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Centre-ouest : Les contrôleurs du travail font immersion dans les maquis et bars de Koudougou

Publié le mercredi 9 mars 2022 à 12h12min

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Centre-ouest : Les contrôleurs du travail font immersion dans les maquis et bars de Koudougou

A Koudougou comme partout au Burkina Faso, les maquis, bars et boîtes de nuit poussent comme des champignons. Cependant, rares sont ceux qui prennent en compte les conditions de travail et de sécurité sociale de leurs employés. Pour y remédier, la direction régionale du travail et de la protection sociale du Centre-ouest, dans sa mission de contrôle et de veille à la bonne application du droit du travail, a initié durant la semaine du 22 au 25 février 2022, des visites de contrôle dans les maquis et bars de la ville de Koudougou pour faire le constat et sensibiliser les tenanciers sur la protection sociale des travailleurs, l’hygiène publique et les conditions générales de travail.

C’est autour de 20h, le mardi 22 février 2022, que l’équipe de l’inspection du travail, pilotée par le directeur régional du travail et de la protection sociale du Centre-ouest, Jude Ouédraogo, a débuté sa mission de contrôle. Selon le directeur, la mission première de cette inspection est de contrôler les entreprises afin de constater les conditions de travail au sein des structures qui relèvent de son ressort parce que les débits de boisson échappent à ce contrôle du fait de leur statut particulier.

C’est donc dans cette optique que la direction régionale en charge du travail a initié ces visites inopinées pour un échange avec les responsables de ces structures sur la protection sociale des travailleurs, l’hygiène publique et les conditions générales de travail. Durant quatre jours, la cible des agents de contrôle a concerné sept maquis de la ville de Koudougou (le Royaume des stars+, la Paillote +, le Repère, le Nid d’or, Champion’s League, Miami VIP).

l’équipe du contrôle en entretien avec Richard Dao, représentant de l’employeur du Royaume des stars et ses collègues

Un constat amer

Le Bar " Royaume des stars +" est la première structure à passer "sous le scanner" de l’équipe de contrôle. Composé de trois compartiments, notamment le maquis, la boîte de nuit et une cave à vin, ce complexe de près de 70 employés accueille les inspecteurs sous une ambiance de coutume. Sur les lieux, on pouvait voir les clients venus se divertir et étancher leur soif, avec en fond sonore de la musique qui pouvait s’entendre à près d’un kilomètre.

Un entretien avec le gérant, représentant le propriétaire, un autre avec les travailleurs, et enfin une visite du site composaient l’essentiel de cette inspection. Le scénario fut le même pour les six autres structures durant les différentes immersions. Après ces étapes, le constat fait est jugé amer dans la plupart des maquis. Aucune couverture sociale constatée, des conditions d’hygiène déplorables, et une insuffisance dans la couverture sécuritaire et sanitaire des employés.

l’équipe procédant à l’inspection des lieux pour apprécier l’hygiène et la sécurité

Toutes ces irrégularités laissent croire à un délaissement de ce secteur qui est pourtant un secteur comme tout autre. Aux dires du directeur régional chargé du travail, ces reproches pourraient être bénéfiques pour tous si elles étaient remplies. « Selon la loi, dès lors qu’on emploie un travailleur, l’employeur a huit jours pour déclarer celui-ci à la CNSS. Cette affiliation offre des avantages notamment en ce qui concerne la branche des risques professionnels relatifs aux accidents de travail et maladies professionnelles », explique Jude Ouédraogo.

Aussi, il évoque l’affiliation à l’OST qui permettra au travailleur de bénéficier de certains avantages dont les visites médicales. Pour lui, la santé publique ne concerne pas uniquement les travailleurs mais aussi les clients afin d’éviter certaines maladies comme l’hépatite.

l’équipe de Koudougou engagée pour la sécurité sociale de l’employé

Les gérants, conscients des irrégularités constatées par les inspecteurs, promettent une amélioration dans de brefs délais. « Nous apprécions positivement cette visite et nous allons prendre des mesures afin de corriger ces irrégularités avant la prochaine visite », promet Richard Dao, gérant du "Royaume des stars". Même discours pour les autres promoteurs des maquis et bars ayant reçu la visite.

Pour Dieudonné Yaméogo, promoteur du bar Miami VIP, c’est une appréciation positive qu’il fait concernant cette visite. Car dit-il, « cela y va de l’intérêt de tout le monde. Parce qu’un employé qui est épanoui et qui travaille bien c’est pour le bien de tous, mais lorsqu’il n’est pas dans de bonnes conditions personne ne gagne donc pour moi c’est une visite que nous apprécions positivement ».

Jude Ouédraogo, directeur régional du travail et de la protection sociale du Centre-ouest : « Ce sont des insuffisances, et nous les avons sensibilisés sur le bien-fondé de ces aspects ».

295 travailleurs non déclarés à la CNSS

A l’issue de la mission de contrôle, c’est un bilan plus ou moins satisfaisant selon le directeur régional Jude Ouédraogo car selon lui, il fallait cette mission. « Le constat est là et il est amer. Nous avons pu visiter 7 maquis et nous avons pu constater qu’il y a près de 295 travailleurs qui ne bénéficient pas de la protection sociale ». Aussi, il relève d’autres infractions marquantes qui ont été constatées.

Il s’agit entre autres de la non affiliation des travailleurs à l’Office de santé des travailleurs, les conditions d’hygiène déplorables, l’absence de règlement intérieur, le manque d’extincteurs pour certaines structures, le non-respect de la durée légale de travail, du repos hebdomadaire et du congé annuel. Cependant, il reconnaît que des points positifs sont à mettre à l’actif de certains maquis et bars. [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Prince Omar
Le Faso.net

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Vos commentaires

  • Le 9 mars 2022 à 12:21, par changeons En réponse à : Centre-ouest : Les contrôleurs du travail font immersion dans les maquis et bars de Koudougou

    Bonne initiative. Si les mêmes contrôles pouvaient être effectués dans certaines villes comme Ziniaré, des vies seront sauvées. Un désordre total qui atteste un laisser aller de la part de la commune et ses services techniques." Interpeller les tenanciers de maquis sur les irrégularités, c’est perdre l’électorat". tel est le slogan qui maintient le désordre dans le secteur de la commercialisation des boissons dans cette commune. Vivement que la délégation spéciale fasse bouger les choses.

  • Le 9 mars 2022 à 12:27, par Vérité En réponse à : Centre-ouest : Les contrôleurs du travail font immersion dans les maquis et bars de Koudougou

    A quand l incursion à l’est au nord et dans le Sahel. Les populations ne dorment plus là. Jusque là on ne voit pas la situation sécuritaire s’améliorer

  • Le 9 mars 2022 à 13:26, par kwiliga En réponse à : Centre-ouest : Les contrôleurs du travail font immersion dans les maquis et bars de Koudougou

    La CNSS paie mieux ses travailleurs que ceux dont on coupe le salaire pour les entretenir. Il faudra que le nouveau Gouvernement revoie la grille salariale et les avantages des travailleurs de la CNSS. Trop c’est trop.

  • Le 9 mars 2022 à 13:43, par Patrick En réponse à : Centre-ouest : Les contrôleurs du travail font immersion dans les maquis et bars de Koudougou

    Belle initiative. N’oubliez pas les entreprises qui ne respectent les conditions de travail prévues par la loi. (Heure, contrat...)

  • Le 9 mars 2022 à 15:40, par Eh bien oui En réponse à : Centre-ouest : Les contrôleurs du travail font immersion dans les maquis et bars de Koudougou

    Très belle initiative.
    Cependant il faut être aussi regardant au niveau des ouvriers des travaux publiques.
    Il n’est pas rare de constater sur les immeubles, des ouvriers dangereusement perchés sur des échafaudages de fortune, sans chaussures de sécurité, très souvent chaussés de sandalettes, sans casques , sans gants et ne parlons pas de ligne de vie.
    Cela est une négligence du contrôle de l’inspection du travail et des lois sociales sur les chantiers, lequel contrôle assidu aurait permis, en même temps, d’atténuer la question de l’absence de déclaration des ouvriers à la CNSS.
    En la matière, près de nous en Côte d’Ivoire, le contrôle est stricte et sans pitié , et contribue à l’enregistrement du grand nombre des travailleurs à la sécurité sociale. Pourquoi ne pas oser chez, nous messiers les contrôleurs ?

  • Le 9 mars 2022 à 17:42, par Réponse En réponse à : Centre-ouest : Les contrôleurs du travail font immersion dans les maquis et bars de Koudougou

    Vérité,ou est le lien entre le titre,et ton commentaire ?(Frustré du MPP):On parle de contrôle des travailleurs,et tu parles de la situation a l’est et au Sahel.Y’a des publications en lien avec ton commentaire,mais ce n’est pas ici.On appelle ça, de l’anachronisme,motivé par la haine,et la vengeance.Que Dieu nous pardonne

  • Le 9 mars 2022 à 19:55, par Floda En réponse à : Centre-ouest : Les contrôleurs du travail font immersion dans les maquis et bars de Koudougou

    Très belle initiative mais je crois que l’inspection manque de moyens et ne sévissent pas assez en cas d’irrégularités constatées.Personnellement je fréquente beaucoup la structure à Ouaga, mais ça fait 2 ans kils n’ont pas d’ascenseur alors que pour voir un inspecteur c’est soit au 4e ou 5 e étage.

  • Le 10 mars 2022 à 08:36, par Baboutchile En réponse à : Centre-ouest : Les contrôleurs du travail font immersion dans les maquis et bars de Koudougou

    Très belle initiative et vivement que ça continue à tous les niveaux.
    En réalité, ce sont ces mauvaises pratiques qui poussent les jeunes vers la fonction publique.Si le secteur sincèrement et sérieusement réglementé ( il ne suffit pas seulement d’avoir des lois mais de veiller à leur stricte application), la question de l’emploi aurait pris une autre tournure.
    J’ai personnellement un ami , étudiant de Master en droit à l’Université de Ouagadougou, qui parallèlement à ses études, travaille dans une entreprise de la place. Il m’a révélé que , bien qu’il travaille depuis 8 mois, il n’a pas été affilié à la CNSS, on parle même pas des autres avantages qu’il devrait bénéficier. Le plus choquant d’après lui, c’est qu’il a le choix entre continuer à travailler sans être affilié ou réclamer une affiliation et perdre son emploi qui lui permet à la limite de manger et de payer son loyer .
    Si les contrôleurs pouvaient réellement convaincre les chefs d’entreprises à prendre ces situations en compte,ce serait au grand bonheur de tous.

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