A cause de la pandémie du covid-19, le secteur du e-commerce a le vent en poupe au Burkina Faso. Conscientes de son importance et du potentiel que représente le e-commerce, de nombreuses sociétés et des particuliers se sont lancés dans le domaine de la livraison. Livraison de repas, de dossiers, d’articles, de produits pharmaceutiques ou cosmétiques, règlement de factures, courses au supermarché… Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui offrent ce type de services.

Logée dans le quartier Patte d’oie de Ouagadougou, la société "Allô livreur" fait figure de proue dans le secteur de la livraison au Burkina Faso. Lancée, il y a quelques années, Allô livreur est maintenant bien installée et emploie une vingtaine de personnes. « L’idée est venue d’un groupe d’amis et de proches. Autrefois, on avait pour habitude de se faire livrer quand nous étions à l’extérieur du Burkina. Donc on s’est dit qu’il serait bien de se lancer pour essayer de satisfaire la population, vu que c’est un secteur qui n’est pas très connu et développé au Burkina », confie, Cyr Omer Lagou, directeur général de Allô livreur. D’après lui, il ne fait aucun doute que ce secteur se fera une place dans le quotidien des Burkinabè.

Une autre application dénommée Okalm, a aussi réussi à tirer son épingle du jeu en proposant, via une application mobile, une diversité de services tels que la commande de repas, la vente de fleurs, de vêtements, de livres, la réservation de taxi, etc.

Lagou Cyr Omer, directeur général de Allô Livreur

Un environnement peu adapté

Mais si les envies des clients sont désormais à portée de clics, reste que les défis sont immenses. En effet, les paiements en ligne via les comptes bancaires ou PayPal, entre autres, ne sont pas encore entrés dans les habitudes des Burkinabè, dont la grande majorité n’est pas bancarisée, obligeant les acteurs du domaine à se reposer sur le mobile money.

En outre le faible accès à Internet, limitant l’essor du e-commerce, pèse également sur le développement de ces services de livraisons. De plus et contre toute attente, du fait de la jeunesse de la population, les patrons d’entreprises de livraison déplorent un manque de disponibilité de main d’œuvre. « Quand on parle de livraison, on parle de livreurs. Et de nos jours ce n’est pas facile avec la jeunesse. Il y a un problème de disponibilité de main d’œuvre car la plupart sont des étudiants et quand au moins cinq d’entre eux te disent qu’ils ont des devoirs à composer c’est compliqué », explique M. Lagou.

Le succès enregistré par le commerce électronique au Burkina Faso est indéniable, en démontre l’indice du e-commerce vendeur-consommateur de la Conférence des nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) qui classe le Burkina 139e pays sur 152 en 2020 contre 142e en 2019. Ainsi même si la notoriété du e-commerce n’est plus à prouver à travers le monde et au Burkina Faso, le secteur de la livraison lui a encore du pain sur la planche avant de se faire une place privilégiée au pays des hommes intègres.

Nado Ariane Paré
Lefaso.net