LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Mesure de restrictions des réjouissances au Burkina : A Ouagadougou, maquis et boîtes de nuit se plient à la décision

Publié le dimanche 13 mars 2022 à 22h35min

PARTAGER :                          
Mesure de restrictions des réjouissances au Burkina : A Ouagadougou, maquis et boîtes de nuit se plient à la décision

Le président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), Paul-Henri Sandaogo Damiba, a, dans un communiqué du 2 février 2022, pris la décision de restreindre après minuit du lundi au jeudi, et après 2h du matin du vendredi au dimanche, les réjouissances populaires et événements à caractère festif. Une décision qui est motivée par le contexte sécuritaire et par la solidarité avec les victimes de l’insécurité. Nous avons fait le tour de quelques maquis et clubs de Ouagadougou, pour constater le respect de la mesure.

Du quartier Tampouy à Gounghin en passant par Pissy, les boîtes de nuit visitées se sont pliées à cette décision du MPSR. A Tampouy, dans l’arrondissement n°3 de Ouagadougou, les night clubs que nous avons visités étaient en mode silence à l’heure indiquée. Il était 23h30 quand nous arrivions, le mardi 22 février 2022, à la « Turquoise », cette boîte de nuit située à quelques mètres du rond-point de la jeunesse, au pied de l’échangeur du Nord. Il y avait du monde et aussi de la discipline vis-à-vis de la mesure.

En compagnie ou en solitaire, chaque client sirotait sa boisson préférée, le tout au rythme d’une sonorité musicale percutante qui rivalisait avec celle des deux autres maquis à proximité.

Des clients du maquis « Turquoise »

A l’intérieur de l’établissement, la lumière a pris le dessus sur les ombres de la nuit ; l’ambiance est festive. Les serveuses, habillées pour la plupart en tenue légères, font des va-et-vient pour servir les clients. A 00h02 à notre montre, le Disc-jockey (DJ) arrête la musique sans autre forme de procès. Le silence s’installe, personne ne s’y oppose. Nous questionnons notre voisin qui avait le visage plongé dans son téléphone : Pourquoi a-t-il arrêté brusquement la musique ? « C’est le nouveau président-là qui a dit de ne plus jouer la musique après minuit. Ils ont dit que c’est à cause du terrorisme », a-t-il rétorqué, ajoutant que c’est une bonne décision prise par le MPSR.

Le DJ que nous avons voulu entendre à ce sujet, nous a tout de go « refilé » au gérant du maquis, Moussa Ouédraogo. Ce dernier nous donne rendez-vous le lendemain pour les échanges, expliquant qu’il est chargé.
Après ce maquis, direction le quartier Gounghin. Là, nous faisons escale au maquis « Number One ». Il était minuit et demi, et le débit de boisson s’était vidé de ses clients. Les gérants qui rangeaient les chaises, nous ont indiqué que le maquis ferme ses portes chaque jour à minuit. Nous prenons congés d’eux, pendant qu’ils nettoyaient la piste de danse.

Le « Number One » se vide de son monde à partir de minuit.

A Pissy, à la sortie sud de Ouagadougou, il y a deux grandes boîtes de nuit collées comme des sœurs siamoises. Ce sont le « Haut niveau » et le « Royaume des stars ». Dans ces lieux de réjouissance, pas de musique. A la place, un match de football en rediffusion retenait l’attention de quelques clients.

L’autre discipline du vendredi

Du vendredi au dimanche, selon la mesure du MPSR, les réjouissances sont autorisées jusqu’à 2h du matin. Le vendredi 24 février, nous sommes repartis sur le terrain pour faire le constat. Cette fois-ci, notre excursion a concerné la zone de Tampouy, plus précisément le maquis « Turquoise » et la boîte de nuit « Galaxie ». Comme il fallait s’y attendre, ces temples de défoulement étaient surpeuplés, la bière et les autres boissons coulaient à flots. Nous marquons une première escale à « Galaxie ».

Le « Haut Niveau » à Pissy sous silence après minuit.

C’est l’une des boîtes de nuit les plus huppées de ce quartier. Ici, il est impossible d’entendre la musique du dehors. Avant d’accéder à l’intérieur, il faut d’abord se plier au contrôle d’un vigile armé. A minuit moins le quart, on se croirait à une soirée clandestine. « On ferme la boîte à 2h », nous informe une serveuse, précisant que la musique sera coupée à 00h30. « C’est à cause du couvre-feu là », lance-t-elle sèchement avant de s’éclipser. A 1h30, nous quittons la boîte pour une autre à quelque 300 mètres : la « Turquoise », qui ferme à 5h du matin.

Mais déjà aux environs de 2h, le lieu commence à se vider de son monde. Les quelques clients encore présents écoutent des chansons en vogue. A 2h, c’est le DJ lui-même qui a averti les clients avant d’arrêter la musique. « Il est bientôt 2h, nous allons arrêter la musique », a-t-il lancé avant de couper le son, deux minutes plus tard. « Forgeron » et « Major VIP », deux autres lieux de réjouissance à côté, sont aussi en mode silence au même moment. Tout porte à croire que la cause est entendue et les gens y adhèrent volontairement.

Dans la boîte de nuit « Galaxie », il y avait de la discipline ce vendredi.

« Je ne sais pas pourquoi ils ont dit d’arrêter à ces heures »

Si la plupart des responsables de boîtes de nuit respectent la mesure en connaissance de cause, ce n’est pas le cas du gérant de la « Turquoise ». Moussa Ouédraogo est responsable de cette boîte. Il a l’habitude d’arrêter la musique aux heures indiquées, sans vraiment savoir pourquoi. « Sincèrement, je ne sais pas pourquoi ils ont dit d’arrêter à ces heures », nous a-t-il répondu lorsque nous lui avons demandé s’il connaissait la motivation de la décision. Personne ne m’a expliqué », a-t-il poursuivi. « Si c’est vraiment à cause de l’insécurité, nous sommes d’accord. On prie pour un retour de la paix dans ce pays. A Ouahigouya, à côté ici, il y a des coins où on ne peut plus ambiancer », relève Moussa Ouédraogo.

Le gérant de maquis Turquoise, Moussa Ouédraogo, salue la décision du MPSR.

Toutefois, il reconnaît que cette situation impacte négativement son chiffre d’affaires. A l’entendre, les clients désertent les lieux dès que la musique est arrêtée. « Mais comme c’est pour une bonne cause, indique-t-il, il faut respecter la mesure ».
Un client rencontré dans le même maquis adhère aussi à la décision. Pour lui, la sécurité est au sommet de tout. Et personne ne doit s’opposer à toutes les décisions qui seront prises pour améliorer la situation.

Serge Ika Ki (stagiaire)
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 11 mars 2022 à 16:09, par ollo En réponse à : Mesure de restrictions des réjouissances au Burkina : A Ouagadougou, maquis et boîtes de nuit se plient à la décision

    C’est très bien que les maquis respectent déjà la discipline. Pour que cela dure, il faut que toutes les parties la respectent. On ne peut pas exiger une discipline à A et laisser B en toute impunité. Après les maquis, il faut regarder rapidement du côté des véhicules poids lourds qui continuent de circuler aux heures indues et à l’occupation anarchique des voies par les automobilistes au vu et au su de tout le monde. Si on applique la gouvernance DIESEL à la citée, l’anarchie totale sera au rendez-vous d’ici trois mois.

  • Le 11 mars 2022 à 19:28, par L’éducateur En réponse à : Mesure de restrictions des réjouissances au Burkina : A Ouagadougou, maquis et boîtes de nuit se plient à la décision

    Le problème, ce ne sont pas ces fameuses boîtes de nuit que vous citez. Ce sont ces maquis installés au milieu des concessions des quartiers d’habitation. Trop de nuisances sonores et autres désagréments pour les voisins. Monsieur le journaliste, faites le même tour à Dapoya, Koulba, Larle, Nemnin, etc. Rues obstruées parce-que transformées en parkings pour moto et voitures, etc. Défilé de prostituées appelées pudiquement "serveuses", etc. Quelle éducation et quel pays voulons-nous donner à nos enfants ?

  • Le 11 mars 2022 à 21:41, par Sonni ALIBER En réponse à : Mesure de restrictions des réjouissances au Burkina : A Ouagadougou, maquis et boîtes de nuit se plient à la décision

    Cette décision est très très BIEN 👍,un pays sans règle du jeu est un pays où règne l’anarchie et c’était le cas au Burkina Faso 🇧🇫 /Aucune loi n’est respectée, et chacun se croit plus malin que les autres /voilà comment vive les burkinabé

  • Le 11 mars 2022 à 22:52, par Oeil En réponse à : Mesure de restrictions des réjouissances au Burkina : A Ouagadougou, maquis et boîtes de nuit se plient à la décision

    Et pourtant dans la zone de tudweogo, il y a un maquis nommé petit Ouaga qui ne respecte rien des principes depuis des années. Implanté en plein cœur des habitations entre la zone dite non lotie et la partie lotie. C’est un vrai calvaire. Même à 700 mètre, c’est le calvaire pour les habitants et particulièrement les enfants. En plus le maquis abrite des chambres closes. Souvent il faut attendre r heures du matin pour avoir le petit sommeil. Que dire de l’éducation de nos enfants.

  • Le 12 mars 2022 à 09:52, par Adams En réponse à : Mesure de restrictions des réjouissances au Burkina : A Ouagadougou, maquis et boîtes de nuit se plient à la décision

    Monsieur le journaliste, félicitations pour votre article, bien qu’il ne reflète pas du tout la réalité. Faites un tour dans les vieux quartiers d’habitation Kologh naba, Dapoya, Samandin, Koulba, Ouidi, etc. Vous y verrez des maquis implantés au milieu des concessions, perturbant en permanence la quiétude des voisinages. Ouaga est la seule ville au monde où l’on vit de telles situations. Faites un tour à Kolog naba par exemple, des groupes de promotion culturelle et de produits barrent les routes, dressent des podiums au milieu des maisons d’habitation et font un tapage infernal (musique à fond, animations de DJ, etc.) surtout les week-ends. Impossible de se reposer. Impossible d’identifier les responsables de cette merde. La semaine dernière, j’ai essayé en vain d’identifier les responsables pour leur dire deux mots. En vain. Et pourtant, il y a un commissariat de police juste à côté.

  • Le 12 mars 2022 à 16:56, par Minnèm(La Rosée) En réponse à : Mesure de restrictions des réjouissances au Burkina : A Ouagadougou, maquis et boîtes de nuit se plient à la décision

    Il est Bien de vouloir mettre de l’ordre dans ce Secteur Bien que contributeur des recettes fiscales. La depravation des moeurs est une réalité dans Notre pays. Je salue l’intiative des nouveaux maîtres de Ouagadougou. A Mon humble Avis ces mésures doivent viser Djibo et Dori et c’est là qu’une verification de la mise en execution des mésures doivent se faire. C’est mésures servent de distraction et de baromètre pour les maîtres incontestés et incontestables.
    Par ailleurs, de vraies mésures si celles-ci visent le bien-être socio-économique et sécuritaire, devraient constituer à une augmentation du prix des boissons alcoolisées, une contravention Lourde et progressive du non respect des normes sonores, des mésures disciplinaires aux fonctionnaires absentéistes, retardataires, et corrompus, etc. Soignons rigoureux envers nous même dans nos interventions pour être plus constructif. Oeuvrons ensemble pour un retour de la Paix et la Prospérité sur toute l’étendue du territoire nationale.

    Cordialement,
    M. 

  • Le 12 mars 2022 à 18:02, par #soyonsvigilant_l’imposture En réponse à : Mesure de restrictions des réjouissances au Burkina : A Ouagadougou, maquis et boîtes de nuit se plient à la décision

    Ce que je constate c’est que le peuple joue sa partition mais le MPSR navigue à vue comme soum le sapeur quand il quitte sa morgue.

  • Le 12 mars 2022 à 22:17, par Saam En réponse à : Mesure de restrictions des réjouissances au Burkina : A Ouagadougou, maquis et boîtes de nuit se plient à la décision

    Depuis 6 jrs sur le terrain sportif de somgande, une brasserie fait une animation et c’est la galère pour le voisinage. Musique a gogo à casser les tympans jusqu’à minuit et 2h pour les 3 jrs. Sinon avant la mesure c’était jusqu’à pas d’heure. Et dire que ce sont encore des jeunes qui y participent et sont incités à y acheter les boissons à prix promotionnel. Et ces animations sont fréquentes. Triste !

  • Le 13 mars 2022 à 18:19, par Floda En réponse à : Mesure de restrictions des réjouissances au Burkina : A Ouagadougou, maquis et boîtes de nuit se plient à la décision

    La maison Blanche qui est à Kalgondin (ex Queen)ne respecte pas la mesure.Que ce soit les jours ordinaires ou le week-end.Par exemple le samedi 12 Mars 2022, c’est-à-dire hier la musique était à fond jusqu’à 5 h 30.Vivement que les FDS veillent au respect de la mesure sinon ça devient de la concurrence déloyale entre les boîtes qui respectent la mesure et celle qui s’en fichent éperdument

  • Le 14 mars 2022 à 08:00, par Henri En réponse à : Mesure de restrictions des réjouissances au Burkina : A Ouagadougou, maquis et boîtes de nuit se plient à la décision

    bonjour je vous félicite pour votre article. je pense pour les nuisances sonores il faut qu’on s’assume. on ne peut pas chercher son argent et indisposé les autres. regarder ouaga aujourdhui avec le nombre de bars et boites de nuit du n’importe quoi il faut mettre de l’ordre. avec des milliers de déplacés internes et des FDS pour notre sécurité qui tombent tous les jours et on trouve des gens qui font la fête tard dans la nuit, non c’est au burkina qu’on voit ça et il faut que ça s’arrête. faites aussi un tour à saaba, nioko I, des quartiers jadis paisibles est aujourdhui difficile à vivre. une certaine boite de nuit boulevard des stars au bord du goudron non loin d’un établissement pourri la nuit. à 200 m la nuit dans ta chambre tu entends la musique impossible de fermer l’oeil. or une boite de nuit si tu n’es pas à l’intérieur de l’extérieur tu n’entends rien.

  • Le 14 mars 2022 à 09:10, par INTEGRITE En réponse à : Mesure de restrictions des réjouissances au Burkina : A Ouagadougou, maquis et boîtes de nuit se plient à la décision

    Vraiment, bien dit Minnèm(La Rosée),
    En effet, si ce n’ est au Burkina, je ne sais pas dans quel autre pays il est toléré des maquis et buvettes tous les six mètres.....
    le tapage et’ l occupation des voies autorisés.
    Maisons closes autorisées en pleine zone d’ habitation, attroupement illicite la nuit tombée, prostitution à ciel ouvert en pleine zonne d’habitation et surtout non loin d’ une caserne très importante en plein centre ville.....
    Malgré les plaintes aux anciennes autorités.....
    s il vous plais, messiers les responsable de la gendarmerie, faites quelque chose......

  • Le 14 mars 2022 à 09:32, par grand En réponse à : Mesure de restrictions des réjouissances au Burkina : A Ouagadougou, maquis et boîtes de nuit se plient à la décision

    pour marquer notre solidarité avec les déplacés internes, il faut travailler à leur retour point final.

  • Le 14 mars 2022 à 10:33, par TOERE En réponse à : Mesure de restrictions des réjouissances au Burkina : A Ouagadougou, maquis et boîtes de nuit se plient à la décision

    Merci Monsieur le journaliste d’avoir soulevé ce problème et nos encouragements au nouveau ministre de l’administration territoriale et de la Sécurité, le Colonel Major BATIONO.
    OUAGADOUGOU et Bobo sont effectivement devenues des villes de désordre généralisé et de dépravation des mœurs de toute nature . OUAGAGA est pire que certaines villes de l’Afrique Centrale comme KINSHASHA,YAOUNDE et autres villes de cette zone ,en termes de nombre de débits de boissons et d’Avenues de la prostitution au KM2 . Quand vous regardez ce qui se passe dans les quartiers comme DAPOYA ,NEMNIN ,PASPANGA, KOULOUBA ,c’est grave le désordre qui y règne . Et on va attendre tranquillement ,qu’un grand drame se produise un jour, genre explosion d’un camion citerne rempli de carburant ,avec plus de cent morts comme cela s’est produit à LAGOS au NIGERIA il y a une vingtaine d’années ,pour commencer à vouloir mettre de l’ordre . Si le maire Simon COMPAORE a au moins eu le mérite d’avoir essayé de combattre l’anarchie à OUAGA ,ses successeurs n’ont rien fait de bon sur ce côté . Et principe, avec cette période de transition, c’est vraiment l’occasion de mettre de l’ordre dans notre BURKINA FASO notamment dans les deux grandes villes . C’est l’occasion aussi, d’engager une lutte acharnée contre l’incivisme à tous égards
    ( circulation, tapages nocturnes, occupation anarchique des voies empêchant le voisinage d’avoir accès à leur domicile etc) .
    Mais plus grave encore, les burkinabè ne semblent pas mesurer que le désordre ,la pagaille sont des vecteurs qui favorisent les actes terroristes et la circulation des terroristes pour commettre leurs crimes odieux

  • Le 14 mars 2022 à 10:53, par bobolais En réponse à : Mesure de restrictions des réjouissances au Burkina : A Ouagadougou, maquis et boîtes de nuit se plient à la décision

    Merci pour ce point sur le respect de cette mesure à Ouaga.
    Nous souhaitons que les journalistes de Bobo nous dise comment la mesure est suivi ?
    Merci

  • Le 14 mars 2022 à 19:54, par Jkoro En réponse à : Mesure de restrictions des réjouissances au Burkina : A Ouagadougou, maquis et boîtes de nuit se plient à la décision

    Chers tous,
    De quelles réjouissances s agit il ?dans un pays en guerre avec tous les jours des décès et deuils, certains trouvent le moyen de se réjouir........d il vous plaît, prenez des mesures pour interdire à tous ces inconscients de se ranger.....

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Plongez dans l’univers infini de Space Fortuna Casino