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Burkina : Des journalistes à l’école des personnes handicapées psychosociales

Publié le vendredi 25 mars 2022 à 12h00min

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Burkina : Des journalistes à l’école des personnes handicapées psychosociales

Les résultats d’une étude sur les personnes handicapées psychosociales et intellectuelles errant dans les villes de Yako et Ouahigouya ont été présentés à la presse, ce jeudi 24 mars 2022, au cours d’un atelier d’information. La cérémonie a été placée sous la présidence de la directrice de la prévention et du contrôle des maladies non transmissibles, Dr Marie Emmanuelle Zouré.

Au Burkina Faso, l’enquête nationale sur les troubles mentaux réalisée en 2015 montre que 41% de la population générale âgée de 18 ans et plus a souffert d’au moins un trouble mental à un moment de leur vie. La région du Nord regorge d’un nombre important de malades. Malgré les efforts fournis par les acteurs du domaine, la prise en charge de la santé des malades mentaux demeure préoccupante. Ils sont victimes de stigmatisation et de discrédits de la part de la communauté. Selon l’OMS, plus de 40% des Etats membres n’ont pas de politique claire en matière de santé mentale et plus de 30% n’ont pas de programme national de santé mentale.

C’est dans ce contexte que le Laboratoire société, mobilité et environnement de l’université Joseph Ki-Zerbo et CBM-Burkina Faso ont muri l’idée de questionner cette pathologie. Dans cette perspective, le directeur pays de CBM Burkina Faso, Ousseni Badini, a signifié qu’une étude de perception des populations sur la maladie a été réalisée à Yako et Ouahigouya, villes abritant le plus grand nombre de patients et cela dans le cadre du projet seconde chance. Ce projet est exécuté en partenariat avec l’Association sauvons le reste (SAULER) dans la région du Nord depuis bientôt six ans.

Le directeur pays de CBM au Burkina Faso s’est réjoui de la tenue du présent atelier

L’étude sur la maladie mentale a été menée par une équipe de chercheurs composée de Pr Augustin Palé, Dr Alexis Clotaire Bassolé et de Dr Abdoulaye Sawadogo. Les hommes de médias occupent une place importante dans la société. Pour pouvoir donc sensibiliser, informer et éduquer la population sur des sujets pertinents comme cette pathologie, il est important que ces derniers aient la bonne information. C’est ce qui a justifié l’organisation de cet atelier. Environ une dizaine de journalistes venus d’organes différents y ont pris part. Selon Dr Sawadogo, enseignant au département de sociologie de l’université Joseph Ki-Zerbo, l’objectif de cette étude était d’une part de cerner les perceptions de la population sur la santé mentale et d’autre part, d’analyser les liens sociaux qui existent entre les personnes vivant avec un handicap psychosocial et intellectuel et leurs milieux d’origine.

Sur le plan méthodologique, l’équipe de recherche a mis le focus sur une démarche participative et interactive pour récolter les informations nécessaires. La collecte s’est déroulée en avril 2021. Au titre des résultats, il ressort que le spécialiste a un regard diversifié sur la maladie mentale par rapport au profane. Pendant que le profane pense que la maladie mentale est due aux interdits et aux mauvais sorts, le spécialiste, lui, soutient qu’elle peut survenir suite à une dépression au travail, la consommation de stupéfiants, la solitude, le surmenage, la perte sociale et économique(…).

Dr Abdoulaye Sawadogo a décliné quelques conclusions de l’étude

Quels sont les rapports du malade avec son milieu de vie ? Dans son milieu de vie, il n’est pas considéré comme une personne à part entière. Le deuxième élément, c’est qu’il faut prendre soin surtout des besoins vitaux nécessaires de cet individu qui devient une personne encombrante. Enfin, dans le milieu de vie, la personne avec qui il était proche devient un intrus, constate l’équipe de recherche sur le terrain.

Une telle étude a rencontré des difficultés. Ces difficultés sont liées au climat de méfiance et de rejet qui existe autour de la maladie mentale ; le refus de certaines structures (municipale et administrative) d’accorder une interview ; la peur de certains parents d’être identifiés. Au niveau des structures de prise en charge, l’équipe de chercheurs a relevé la faible mobilisation sociale autour de la question, l’insuffisance des ressources humaines, de ressources financières et infrastructurelles ainsi que le manque de kits d’urgence dans les centres de santé.

Les participants ont pris une part active aux échanges

A l’issue de l’étude, des recommandations pertinentes ont été formulées dont les plus importantes sont : accorder une place importante à la maladie mentale dans la politique sanitaire nationale ; travailler pour une accessibilité de la maladie mentale au même titre que les autres maladies ; avoir une bonne hygiène de vie responsable et rigoureuse pour l’ensemble des dimensions de la vie et accompagner les structures (ONG, association) qui militent dans le domaine. Au sortir de cet atelier d’information, le directeur pays de CBM-Burkina Faso s’est dit satisfait de la participation des journalistes aux échanges. « Cela fait la énième fois que nous, nous rencontrions pour parler de la santé mentale et nous sommes entièrement satisfaits de cette collaboration », a-t-il dit.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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