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Association « Mousso Ko » : La présidente Esther Ilboudo veut promouvoir l’épanouissement des filles

Publié le mardi 8 mars 2022 à 23h18min

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Association « Mousso Ko » : La présidente Esther Ilboudo veut promouvoir l’épanouissement des filles

A la tête de l’association « Mousso Kaann » en dioula, que l’on peut traduire par « voix des femmes », Esther Ilboudo veut briser les tabous et permettre une meilleure gestion de l’hygiène menstruelle de la jeune fille à travers des séances de sensibilisation et de formations sur la fabrication des serviettes hygiéniques lavables et réutilisables.

Mariée et mère attentionnée de deux enfants, Esther Sanou épouse Ilboudo à bien de cordes à son arc. Elle justifie de plusieurs années d’expériences dans le monde associatif comme l’Association burkinabè pour le bien-être familial, OXFAM ou encore Amnesty international. Juriste de formation, dame Ilboudo est également enseignante vacataire en droits de l’homme et des libertés publiques dans une université privée de la place.

Malgré son apparence d’une femme jouissant d’une bonne condition sociale, elle est portée par la simplicité. La trentenaire milite pour le retour de la gestion traditionnelle des menstrues. Elle a toujours nourri cette ambition de partager ses expériences acquises pendant de longues années avec les autres. Mme Ilboudo débute cette belle aventure par la création d’une association dénommée « Mousso Kaann » ou « voix de femmes », en 2020, dont elle est la présidente. Cette association mène plusieurs activités qui concourent à la promotion des droits de l’homme. L’une des activités phares, c’est la formation en fabrication de serviettes hygiéniques lavables et réutilisables à base de matériaux ordinaires. Sourire aux lèvres et visage chaleureux, elle raconte en quoi consiste son engagement social.

« Lors de mes formations, je mets l’accent sur le tissu en coton. Il est plus résistant (six mois) par rapport aux pagnes. Je suis une grande utilisatrice des serviettes hygiéniques. Je sais ce qui est meilleur pour une femme. Et ce sont les serviettes lavables et réutilisables ». Dame Ilboudo manie avec dextérité la confection de ces serviettes. « Pour la couture, on n’a pas besoin de grand-chose. Des tissus en coton, des aiguilles, des fils et un ciseau. Au niveau de la matière imperméable, si on a les moyens on peut utiliser celle qui est utilisée pour la production commerciale. Dans le cas contraire, on utilise un plastique pour qu’il n’y ait pas de fuite. La confection est faite à la main », explique-t-elle.

Ces serviettes apportent une garantie de zéro tâche. L’association « Mousso Kaann » oriente ses actions de formation et de sensibilisation vers les jeunes filles en particulier dans les établissements. A en croire Mme Ilboudo, ces serviettes sont faciles à entretenir. Il suffit de bien les laver avec du savon et de les faire sécher. « En ville comme dans le milieu rural, on porte une serviette le matin et, par manque de temps, on peut la conserver jusqu’au soir. Cela n’est pas conseillé. Quand on porte une serviette hygiénique lavable et réutilisable, il faut la remplacer après 5 heures de temps maximum. Cela permet d’éviter les odeurs qui ne sont pas très agréables », préconise la jeune dame.

Concernant la gestion d’une telle association, les difficultés ne manquent pas. Elles sont, entre autres, liées aux moyens financiers. Le fonctionnement de l’association est garanti par les cotisations des membres. Nonobstant ce poids qu’elle supporte difficilement, elle se dit fière de partager son savoir-faire avec les jeunes filles. Avec une dose de persévérance, l’association a pu outiller des élèves dans la région du Centre à Ouagadougou et dans les Hauts-Bassins, à Bobo-Dioulasso et à Toussiana. Désormais, ces jeunes filles savent comment concilier la période menstruelle avec les études, au grand bonheur de la formatrice.

En outre, une cellule de filles a été mise en place pour poursuivre les activités de sensibilisation sur la gestion hygiénique des menstrues. Pour arriver à bien mener ses activités, l’AMK a bénéficié de l’accompagnement de tierces personnes à travers des dons, que la présidente n’oublie pas de mentionner et de remercier. L’ambition à court et moyen termes, selon la présidente, c’est d’assurer un suivi des activités pour l’atteinte des objectifs qu’elles (les membres de l’association, Ndlr) se sont fixées, à savoir : toucher une grande partie des écolières et lycéennes en milieu rural. Outre les actions de formation et de sensibilisation, l’association veut aujourd’hui relever un autre défi : soutenir l’éducation en milieu rural.

Dans son plan d’actions, elle envisage aussi de faire la promotion des cantines scolaires. Cela va sans aucun doute contribuer à améliorer le taux de scolarisation des enfants quand on sait que certaines familles en milieu rural peinent à avoir les trois repas quotidiens. Mais pour l’instant, la dégradation de la situation sécuritaire constitue un obstacle majeur à l’exécution de ces projets. Tout en déplorant cette situation, Mme Ilboudo croit à un avenir radieux pour le Burkina Faso. L’association "Mousso Kaann" regroupe, aujourd’hui, trois types de membres que sont : les membres actifs (10), les sympathisants (une centaine) et les membres d’honneur (3).

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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