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Droits des femmes au Burkina : Des féministes soulignent la nécessité de remettre en cause « les traditions prétextes »

Publié le vendredi 25 mars 2022 à 22h55min

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Droits des femmes au Burkina : Des féministes soulignent la nécessité de remettre en cause « les traditions prétextes »

EducommunicAfrik a lancé officiellement les activités de son programme, African Youth Talk (la parole aux jeunes africains), le jeudi 24 mars 2022 à Ouagadougou. Pour ce premier numéro, la thématique abordée est « Féminisme en Afrique : simple effet de mode ou nécessité ? ».

Bénédicte Bailou et Minata Coulibaly, toutes deux féministes et actrices de la société civile ont été les deux panélistes invitées à cette rencontre. Elles ont expliqué le sens de leur combat. De leur point de vue, le féminisme n’est pas une idéologie qui prône la guerre des sexes. C’est plutôt une lutte pour ramener la femme dans sa position en tant que composante de la société. Elle doit être prise en compte dans les différentes décisions.

A partir du moment où une femme est discriminée, elle a l’obligation de prendre la parole pour revendiquer ses droits. Les panélistes ont contextualisé les luttes féministes en Afrique. Par exemple une femme occidentale a la possibilité de posséder des terres, mais dans certaines coutumes en Afrique ce n’est pas le cas. A ceux qui taxent cette doctrine d’être importée, elles n’ont pas manqué de rappeler que les religions et la démocratie viennent d’ailleurs.

Les participants ont posé des questions et donné leurs lectures sur la thématique

Aussi, peu importe le contexte géographique, les femmes continuent de subir le dictat du patriarcat. Au cours des discutions, certains jeunes ont soulevé la question des us et coutumes. Ils ont demandé aux invitées si le féminisme ne va pas faire disparaître les traditions africaines. Elles ont répondu en soulignant qu’il faut remettre en cause certains dogmes coutumiers et religieux. Il est nécessaire de garder le positif et jeter le négatif.

Bénédicte Bailou et Minata Coulibaly se sont justifiées en remettant en cause « les traditions prétextes ». C’est-à-dire des traditions créées par des hommes pour être privilégiés. Selon Bénédicte Bailou, « les privilégiés ont peur de perdre leurs avantages ». Ils ont donc intérêt à ce que les femmes soient divisées sur la question du féminisme. Pour elles, les femmes doivent éviter d’entrer dans ce piège et s’unir afin que la lutte aboutisse. Minata Coulibaly a signifié que personne ne viendra faire le bonheur de la femme à sa place. Elle doit s’assumer pour améliorer son statut dans la société. « Il faut être des activistes convaincues », a-t-elle martelé. Aussi, les femmes doivent éduquer leurs garçons à changer de comportement.

A gauche, Minata Coulibaly, une actrice de la société civile, au milieu le modérateur et à droite, Bénédicte Bailou, la présidente de l’organisation féministe Femin-in

Les féministes 2.0

Pour se faire entendre, les deux panélistes ont trouvé une formule. Elles sont très actives sur les réseaux sociaux. On les appelle les féministes "2.O". Elles ont expliqué qu’Internet est un moyen pour susciter le débat de façon exponentielle. Cela permet de libéraliser la parole et d’apprendre aux internautes le véritable sens de leur lutte. Mais cette approche n’est pas sans conséquences comme l’a rappelé Bénédicte Bailou. « Le bien-être des activistes devient difficile. On est victime de harcèlement en ligne ou dans la vie courante », s’est-elle exprimée. Cependant, elle a évoqué le fait que dans l’histoire de l’humanité, les révolutionnaires ont toujours été mis à rude épreuve.

Bénédicte Bailou a confié que des hommes ont adhéré à son organisation

La presse a été interpelée lors de ce panel. « L’année dernière, des femmes ont été victimes de viol au sein du parc Bangr Wéogo. La façon de traiter l’information n’était pas bonne. On a minimisé l’aspect psychologique des victimes. Cela peut conduire à la culture du viol. Les médias reflètent la société, ils n’abordent pas assez de sujets en rapport avec les droits des femmes », a regretté Bénédicte Bailou. Elle a invité les journalistes à se former davantage au traitement de ce type d’informations et d’aller vers les organisations locales qui luttent pour l’émancipation des femmes.

Wemankèwara Zonou a affirmé que d’autres sujets seront débattus dans le programme African Youth Talk

Bénédicte Bailou et Minata Coulibaly ont signalé que le mouvement féministe est également contre les violences à l’égard des hommes. Selon le président du comité d’organisation d’African Youth Talk et chargé de communication d’ EducommunicAfrik, Wemankèwara Zonou, le féminisme est d’actualité. Les débats autour de cette doctrine engendrent beaucoup de passion, surtout chez les jeunes. C’est pourquoi, il était de bon ton d’inviter des activistes féministes afin de confronter les idées. « Ce thème suscite beaucoup d’interactions. Les jeunes se posent des questions sur ce sujet. Nous avons voulu être les intermédiaires pour confronter les idées. Cela avec des expertes et un modérateur », a-t-il notifié.

African Youth Talk est un cadre d’échanges et de débats entre les jeunes africains et des leaders issus des différentes sphères de la société. C’est un projet de l’ONG EducommunicAfrik qui fait de la promotion de l’éducation aux médias et à l’information son cheval de bataille.

Samirah Bationo
Lefaso.net

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