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Promotion de la tolérance religieuse et du dialogue interreligieux : L’impératif d’une plus grande implication des femmes

Publié le samedi 5 mars 2022 à 12h21min

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Promotion de la tolérance religieuse et du dialogue interreligieux : L’impératif d’une plus grande implication des femmes

Cette déclaration de l’Association pour la tolérance religieuse et le dialogue interreligieux (ATR/DI) porte sur la contribution des femmes à la tolérance religieuse et au dialogue interreligieux. L’association plaide pour leur meilleure implication.

« Poser la nécessité d’une plus grande implication de la femme dans la tolérance religieuse et le dialogue interreligieux conduit à esquisser des réponses aux questions suivantes : qu’est-ce que la religion ? Quels sont les différents types de religion ? Quelle est la réalité des rapports de force au sein des institutions religieuses ? Enfin, quelle est la place de la femme au sein des religions et quelle contribution peut-elle apporter à la promotion de la tolérance religieuse et au dialogue interreligieux pour qu’ils soient davantage féconds.

Le mot religion serait issu du verbe latin religere (cueillir, rassembler) qui aurait été forgé par Cicéron, homme d’Etat romain et auteur latin. Une autre version relève qu’il est dérivé de religare (relier) et mettrait en relief la notion de lien, de lien social, de croyance. Cette version serait celle des chrétiens. Pour ce faire, le contenu du mot renvoie donc à un ensemble déterminé de croyances et de dogmes définissant le rapport de l’être humain avec le sacré. Le rapport est matérialisé par des pratiques et des rites spécifiques propres à chacune de ces croyances. La dernière dimension de la religion réside dans la relation diachronique ou verticale avec la divinité ou les divinités et la relation synchronique ou horizontale que les adeptes d’une même religion doivent entretenir les uns avec les autres.

Les institutions religieuses, des foires d’empoigne à l’image de la société

Pour atlasocio.com, « Les religions ou croyances regroupant le plus d’adhérents au monde sont le christianisme avec 2,4 milliards de fidèles, l’islam (2 milliards), l’hindouisme (1,16 milliard), l’irréligion (1,1 milliard), le bouddhisme (507 millions), l’animisme (430 millions), le sikhisme (27,7 millions) et le judaïsme (14,7 millions) ». Il y a deux remarques à faire : tandis que les religions traditionnelles pratiquées par certaines populations d’Afrique noire, d’Amérique, d’Asie et d’Océanie sont considérées comme de l’« animisme » (concept hautement péjoratif s’il en est !), le bouddhisme, l’hindouisme et le sikhisme sont reconnus comme des religions. Or, celles-ci, à bien des égards, sont similaires aux religions traditionnelles africaines (RTA) par exemple car elles n’ont ni livres saints, ni envoyés de Dieu mais des ancêtres élevés au rang de saints et spiritualisés. Il est juste alors de se demander en quoi elles sont différentes des RTA. Mais là n’est pas la question pour le moment.

Cela étant, la religion, à l’instar de toutes les institutions sociales à organisation hiérarchique ou fonctionnelle, est soumise aux lois de l’arène sociale qui est le lieu des empoignades motivées par des intérêts en termes de pouvoir religieux, social, économique, doctrinal ou idéologique. Dès lors, les conflits de générations, les choix doctrinaux, les alliances, l’interprétation des dogmes (écrits ou non), les enseignements des messies, des messagers, des personnages spiritualisés et de leurs compagnons sont, bien des fois, fortement mus par des intérêts aux antipodes de la foi. C’est donc une chose presque normale que les rapports de genre à l’intérieur des confessions soient marqués par cette constante.

Les livres saints et les traditions bien plus « féministes » qu’on ne le pense

Toutefois, il serait erroné d’affirmer que les religions font table rase de la femme. Il n’y a qu’à consulter les sources sacrées écrites ou orales des différentes religions pour s’en convaincre. Les grandes figures spirituelles, historiques et légendaires féminines sont légion. De plus, à part quelques hérésies doctrinales, les religions enseignent généralement que sur le plan spirituel la femme est la stricte égale de l’homme, qu’elle est également destinataire des messages divins livrés aux humains directement ou par l’intermédiaire des ancêtres.

L’âme de la femme et celle de l’homme sont d’égale valeur et d’égal intérêt pour Dieu ou ce qui est représenté comme tel. Mieux, certaines religions traditionnelles africaines placent le genre féminin immédiatement après Dieu lors des offrandes au pied de l’autel (et non le fétiche, mot très péjorativement connoté !) familial, lignager ou villageois. Ainsi, celui qui officie la cérémonie dit ceci : « Que Dieu tonnant et sa femme la Terre prennent l’eau… »

Nulle part, il ne semble annoncer que l’homme est supérieur à la femme du point de vue strictement religieux. Alors, pourquoi y a-t-il visiblement un hiatus entre le contenu des textes et leur mise en œuvre ? Des attitudes et opinions favorisant des rapports de dominant à dominée entre l’homme et la femme se sont construites et consolidées au fil des siècles et au gré des intérêts de ceux qui pouvaient en tirer le plus profit. Les causes sont essentiellement sociologiques et non religieuses.
Les capacités des femmes à renforcer la tolérance religieuse et à construire des passerelles entre les adeptes des différentes religions

Dans le judaïsme, le christianisme et l’islam, la notion d’âme d’égale valeur et d’intérêt pour Dieu est censée aller de pair avec une complémentarité sur le plan social où chacun a son rôle. Mais ce n’est pas tout : s’il y a égalité, cela est différent des similitudes en tous points. Des différences naturelles existent qui font que la femme n’est pas l’homme et vice-versa. Toutefois elles relèvent de la complémentarité : chacun.e remplit la moitié vide du verre de l’autre ; ce qui rend l’existence harmonieuse.
Dans cette logique, la femme peut apporter une contribution supplémentaire à la promotion de la tolérance religieuse et au renforcement du dialogue interreligieux aux plans familial, social et institutionnel en complément du travail déjà effectué par l’homme.

Ainsi, à l’échelle de la famille, le fait d’être la première personne à transmettre et à promouvoir, auprès de l’enfant, les valeurs cardinales de la société et, au besoin de le punir en cas d’inobservance, lui confère un pouvoir qui peut être mis à profit pour enseigner et faire accepter la tolérance et le dialogue en général et dans le domaine religieux en particulier. Si une mère dit à son enfant que tous les types de croyance méritent respect et considération et que le verset « Aimez votre prochain comme vous-même » ne sous-entend pas que son prochain est uniquement celui qui est de la même confession religieuse que lui, cela produira nécessairement un effet positif.

Au niveau social, les femmes gèrent une bonne partie des relations du foyer avec les autres familles avant, pendant et après les événements heureux (mariages, baptêmes, fêtes religieuses…) ou malheureux (obsèques, sinistres, doua, messes de requiem ou anniversaires…). Elles animent également des associations, participent à des tontines, fréquentent les marchés… Ce sont des occasions pendant lesquelles les valeurs sociales de tolérance religieuse et de dialogue interreligieux peuvent être promues.
La contribution attendue des hiérarchies religieuses et de l’Etat

Les deux (02) précédents aspects de la contribution des femmes dépendent d’elles-mêmes (avec l’accord, bien entendu, de leur mari) ; ce qui n’est pas le cas au plan institutionnel, religieux et étatique. Là, il urge que les hiérarchies religieuses, sans être en porte-à-faux avec les principes qui régissent le fonctionnement de leurs confessions, repensent la place et le rôle de la femme dans la promotion de la tolérance religieuse et du dialogue religieux.

C’est d’autant plus pertinent que l’égalité de valeur et de nature entre les deux sexes, mentionnée par les textes et traditions sacrés, constitue un stimulant pour la construction de l’Etat pluriconfessionnel et multi-ethnique burkinabè. En accordant de plus grandes possibilités à la femme, ces religions participeront plus efficacement à l’édification d’un Faso plus paisible dans lequel chacun peut dignement et librement exprimer et pratiquer sa foi.

A leur tour, les institutions de la République se doivent d’encourager plus énergiquement les hiérarchies religieuses et les organisations de la société civile actives dans le domaine spécifique de la contribution de la femme à travers l’accompagnement (au moins technique) des activités ou l’aval auprès de certains partenaires bilatéraux ou multilatéraux. La désignation de championnes dans la conduite des activités promouvant la tolérance religieuse et du dialogue interreligieux pourrait être également envisagée.

L’apport de la femme en la matière n’est donc plus une question à poser mais une exigence qui s’impose à tou.te.s pour l’émergence d’une société plus apaisée. »

Ouagadougou le 05 mars 2022

Pour le bureau national
La secrétaire aux Relations extérieures

Yéfalo BORO née BORO

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Vos commentaires

  • Le 5 mars 2022 à 13:45, par YI-Kemmde En réponse à : Promotion de la tolérance religieuse et du dialogue interreligieux : L’impératif d’une plus grande implication des femmes

    Un article très instructif qui met en lumière le role centrale des femmes dans la societé. Toutes les religions honorent la femme,mais la religion traditionelle encore plus et en matière de tolerence religieuse elle constitue le meilleur exemple.
    Bon vent à l’ATR / DI.

  • Le 5 mars 2022 à 14:05, par DOUGAN En réponse à : Promotion de la tolérance religieuse et du dialogue interreligieux : L’impératif d’une plus grande implication des femmes

    La tolérance réligieise existait dans notre pays jusqu’à quand principalement deux sous groupes ont utilisé cetteême tolérance pour de forger, s’agrandir pour puis se retourner contre toutes les autres régions.
    Il faut avoir le courage de le dire et de nommer ces deux sous groupes. Il s’agit des WAHABIYE et Des PROTESTANTS.
    Un membre d’un de ces groupes ne fait jamais rien ni ne traité avec qui n’est pas de sa famille (frère wahabite ou frère en christe). Oui on les a vu. Des travailleurs se sont vuent obligés d’adhérer pour rester et grandir dans EUR services. Des services entiers étaient composés de frères.
    Ma dernière c’est tout un gouvernement qui était fait de frères en christe.
    On puis même affirmer sans peur que beaucoup de problèmes de notre pays sont né à partir de là.
    Nous sommes tous Burkinabè donc faisons avec tous ou risque de ne pouvoir rien asseoir.

  • Le 5 mars 2022 à 15:29, par M. S. En réponse à : Promotion de la tolérance religieuse et du dialogue interreligieux : L’impératif d’une plus grande implication des femmes

    En cette veille de la commémoration de le Journée internationale des Droits de la Femme, cette déclaration, plus qu’une simple contribution à cette journée, est une invite à une profonde réflexion sur les leviers à actionner pour la consolidation de notre vivre ensemble. Si nous sommes d’accord que "l’éducation est un puissant levier pour changer le monde", et que la femme est celle qui, en premier, assure les premiers rôles de socialisation et d’éducation de l’enfant, alors son rôle est central dans la transmission des valeurs que nous voulons inculquer aux futur.e.s citoyens et citoyennes de demain. Et parmi ces valeurs, celles chères à l’Association pour la Tolérance religieuse et le Dialogue intereligieux : l’acceptation de nos différences qui sont une richesse et une force ; la tolérance, le pardon, l’amour de son prochain ...
    J’ai aimé : " Égalité ne veut pas dire similitude en tous points. Il y a des différences naturelles (donc biologiques) qui font que l’homme est Homme et la femme est Femme". Ce n’est donc pas une égalité mathématique, mais UNE EGALITE DANS LA COMPLÉMENTARITÉ, car l’un.e ne peut s’accomplir, ne peut se réaliser pleinement, qu’avec l’existence et la présence de l’autre.

  • Le 5 mars 2022 à 17:38, par Bernard Luther King ou le Prophete Impie En réponse à : Promotion de la tolérance religieuse et du dialogue interreligieux : L’impératif d’une plus grande implication des femmes

    1) "le bouddhisme, l’hindouisme et le sikhisme sont reconnus comme des religions. Or, celles-ci, à bien des égards, sont similaires aux religions traditionnelles africaines (RTA) par exemple car elles n’ont ni livres saints, ni envoyés de Dieu mais des ancêtres élevés au rang de saints et spiritualisés" èrèerrrr ! comme le disent les Nushi (loubas)en RCI.
    2) Vous vous trompez monstrueusement. Le bouddhisme a existé avant les Prophètes et Messies des religions Abrahamiques. S’il est des textes sacrés qui sont vraiment anciens, ce sont les VEDAS ecrit en Sanskrit (texte sacré des Hindouistes et Bouddhistes.
    3) Nos RTA remonten à quand ? dans le meilleur des cas au texte Mandingue du KuruKan Fugan. Ca, c’est recent. Donc en conclusion, les religions bouddhiste et hindouiste sont de loin plus etablie que nos RTA.
    4) Venant à votre idée du role de la femme, s’il ya une religion ou la femme joue un rôle noble et inegalé, c’est bien dans nos RTA. En lisant Me Paceré, Naba Panand-Tugri, on voit le role joué par le WEMBA, la seule personne ET de sexe feminin qui pouvait obtenir grace auprès auprès du Naba pour un condamné-à-mort. Son rôle etait comme celui du Mediateur du Faso. Dans la traduction morephone de la Bible, le meilleur mot qui incarne le role du Christ est celui du WEMBA. Mais malheureusement, le mot WEMBA est très mal connoté. Si fait que personne n’ose evoquer ce mot.
    5) Regardez les choses en face. Les religions sont des cadre d’oppresion des femmes malgré tous les discours. Les seules solutions, c’est une forte scolarisation des filles, une forte autonomisation des femmes et les choses changeront de fait. En fait beaucoup exploite ou sur-exploite les situations economiques des femmes.
    6) Honneur à Magaret Sanger, cette Americiane, pionnière de la Contraception qui s’est battu pendant près de 50 ans pour cela. Elle a decidé deliberement de violer le Loi Comstock des annees 1870 qui criminalisait tout chose qui evoque le sexe, à plus forte raison "contraception". Elle est morte en 1967 si je ne me trompe et l’année suivante 1968, la contraception fut legalisée en Europe.
    A bas Dieu, vive l’Esprit d’universalité.

  • Le 5 mars 2022 à 19:14, par Gohoga En réponse à : Promotion de la tolérance religieuse et du dialogue interreligieux : L’impératif d’une plus grande implication des femmes

    Félicitation Madame. Vous avez tous dit. Il reste à la hiérarchie religieuse d’en tenir compte et aux pilotes de la République de porter aide et assistance pour que la mise en œuvre soit effective. Merci Madame.

  • Le 7 mars 2022 à 06:26, par Bigbale En réponse à : Promotion de la tolérance religieuse et du dialogue interreligieux : L’impératif d’une plus grande implication des femmes

    C’est très bien dit mais tant qu’on ne dira pas la vérité, celle de Dieu et de nos ancêtres dans toutes les religions et croyances du monde, qui est du reste l’unique et la même à travers les âges, eh bien tant qu’on ne dira pas cette vérité, nos sociétés s’enfonceront davantage ! Si nos grands-parents animistes n’avaient pas été tolérants, nos pères et mères et nous mêmes, n’allions jamais être aujourd’hui des musulmans ou des chrétiens. Les extrémistes, vous les connaissez bien mais votre hypocrisie va vous perdre ! Quand des gens pensent qu’il suffit d’avoir un turban sur la tête pour s’asseoir à l’ombre pour se faire nourrir grâce au travail des autres, quand on passe le temps à opposer les gens les uns aux autres, quand certains pensent qu’ils directement descendus du ciel (même le Mohamed à eu un père et une mère !) et que personne n’ose relever ce mensonger grossier, alors nous sommes sûrs de creuser la tombe de notre société actuelle !

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