« La paix est un don de Dieu et le fruit de l’effort des hommes », nous enseigne le cardinal Philippe Ouédraogo. Selon les explications de Mgr Alexandre Bazié, évêque auxiliaire du diocèse de Koudougou et président du groupe de travail Initiative paix au Sahel, le Sahel ouest-africain est en proie à une instabilité sociopolitique et humanitaire due notamment à la recrudescence des actes terroristes. Cette situation, dit-il, a considérablement affaibli les Etats et a entraîné, entre autres, une fragilisation de la cohésion sociale et un important mouvement de populations des zones occupées par les groupes armés vers d’autres localités jugées moins dangereuses.

Gérard Zongo, point focal de l’Eglise catholique de l’Initiative paix au Sahel (droite) et Patrick Williams, gestionnaire régional de programme paix au Sahel (gauche)

« Face à cela, les Conférences régionales des évêques d’Afrique de l’ouest (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Mali et Niger) et Catholic relief services (CRS) ont lancé l’Initiative paix au Sahel (SPI), en novembre 2019, afin d’apporter leur contribution à la lutte contre l’extrémisme violent. A cet effet, les évêques de la Conférence épiscopale Burkina-Niger (CEB-N) ont organisé (du 29 novembre au 3 décembre 2021) un forum sous le thème « Défis sécuritaires au Burkina Faso et au Niger : quelle pastorale pour l’Eglise-Famille de Dieu ? », a rappelé Mgr Bazié

A l’issue de ce Forum, des recommandations très importantes ont été adoptées et constituent désormais, selon le vœu des pères évêques, la matière première de la mise en œuvre du SPI au niveau de la CEB-N. Au total, quinze de ces 20 recommandations sont adressées à l’Eglise elle-même et les cinq autres adressées à l’Etat burkinabè. A titre illustratif, la recommandation n°6 est formulée comme suit : « Organiser des rencontres des commissions épiscopales pour affiner les stratégies d’action capables de relever les défis liés au contexte sécuritaire actuel ».

Si la mise en œuvre des recommandations incombe à toutes les commissions épiscopales, celles chargées de la pastorale sociale qui sont, du reste, membres du groupe de travail (SPI) du Burkina, sont particulièrement concernées au regard de leurs domaines d’interventions. De ce fait, affirme Phillippa Sackett, représentante résidente de CRS au Burkina, « cet atelier a pour vocation de permettre, d’une part, d’identifier les recommandations qui peuvent être mises en œuvre dans l’Initiative paix au sahel, et d’autre part, de faciliter la synergie d’actions entre les commissions épiscopales en vue d’une planification stratégique et opérationnelle de sa contribution efficace à la promotion de la paix au niveau national et international ».

Séance d’échange des partenaires

Un sentiment de satisfecit existe chez les différents participants dans l’ensemble. Ainsi, pour Gérard Zongo, point focal de l’Eglise catholique de SPI, le bilan de ce séminaire est plus que satisfaisant. « Nous faisons une appréciation très positive de cet atelier dans la mesure où les acteurs, en quatre jours, ont pu faire un croisement entre les recommandations issues du forum des évêques et l’initiative du SPI. Aussi, avons-nous pu dégager quatre axes d’interventions, formuler quatre objectifs stratégiques et proposer des actions et des activités pour l’opérationnalisation du SPI », dit-il. Même son de cloche chez Patrick Williams, gestionnaire régional de programme paix au Sahel.

Les conclusions des travaux

Parmi les axes et les objectifs stratégiques retenus, il y a la promotion de la résilience en renforçant les capacités de résilience des personnes vulnérables à travers l’assistance socioéconomique, humanitaire, psychosocial au retour et la création d’emploi. Ensuite, l’éducation à la paix et à la cohésion sociale. Ici, il s’agit de construire des communautés de paix et de cohésion par la communication, l’éducation, le dialogue inter-religieux et la pastorale des migrants. Troisièmement, l’amélioration de la gouvernance. Il s’agit d’améliorer la coordination des initiatives de paix de l’Eglise famille de Dieu au Burkina et enfin accroître la mobilisation des ressources internes et externes en lien avec les capacités de structures existantes.

En rappel, Ouagadougou abritera l’atelier régional des groupes de travail des cellules de SPI du 28 au 30 juin 2022.

Dofinitta Augustin Khan
Lefaso.net