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8 mars 2022 : A la rencontre de Roseline Tiendrébéogo, une blanchisseuse passionnée de son métier

Publié le mardi 8 mars 2022 à 23h08min

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8 mars 2022 : A la rencontre de Roseline Tiendrébéogo, une blanchisseuse passionnée de son métier

La blanchisserie, c’est le métier qu’a choisi de pratiquer Roseline Tiendrébéogo. Installée à Rayongo, non loin du marché Laafi yaar, la blanchisseuse a dû travailler dur pour convaincre les clients de lui apporter des vêtements à repasser. Aujourd’hui, elle a su tirer son épingle du jeu et peut compter sur une clientèle fidèle.

Donner ses vêtements à repasser à une femme, voilà une idée qui ferait frémir certains. Pourtant, c’est dans ce métier, pratiqué généralement sous nos cieux par des hommes que Roseline Tiendrébéogo a décidé de se lancer. Alors que sa famille l’envoie apprendre la couture, c’est finalement la blanchisserie qui va capter son attention. Roseline explique qu’elle profitait chaque fois de l’absence de son patron pour donner un coup de main au blanchisseur voisin. C’est ainsi que naquit en elle l’amour de ce métier.

Finalement, elle décide d’assumer son choix et laisse tomber la couture. Une situation qui n’a pas été du goût de sa famille. Elle se fait embaucher par un monsieur qui venait d’ouvrir une blanchisserie. Mais l’affaire a du mal à prendre. Au bout de quelques mois, son employeur décide de mettre la clé sous le paillasson. Elle demande alors à reprendre à son compte la blanchisserie. Sans aucun capital, ni même un fer à repasser, elle utilisera le matériel de son ancien employeur. Ce dernier, au bout d’un mois, le lui réclame. Roseline se retrouve alors à la case départ.

Finalement c’est son frère aîné qui lui offre un fer à repasser. Mais encore faut-il convaincre les clients. Des mois passent et Roseline se retrouve avec des arriérés de loyer. Son bailleur lui demande de libérer le local qu’elle loue. Les factures impayées d’électricité s’accumulent. Roseline perd espoir et songe même à abandonner et à se lancer dans le travail d’aide-ménagère pour subvenir à ses besoins. « Dans ces moments-là, je me suis même dit que je ferai le ménage chez des particuliers pour pouvoir vivre, tellement c’était difficile. J’ai failli renoncer », se rappelle-t-elle.

Son frère et son conjoint proposent de l’aider à éponger ses dettes à condition de fermer sa blanchisserie et de pratiquer un autre métier. Mais une fois ces dette épongées, Roseline se sent à nouveau pousser des ailes et refuse d’abandonner son métier. Elle s’accroche et, petit à petit, son abnégation finit par payer. Roseline finit par convaincre tous ceux qui hésitaient à lui confier leurs vêtements. De bouche à oreille, elle se construit une petite réputation. Et désormais, la clientèle afflue. « Même mon mari qui au départ m’a demandé de laisser tomber parce que personne ne voudrait qu’une femme repasse ses vêtements est celui-là même qui me soutient le plus. Il n’hésite pas à me recommander à ses amis. Il lui arrive même de présenter ses chemises et pantalons repassés aux gens pour les convaincre que je fais du bon travail. Et franchement, maintenant ça va. Les clients me font confiance », confie-t-elle.

La blanchisserie nourrit son homme ou du moins « sa femme » …

Il arrive que Roseline soit débordée par la quantité de linge à laver et à repasser. Dans ces cas-là, elle fait appel à Joseph Nébié, un ancien étudiant. Il lui donne régulièrement un coup de main dans le repassage et se fait, en passant, un petit revenu. « Moi-même je trouve mon compte dans l’activité de Roseline. Lorsqu’elle a besoin d’aide, elle me fait appel et quand je finis, elle me paie », confie celui-là qui assure n’avoir jamais eu affaire à une femme qui a fait de la blanchisserie son métier.

La persévérance de la jeune dame a payé, au point qu’elle a acquis une machine à laver. En plus donc du repassage, Roseline lave le linge et a même intégré un service de collecte et de livraison de linge à domicile. Par jour, il lui arrive de faire un chiffre d’affaires de 5 000 FCFA ou plus, parfois moins. L’essentiel pour elle, c’est qu’elle arrive non seulement à payer ses factures, mais également à subvenir à ses besoins. « Grâce à mon travail, j’arrive à m’occuper de moi-même et à payer la scolarité de mon enfant. Je ne regrette pas mon choix, même si certaines personnes essaient de me décourager en me rappelant à tout moment que ce n’est pas un travail de femme et que la chaleur dégagée par le fer à repasser peut me causer des problèmes de santé », soutient-elle.

Aujourd’hui Roseline s’épanouit dans son travail et pour rien au monde, elle ne souhaite changer de métier.

Contact : 62392948

Justine Bonkoungou
Lefaso.net

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