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Burkina Faso : Un groupe de chercheurs passe à la loupe les obstacles au leadership féminin

Publié le vendredi 18 mars 2022 à 17h17min

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Burkina Faso : Un groupe de chercheurs passe à la loupe les obstacles au leadership féminin

Dans le cadre du programme de la coopération suédoise intitulé "le Burkina Faso vu par le bas", un groupe de chercheurs burkinabè et suédois, a produit une étude sur "le leadership féminin et la décentralisation au Burkina Faso". Après la restitution de ladite étude en début 2020, les chercheurs ont publié en 2021, un ouvrage scientifique titré "Femmes de devant ! Combat du leadership féminin au Burkina Faso”. Cet écrit analyse les conditions et contextes qui conditionnent la participation des filles et des femmes dans les sphères de décision. Ce 18 mars 2022, un atelier de présentation suivi d’un débat a été organisé autour de cet ouvrage avec des femmes de divers horizons.

L’ouvrage "Femmes de devant !", Combat du leadership féminin au Burkina Faso, est le fruit de la recherche de huit chercheurs burkinabè et suédois, issus de l’Institut des sciences des sociétés (INSS) du Centre national de la recherche scientifique et technologique de Ouagadougou (CNRST) et du Forum for Africa Studies de l’université d’Uppsala en Suède. Leurs travaux ont intéressé 14 communes du pays et ont permis de relever que plusieurs obstacles freinent le leadership des femmes et leur participation à la vie publique et politique. Car si on constate une forte implication des femmes dans la vie politique et publique, force est de constater que leur représentativité dans les sphères de décision reste encore faible.

Sten Hagberg, professeur à l’université d’Uppsala en Suède

L’étude explique cette situation par le fait que les femmes sont très souvent mises de côté ou mal positionnées quand vient l’heure d’établir les listes électorales et sont aussi marginalisées quand elles arrivent à se faire élire. Pour celles qui arrivent à se hisser au-devant de la scène, le regard que porte la société sur elles est de nature à décourager les autres femmes à s’engager. Elles sont très souvent traitées de "femmes légères", de "femmes garçons" et victimes de menaces, de violences domestiques ou sexuelles, souligne un des chercheurs Sten Hagberg, professeur à l’université d’Uppsala. Ces femmes leaders sont souvent idéalisées par leurs pairs et vues comme celles qui doivent toujours être disponibles pour les autres, être irréprochables et pouvoir répondre à leurs sollicitations souvent financières.

Les femmes leaders dans leurs communautés, arrivent souvent en politique soit par conviction personnelle, quelquefois par placement ou en tant que leaders d’associations. Certaines d’entre elles, une fois au sein des partis politiques, se heurtent à la monopolisation des postes par les hommes et sont obligées de se contenter souvent des restes. Elles sont aussi mal positionnées sur les listes électorales, si bien que leurs chances d’être élues sont très minimes.

Ludovic Kibora, directeur de l’INSS, membre du groupe de chercheurs

A l’issue de cette analyse, les chercheurs ont identifié des moteurs de changement qui peuvent être actionnés en vue de favoriser une meilleure participation des femmes dans le débat public. Il s’agit de la révision de la loi sur le quota genre. Selon Ludovic Kibora, directeur de l’INSS, malgré le fait que la loi exige au moins 30% pour les femmes, les partis politiques trouvent toujours le moyen de contourner la loi parce qu’il n’existe pas de mesures dissuasives. "Il est bon que dans des contextes comme la transition, à partir du moment où les partis politiques sont en hibernation, on puisse tirer leçon de ce qui a été mis en œuvre par le passé et essayer de transformer les choses, pour qu’au sortir de la transition lorsqu’on va aller vers des élections démocratiques, on puisse mettre en œuvre certaines choses qui n’ont pas pu être faites de par le passé", appuie-t-il.

Le groupe de chercheurs recommande aussi d’apporter des appuis aux femmes pour des activités génératrices de revenus pour leur autonomisation financière ainsi qu’une offre de qualité en matière d’enseignement et de formation aux femmes et aux filles pour renforcer leur leadership. Invite est également faite à l’application de la tolérance zéro aux auteurs des normes et pratiques dominantes telles que les violences, les propos sexistes, les dénigrements et la masculinité toxique.

Suzanne Allden, chef de coopération et chargée d’affaires à l’ambassade de Suède

Suzanne Allden, chef de coopération et chargée d’affaires à l’ambassade de Suède, salue la qualité de l’ouvrage produit par les chercheurs. Elle dit espérer que les échanges qui seront menés autour du livre, aboutissent à une plus grande mobilisation pour la représentation, la participation et l’influence des femmes dans les sphères de prise de décision au Burkina Faso.

Armelle Ouédraogo/Yaméogo
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