appelle de l’extrémisme ou de l’intégrisme. On ne naît pas dans l’opposition avec l’ambition d’en demeurer, on n’est pas opposant par vocation, par plaisir ou pour faire le beau. Aujourd’hui on est dans l’opposition parce que le parti d’en face ne défend pas la même ligne politique et le même projet de société que nous et si demain les deux lignes convergent, où est l’utilité de s’opposer si ce n’est pour des problèmes d’individus et d’ego surdimensionnés.

      Le bien-être et l’avenir du Burkina d’aujourd’hui et de demain, nous demandent, non exigent, que nous fils et filles du Faso sachions taire nos querelles personnelles, déplacées, individuelles et individualistes pour former le socle de la croissance économique, solidaire et humaine. Aujourd’hui Ariel Sharon et Shimon Peres, d’anciens ennemis notoires, arrivent à s’unir pour garantir le processus de paix en Israël ; la CDU et le SDP forment une coalition en Allemagne pour sortir le pays de sa plus grave crise économique depuis la deuxième guerre mondiale. Regardons le monde en face, faisons preuve de pragmatisme et de réalisme. Pendant que nous continuons nos querelles vaines et puériles, les autres avancent.

      ludotaps@hotmail.com, pour faire vivre le débat !

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique