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Dori : La suspension des activités du Tribunal de grande instance inquiète les défenseurs des droits humains

Publié le dimanche 13 mars 2022 à 22h50min

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Dori : La suspension des activités du Tribunal de grande instance inquiète les défenseurs des droits humains

Les organisations œuvrant dans le domaine des droits humains dans la région du Sahel ont animé une conférence de presse, le 11 mars 2022 à Dori, pour déplorer la suspension des activités du Tribunal de grande instance de Dori. Selon le porte-parole de ces organisations, Abdoulaye Hoeffi Dicko, cet arrêt d’activités ne fait que compliquer la situation des pauvres populations qui ont déjà la vie assez difficile à cause de l’insécurité.

Les initiateurs de cette rencontre avec les journalistes sont le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) section Séno, l’association TARTIT, le Centre d’information et de documentation citoyenne (CIDOC), l’association Jeunesse pour le développement du Sahel, le Centre pour la gouvernance au Sahel, etc.

Selon Abdoulaye Hoeffi Dicko, le porte-parole des organisations, c’est après une assemblée générale tenue le 17 janvier 2022 que les agents du Tribunal de grande instance (TGI) de Dori ont décidé de la suspension de leurs activités, et la décision a été appliquée à partir du 24 janvier 2022. C’est donc avec amertume que les usagers ont constaté l’arrêt de travail au tribunal.

Le 3 mars dernier, un courrier du procureur informait le gouverneur du Sahel de la suspension des activités au TGI de Dori. Le lendemain 4 mars, un communiqué du même procureur informait la population de Dori, de la possibilité de se faire établir certains documents, notamment le casier judiciaire, à la Cour d’appel de Ouaga 2000.
L’insécurité qui règne dans la région du Sahel a été le motif évoqué pour justifier la suspension des activités. Pourtant, font remarquer les organisations de défense des droits humains, les services publics continuent de fonctionner à Dori, le chef-lieu de la région. Elles assurent aussi que la sécurité des agents du TGI de Dori est assurée par une unité spéciale venue de Ouagadougou.

Les conférenciers ajoutent même qu’il est fréquent de croiser à Dori des fonctionnaires qui se rendent à leur poste de travail hors de la ville. Devant ces faits, les organisations félicitent les travailleurs et leur rappellent les propos du président du Faso qui demande aux Burkinabè de vaincre la peur et de faire preuve de patriotisme face à l’hydre terroriste, car l’édification de la nation demande bien des sacrifices.

Après avoir constaté cette cessation d’activités au TGI de Dori, les structures se sont réunies pour proposer des solutions. Des rencontres ont été organisées avec la Maison d’arrêt et de correction de Dori, les services de sécurité, les autorités administratives et les services techniques en charge des droits humains, etc. En plus de ces démarches, une lettre a été adressée au ministre de la Justice avec ampliation aux différents services administratifs de la région et au Conseil supérieur de la magistrature.

Cette conférence de presse, selon le porte-parole Abdoulaye Hoeffi Dicko, a donc été organisée pour interpeller les agents du TGI de Dori et surtout le pouvoir en place qui est le débiteur des droits de l’homme. « Nous ne condamnons pas les agents du Tribunal de grande instance de Dori. Mais nous pensons que ce problème d’insécurité est généralisé et qu’une solution globale doit être trouvée. Arrêter les activités du service ne fait que compliquer la situation des pauvres populations qui ont déjà la vie assez difficile à cause de cette même insécurité », clame le porte-parole des organisations.

Il va plus loin : « Imaginez un peu le calvaire d’un brave paysan de Markoye ou de Mansila qui devra se rendre à plus de 300 km pour juste un casier judiciaire. Imaginez la désolation des parents d’élèves qui n’ont pas pu établir des papiers pour que leurs enfants puissent passer le concours du Prytanée militaire de Kadiogo ». Il rappelle que le Tribunal de grande instance de Dori couvre trois provinces de la région du Sahel : le Séno, le Yagha et l’Oudalan. L’arrêt des activités du TGI de Dori vient s’ajouter à la fermeture depuis belle lurette du tribunal de Djibo, qui a été délocalisé à Ouaga 2000.

Abdoulaye Hoeffi Dicko affirme qu’une région affectée par l’extrémisme violent et qui se retrouve sans services de justice deviendra une véritable zone de non-droit avec toutes les dérives y afférentes, si rien n’est fait dans l’urgence. Pour lui, le Tribunal de grande instance de Dori doit être un symbole de résilience et un espoir pour les populations du Sahel qui aspirent à retrouver la paix et la quiétude d’antan.

Daoula Bagnon
Correspondant Dori

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