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Burkina : Le REN-LAC demande l’audit des secteurs ministériels de la sécurité et de la défense

Publié le vendredi 25 février 2022 à 14h01min

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Burkina : Le REN-LAC demande l’audit des secteurs ministériels de la sécurité et de la défense

Le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) demande, dans la déclaration qui suit, un audit des secteurs ministériels de la sécurité, de la défense et des collectivités territoriales. Le REN-LAC se dit convaincu que la lutte contre la corruption et la mal gouvernance doit être au centre des priorités actuelles à travers une rupture avec les pratiques anciennes décriées sous les régimes du CDP et du MPP.

« Ce jeudi 24 février 2022 fait un mois jour pour jour que notre pays, le Burkina Faso, vit de nouveau sous le joug d’un régime militaire, après la courte période de régime civile dirigé par Roch Marc Christian KABORÉ et son parti, le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP). Tout est parti de la nuit du 22 au 23 janvier où les Burkinabè se sont réveillés au petit matin avec des tirs nourris dans certaines casernes militaires du pays. Aux rumeurs de mutineries rapidement véhiculées par les autorités, se sont substituées celles d’un coup d’État militaire. Ces rumeurs seront par la suite confirmées au soir du lundi 24 janvier, lorsqu’un groupe de militaires se réclamant du Mouvement patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR) annonçait à la Télévision nationale avoir pris le pouvoir et mis aux arrêts le Président du Faso, Roch Marc Christian KABORÉ, dissout le Gouvernement ainsi que l’Assemblée nationale et suspendu la constitution.

Par ailleurs, il déclarait que ce coup d’État s’était déroulé sans effusion de sang. Mais aujourd’hui, il s’avère qu’on a enregistré deux morts et une dizaine de blessés.
Présidé par le Lieutenant-Colonel Paul-Henri Sandaogo DAMIBA, le MPSR justifiait ce coup de force par « la dégradation continue de la situation sécuritaire et l’incapacité manifeste du pouvoir de M. Roch Marc Christian KABORÉ à unir les Burkinabè pour faire face efficacement à la situation ».

À l’analyse, force est de constater que les six dernières années du régime KABORÉ ont été marquées par une mauvaise gouvernance, bafouant les fortes aspirations du peuple burkinabè à un changement qualitatif après l’insurrection populaire d’octobre 2014 et la résistance populaire victorieuse au coup d’État de septembre 2015. Cette gouvernance chaotique, sur fond de corruption à ciel ouvert, a favorisé l’exacerbation de la crise sécuritaire avec des pans entiers du territoire national qui échappent actuellement au contrôle de l’État.

Depuis 2015, la crise sécuritaire a causé plus de 2000 victimes civiles et militaires et environ un million et demi de déplacés internes. Pourtant, le REN-LAC n’a cessé d’interpeller le Président déchu et ses différents gouvernements sur la nécessité d’impulser une dynamique de bonne gouvernance, empreinte d’exemplarité, au sommet de l’État. À ce titre, on peut citer sans être exhaustif :

-  la transmission d’un mémorandum sur l’état de la gouvernance au Chef de l’État en mars 2018 ;

-  l’envoi de deux lettres d’interpellation au Chef de l’État en novembre 2019 et en avril 2020 sur l’état de la lutte anti-corruption ;

-  l’organisation, avec l’Autorité supérieure de Contrôle d’État et de Lutte contre la Corruption (ASCE-LC), d’une tribune d’interpellation des trois pouvoirs constitutionnels sur la lutte contre la corruption en novembre 2021.

Toutes ces interpellations citoyennes sont restées sans suite, ouvrant la voie royale à un dixième putsch militaire, selon les cas dénombrés, dans l’histoire de notre pays, sous la conduite cette fois du MPSR.

En tant qu’organisation attachée aux valeurs et aux principes cardinaux de l’État de droit, le REN-LAC désapprouve le coup d’État comme moyen d’accession au pouvoir. De fait, il condamne ce coup de force du MPSR qui constitue un facteur de recul démocratique, en ce sens qu’il dénie au peuple sa capacité à s’organiser pour imposer aux dirigeants la prise en compte de ses aspirations profondes.

Nous notons que dans leurs discours, les autorités du MPSR indiquent que si les priorités sont nombreuses, la principale demeure la lutte contre le terrorisme pour la « restauration » de l’intégrité territoriale. Toutefois, le REN-LAC reste convaincu que la lutte contre la corruption et la mal gouvernance doit être au centre des priorités actuelles à travers une rupture avec les pratiques anciennes décriées sous les régimes du CDP et du MPP.

Dans cette optique, les secteurs ministériels dont ceux de la sécurité et de la défense ainsi que les collectivités territoriales doivent être urgemment audités pour faire la lumière sur leurs gestions précédentes, afin d’ouvrir les chantiers d’une nouvelle gouvernance bâtie sur la transparence et la redevabilité. L’exemplarité doit être le leitmotiv de l’action gouvernementale et de tous ceux appelés à assumer des responsabilités quelconques à quelque niveau que ce soit.

Malheureusement, ce qu’il nous a été donné de voir ces derniers temps, avec notamment les entorses juridiques qui ont entouré la prestation de serment du Lieutenant-Colonel Paul-Henri Sandaogo DAMIBA comme Président du Faso devant le Conseil constitutionnel, de même que les agitations actuelles de certaines Organisations de la Société civile (OSC) appelant à soutenir le MPSR, nous laisse perplexe quant à un changement de paradigme pour une gouvernance conforme aux aspirations populaires.

Faut-il rappeler au MPSR que, tout comme la corruption électorale décriée qui enlève toute légitimité aux dirigeants élus pour gouverner la cité, les mobilisations populaires suscitées çà et là par les différents pouvoirs ont suffisamment démontré leur limite, depuis 2013, en tant qu’indicateur véritable de l’adhésion populaire à l’action gouvernementale ?

En tout état de cause, le REN-LAC ne ménagera aucun effort pour jouer pleinement sa partition, en tant qu’organisation dont la vision est l’avènement d’une société burkinabè engagée, dans son ensemble, pour la défense et la promotion de l’intégrité et de la bonne gouvernance. Il œuvrera toujours pour l’éveil des consciences en vue de renforcer la veille et le contrôle citoyens de l’action publique, seule arme efficace pour une gouvernance vertueuse.

Fait à Ouagadougou le 24 février 2022

Le Secrétariat exécutif

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Vos commentaires

  • Le 25 février 2022 à 14:23, par saana En réponse à : Burkina : Le REN-LAC demande l’audit des secteurs ministériels de la sécurité et de la défense

    Mon pays le Burkina Faso ne manque pas d’instruments juridiques pour organiser et faire fonctionner ses institutions ,c’ est à mon sens l’applicabilité simplement.

  • Le 25 février 2022 à 14:43, par Tig-Re En réponse à : Burkina : Le REN-LAC demande l’audit des secteurs ministériels de la sécurité et de la défense

    Bravo, rien à rajouter. Enfin des gens qui s’assument.
    Pas besoin de faire des coubettes au nouveau roi mais affirmer ses convictions.
    Merci

  • Le 25 février 2022 à 15:17, par Ochinkourêpoun En réponse à : Burkina : Le REN-LAC demande l’audit des secteurs ministériels de la sécurité et de la défense

    .Pardon,N’oubliez surtout pas le Ministère de la Fonction Publique , du Travail et de la Protection Sociale.
    Monsieurs du RENLAC / l’ASCE., Faites y un tour et demandez la liste des agents recrutés "Sur mesures Nouvelles" de ses trois dernières années !!
    Haaa ..Homme Noir..cheveux noir...teint noir.., pourquoi ton cœur est noir comsa ??
    Pendant que la bouche cri haut et fort dans les médias à la réduction des recrutements à la Fonction publique, la main passe en bas pour gérer les siens !

  • Le 25 février 2022 à 15:24, par Bernard Luther King ou le Prophete Impie En réponse à : Burkina : Le REN-LAC demande l’audit des secteurs ministériels de la sécurité et de la défense

    Merci beaucoup REN-LAC. Vous faites du bon travail. Cependant, qu’il me permis de rectifier ou de partager sur vos reponses :
    1) Vous condamnez le coup d’Etat. De grace, quittons le paradigme des raisonnements qui date de la Logique d’Aristote qui divise tout en binaire. C’est la Mal-gouvenance ( "trahisons aux aspirations du Peuple", discours MPSR à la Nation) qui est le 1er acte de recul democratique. Er quand c’est le cas, on expose la Republique à un risque celui de l’interruption de l’ordre constitutionnel. Si A alors B. Et on a A depuis (27 +6) ans, B se realisa. Et on passe le temps à condamner B. Apprenons à bemoliser notre "politiquement correct".
    2) La precipitation dans les prestations de serments : c’est un debat de casuistique constitutionnaliste. Et en la matière, 99% des concitoyens se sont fait enroler par les Constitutionaliste Dogmatiste et passe leur temps à condamner le Conseil Constitutionnel ou les Hommes Forts du moment. Je vous invite à lire l’article d’un jursite ici sur le Lefaso.Net sur cette affaire de prestation de serment et autres.
    Il a fait son analyse à un niveau fondamental et non dogmatique en revenant sur le concept juridique de l’etat de necessité. Si quelqu’un ne s’est pas instruit sur ce concept, il ne peut pas comprendre l’exposé brillant du juriste. Bref, cessons de sacrifier trop le fonds pour la forme (Issaka Sourweima, Naba Boalga).
    3) LEs audits. Je pense que l’ASCE-LE a dejà des resultats sur le Ministère en question même si elles semblent incompletes. Maintenant pour ce qui concerne les collectivités territoriales, ne faisons pas perdre de temps au MPSR même si peux pretendre etre le 1er "exigeur" en la matière. C’est pas forcement le moment. C’est le travail et de la Cour des Comptes et de l’ASCE-LE. Des resultats existent dejà non ? En tout etat de cause, il faut que cela se fasse : mais dans un timing autant qu’il sera donné de le faire.
    4) MErci et que Dieu vous benisse dans ce sacerdoce d’etre à la tête d’une organisation comme le REN-LAC.
    Dieu reste Burkinabè.

  • Le 25 février 2022 à 15:35, par Nonga En réponse à : Burkina : Le REN-LAC demande l’audit des secteurs ministériels de la sécurité et de la défense

    Mes propositions à l’endroit du MPSR

    A/ Bonne gouvernance économique et financière

    1) Opération spéciale « casiers vides » pour juger tous les dossiers de crimes économiques et de sang ;
    2) Instituer par ordonnance du président du MPSR une procédure accélérée et simplifiée de récupération de la fortune publique volée et/ou des biens mal acquis. ( la transition de 2014 avait tenté de le faire au cours de l’année 2015 sans succès) ;
    3) Créer par ordonnance du président du MPSR une commission spéciale composée de plusieurs personnalités (de divers profils très compétentes et de grandes probités), dotée de moyens logistiques conséquents et présidée par un militaire ou civil très compétent et d’une très grande probité ayant de très bonne connaissance en gestion publique et privée ;
    4) Donner six (6) mois au maximum à la commission spéciale pour faire un audit rigoureux et complet de tous les ministères (marchés de gré-à-gré, contrats PPP, recrutements sur mesures nouvelles, etc), de l’Assemblée Nationale ( passation des marchés/ marchés de gré-à-gré, recrutements) les communes (les lotissements, les concessions aux société immobilières notamment), les régions, les sociétés d’Etat et autres (LONAB, SONAPOST, SOFITEX, SONABHY, SONABEL, CNSS, CARFO, ONASER, , ONEA, Caisse des Dépôts et Consignations, Banque Agricole du Faso etc.) les EPE ( Hôpitaux publics, écoles de formation professionnelle, universités publiques etc.) les fonds nationaux et autres (FAARF, FASI, FAJ, fonds routier, agence nationale de développement des collectivités, etc), les projets et programmes (des ministères en charge de l’agriculture, de l’eau, des infrastructures, de l’énergie et mines, des finances notamment) ;
    5) Publier à la radio nationale, à la télévision nationale, dans Sidwaya et au journal officiel la liste complète des personnes mises en cause dans les rapports de la commission spéciale avec mention des montants volés et/ou les natures des biens mal acquis et leurs montants estimés ;
    6) Activer les procédures accélérées de saisis et récupération au profit du peuple des montants volés et/ou des biens mal acquis par les personnes mises en cause dans tous les rapports d’audit sans préjudice des poursuites judicaires ;
    7) Frapper d’indignité politique (déchoir des droits politiques) pour un minimum de dix (10) ans toutes les personnes mises en cause ;
    8) Aucune condamnation à des peines de prison pour les personnes mises en cause afin que l’Etat ne gaspille pas inutilement la fortune publique pour les entretenir en prison. ;
    9) Renégocier tous les contrats miniers ;
    10) Part de l’Etat dans le capital social de toute société minière 35% au minimum ;
    11) Création d’une société minière publique financée par une partie des sommes récupérées auprès des voleurs/prédateurs de la fortune publique ;
    12) annuler toutes les licences d’exploration et/ou exploitation minière détenues par les barrons des anciens régimes ;

    B/ Bonne gouvernance politique, administrative et sociale

    1/ Suppression des délégations spéciales et création de pouvoirs provisoires départementaux (PPD) composés d’un représentant par village ou secteur tiré au sort parmi les personnes âgées de plus de 18 ans. Le mandat est gratuit. Le préfet préside le PPD et assume la fonction d’exécutif départemental. Il rend directement compte au Gouverneur. Nomination de nouveaux préfets (qui sont au nombre 350) comprenant des militaires, des paramilitaires, des civils et respectant la parité parfaite entre femmes (175) et hommes (175).
    2/ suppression des provinces qui sont parfaitement inutiles ;
    3/ Réduction du nombre de régions à 10 (nomination de nouveaux gouverneurs dont 5 femmes et 5 hommes très intègres et apolitiques) ;
    3/ Suppression des institutions inutiles et budgétivores : le Médiateur du Faso, le CES, le HCRUN, Haut conseil pour le dialogue social, CSC.
    4/ Adoption d’une nouvelle constitution avec inscription des dispositions non modifiables suivantes : régime présidentiel (suppression du poste de premier ministre), mandat présidentiel de 6 ans non renouvelable, 60 députés au maximum (mandat gratuit de 6 ans renouvelable une seule fois) au parlement présidé obligatoirement par une femme si le Président du Faso est un homme ou vice versa, 16 ministres au maximum avec parité parfaite (8 femmes + 8 hommes).
    5/ Assainissement de la scène politique et rationalisation du nombre de partis politiques ;
    6/ Suppression du financement public des partis politiques ;
    7/ Plafonnement du financement privé des partis et des dépenses de campagne ;
    8/ Appels ouverts à candidatures pour tous les postes de DG, SG de ministères, secrétaires permanents, secrétaires techniques ou exécutifs, chefs de projets et programmes, présidents d’université etc. avec assignation de contrats d’objectifs très clairs de 3 ans renouvelables une seule fois ;
    9/ Suppression des fonctions parfaitement inutiles de directeur de cabinet et de chargé de mission dans tous les ministères et institutions ; limitation du nombre de conseillers techniques des ministères à trois au maximum
    10/ Rationalisation drastique du nombre d’établissements publics de l’Etat et autres dont certains sont en réalité de simples gouffres de la fortune publique et de sinécures pour l’élite politico-affairiste. Par exemple la CARFO et la CNSS doivent être fusionnées ;
    11/ Retrait de tous des véhicules (4x4 et V8) de fonction et/ou affectés aux SG/DG/SP dans les administrations centrale et locale, dans les EPE, fonds et autres sociétés d’Etat ;
    12/ Vente aux enchères publics des véhicules retirés et interdiction d’achat de 4x4 et V8 dans toute l’administration publique (centrale, locale, déconcentrée etc.) ;

  • Le 25 février 2022 à 15:37, par LUI En réponse à : Burkina : Le REN-LAC demande l’audit des secteurs ministériels de la sécurité et de la défense

    Voici les 3 pans importants dans lesquels,il faudra un nettoyage si nous voulons faire de la lutte contre la corruption une réalité.Les secteurs de la défense de la justice et de la sécurité.Ce sont des domaines hautement pourris et c’est à l’image de leurs acteurs que vivent le burkinabè d’aujourd’hui.On ne pourra s’en prendre au autres acteurs civiles pendant que rien n’est respecté en matière d’orthodoxie de la gestion financière dans ces milieux.Il faudra que les procureurs du faso s’arment de beaucoup de courage pour gagner ce grand devis .

  • Le 25 février 2022 à 17:03, par baszambo En réponse à : Burkina : Le REN-LAC demande l’audit des secteurs ministériels de la sécurité et de la défense

    Moi, je propose qu’on fasse des audits en cascades allant du cabinet du ministre à la direction provinciale de tous les ministères sans oublier les autres institutions. On verra que certains DR et DP sont champions en matière de corruption. Surtout que REN-LAC ne se contente des rapports et autres pièces justificatives seulement mais aller au-délà.

  • Le 26 février 2022 à 10:43, par HUG En réponse à : Burkina : Le REN-LAC demande l’audit des secteurs ministériels de la sécurité et de la défense

    Ah la demoratie.Il y a aussi un coup d etat a la democratie auquel les intellectuels restent muets donc complices des pseudo democrates.QQuand on se fait elire sur la base de la corruption des electeurs.on appelle cela quoi ? Quand on retire les cartes d electeurs des gens pour les empecher de voter on appelle cela la democratie ? Quand on part organiser des elections dans des zones comme axquises on appelle cela la ddemocratie ? Ce qui se passe dans beaucoup de pays africains n est pas la democratie.Il faut faire aussi des audits dans tous les ministeres.

  • Le 26 février 2022 à 15:55, par Lepop En réponse à : Burkina : Le REN-LAC demande l’audit des secteurs ministériels de la sécurité et de la défense

    Ces audits doivent s’étendre à tous le démembrement de ces deux ministères (Régions militaires, garnisons, intendance militaire, Génie militaire, centres de formation, Directions de la police, ........). Il est préférable de commencer par ceux que les éléments de la junte ont dirigés.

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