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Drame du site d’orpaillage de Gongombiro : Tristesse et désolation, 72 heures après l’incident

Publié le jeudi 24 février 2022 à 22h34min

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Drame du site d’orpaillage de Gongombiro : Tristesse et désolation, 72 heures après l’incident

Trois jours après le malheureux incident qui s’est produit au site d’exploitation artisanale d’or de Gongombiro, dans la commune de Gbomblora (à 25 km de Gaoua), les langues ont encore du mal à se délier sur les circonstances et les dégâts humains que ce drame a engendrés. Du constat dans la soirée du 23 février 2022 sur le site, quelques survivants sont occupés à plier bagage vers d’autres horizons avant l’expiration du délai de 72 heures données par les autorités régionales pour quitter les lieux.

Un silence inhabituel règne à l’entrée du site d’or de Gongombiro. Situé en bordure de route (axe Gaoua Batié), ce site est devenu un arrêt obligatoire pour les passants qui veulent s’imprégner de l’ampleur des dégâts matériels de l’explosion qui a coûté la vie à une soixantaine de personnes.

Des arbres asséchés et déracinés, des maisons en tôle déchiquetés, des restes de matériels brulés,… c’est le visage que présente l’entrée du site de Gongombiro. Passants et occupants des lieux continuent à s’interroger sur la cause exacte de cette explosion au regard de la physionomie du lieu d’où serait parti la détonation.

Retour sur les faits selon quelques orpailleurs trouvés sur le site

Aziz Ouédraogo, se trouvait sur le site : « Je dormais dans ma maison à 150 mètres du site, un bruit d’explosion m’a réveillé et toute ma maison était pleine de poussière. Je suis sorti pour voir ce qui se passe, en allant vers le site j’ai rencontré des gens qui couraient de partout. Un d’eux m’a demandé de l’amener au dispensaire de Gbomblora. Dès que je suis revenu, je suis reparti avec un de mes éléments qui était gravement blessé avec ses intestins au dehors ».

Sur la cause de l’explosion, il est formel. « Certains disent que c’est ‘’farawé (far away, un explosif utilisés par les orpailleurs pour le dynamitage des roches), ndlr), d’autres disent que c’est une bombe. Rien de tout ça ; moi je pense que c’est une bombonne de gaz qui a explosé chez ceux qui font la fonte… ». Puis d’ajouter : « l’intéressé (le propriétaire du hangar d’où est parti le feu) même a dit à ses éléments de sortir parce que y’a un danger ; et il a pris sa voiture fuir. Ceux qui sont partis pour aider à éteindre le feu sont restés dedans parce qu’ils ne savaient pas ce qui les attendaient ».

Orpailleur Aziz Ouédraogo

Aziz Ouédraogo dit être dans le domaine depuis 16 ans. « Un farawé ne peut pas exploser comme ça, c’est du gaz qui a explosé » insiste-t-il.
Pour un autre orpailleur du nom de Tindano, beaucoup de choses se disent sur la cause de ce drame. « Certains disent que ça été causé par les farawé, d’autres disent que ce n’est pas ça, moi particulièrement je n’en sais rien, j’ai entendu le bruit et les cris depuis mon hangar, je suis sorti et c’était la catastrophe. Dieu merci je suis en vie, on s’en remet à Dieu ».

Des horizons inconnus pour bon nombre de survivants

Face à pareille situation, le traumatisme se lit sur les visages des survivants qui s’affairaient à partir avec ce qui peut être emporté sur le champ. La solidarité demeure le maître-mot en pareilles circonstances.

Un des sinistrés et laveur d’or sur le site, Seydou Nacanabo, visiblement abattu, raconte : « J’ai perdu trois de mes petits et un autre est à l’hôpital. Depuis lundi je n’ai pas mangé et je ne me suis pas lavé, la mort des trois enfants là…On doit partir, mais où ? », soupire-t-il.

Un autre orpailleur, devant une boutique en plein déménagement, se confie : « cette boutique appartient à un de nos frères qui est actuellement blessé, et comme on nous dit de fermer dans trois jours, nous sommes en train de la vider pour mettre en lieux sûrs ses marchandises qui sont périssables. Depuis que je suis né je n’ai jamais vu autant de morts ».

Laveur d’or sur le site, Seydou Nacanabo

Loin de sa famille, Aziz Ouédraogo dit ne pas savoir où mettre la tête. « On nous a donné trois jours pour partir, mais sincèrement on ne sait pas où on va aller. Je suis venu de Ouahigouya, je n’ai pas de parents ici, je vais rester à Gaoua d’abord … », annonce-t-il.

Dans le village qui abrite le site d’exploitation artisanale d’or, Gongombiro, les jeunes qui fréquentaient les orpailleurs sont également sans voix. L’un d’eux qui a requis l’anonymat témoigne : « on avait beaucoup d’amis parmi ces orpailleurs, certains sont morts dans l’explosion, d’autres gravement blessés. Rien qu’à regarder le site, c’est l’amertume totale et ce n’est pas simple à supporter et surtout pour longtemps ».

En rappel une forte explosion s’est produite le lundi 21 février 2022 aux environs de 14h sur le site de Gongombiro, et a coûté la vie à 60 personnes et fait une cinquantaine de blessés qui ont été admis au centre hospitalier régional de Gaoua. Le gouverneur de la région du Sud-ouest a ordonné la fermeture du site jusqu’à nouvel ordre.

Boubacar TARNAGDA
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 24 février 2022 à 21:24, par Indjaba En réponse à : Drame du site d’orpaillage de Gomgombiro : tristesse et désolation, 72 heures après l’incident

    Il faut un deuil national même si c’est 24h. Il ne faudra pas que ces orpailleurs se sentent négligés par la nation ou que cette région se sente abandonnée. 63 décès , c’est quand’ meme le seuil pour déclencher un deuil même si je suis partant pour qu’ensemble on redéfinisse le contenu de nos deuils nationaux.

  • Le 25 février 2022 à 08:30, par saana En réponse à : Drame du site d’orpaillage de Gomgombiro : tristesse et désolation, 72 heures après l’incident

    Paix aux Ames des disparus prompt rétablissement aux blessés. La nécessité d’une enquête objective s’impose à qui de droit pour situer les responsabilités et tirer les leçons.

  • Le 25 février 2022 à 10:37, par De rien En réponse à : Drame du site d’orpaillage de Gomgombiro : tristesse et désolation, 72 heures après l’incident

    L’état a totalement démissionné dans de nombreux domaines et particulièrement dans celui de l’orpaillage. Quand je pense à tous ces jeunes qui auraient pu devenir des enseignants, des médecins, des agriculteurs, des sportifs professionnels, des écrivains, des acteurs, des députés, des maires, des ministres... réduits à creuser des trous et à laver des cailloux...j m di q le Burkina c’est vraiment de la merde.

    • Le 25 février 2022 à 15:03, par Bigbale En réponse à : Drame du site d’orpaillage de Gomgombiro : tristesse et désolation, 72 heures après l’incident

      Très juste comme conclusion mais que vous
      voulez-vous après avoir dormi avec Blaise Compaoré pendant 27 ans ? L’économie mondiale n’a pas de pitié pour les peuples paresseux au coeur noir, prêt à vendre ses citoyens pour s’enrichir (soldats au Libéria, Sierra Leone, Côte d’ivoire, etc.). C’est après l’intervention surrection qu’on s’est rendu compte que la nouvelle masse de jeunes à des besoins i compressibles. Quand on a commencé à bien planifier le developpement jusqu’à les Communes, on utilise nos propres frères comme terroristes pour tout saboter. Quand on sera menacé de disparition, on réagira !

    • Le 25 février 2022 à 15:29, par Bigbale En réponse à : Drame du site d’orpaillage de Gomgombiro : tristesse et désolation, 72 heures après l’incident

      Très juste comme conclusion mais que vous
      voulez-vous après avoir dormi avec Blaise Compaoré pendant 27 ans ? L’économie mondiale n’a pas de pitié pour les peuples paresseux au coeur noir, prêt à vendre ses citoyens pour s’enrichir (soldats au Libéria, Sierra Leone, Côte d’ivoire, etc.). C’est après l’intervention surrection qu’on s’est rendu compte que la nouvelle masse de jeunes à des besoins i compressibles. Quand on a commencé à bien planifier le developpement jusqu’à les Communes, on utilise nos propres frères comme terroristes pour tout saboter. Quand on sera menacé de disparition, on réagira !

  • Le 25 février 2022 à 11:31, par J’aime mon pays En réponse à : Drame du site d’orpaillage de Gomgombiro : tristesse et désolation, 72 heures après l’incident

    Paix a leurs ames.
    Franchement il faut fermer tous les sites. Sans rigueur, sans discipline on ne peut pas mener un peuple vers le changement. Meme s’il faut utiliser le baton, il faut le faire.
    N’eut ete le baton beaucoup seraient des illetres donc le baton est souvent necessaire pour un people en maturité. La dictature est tres souvent necessaire et meme aujourd ;hui nous en subissons cette dictature. La vaccination du covid-19 est une dictature pour l’Afrique.
    Vive la dictature pour le developpement et la discipline.
    C’est le laisser aller et le manque de dicta qui a baisser la cote du president Roch jusqu’a sa chute.

  • Le 25 février 2022 à 12:35, par le Nomade En réponse à : Drame du site d’orpaillage de Gongombiro : Tristesse et désolation, 72 heures après l’incident

    Un pays de désordre oû l’Etat a démissioné complètement dans tous les domaines. C’est comme si le pays n’est pas gouverné et ce depuis fort longtemps sous le régime de Blaise Compaoré ! l’incivisme sans limite ! c’est le pays même qui risque de disparaitre !

  • Le 25 février 2022 à 13:58, par LePenseur En réponse à : Drame du site d’orpaillage de Gongombiro : Tristesse et désolation, 72 heures après l’incident

    Bonjour les amis,
    Merci d’aller faire un tour sur un site d’orpaillage avant de faire tout commentaire. L’Etat, c’est chacun de nous, nous sommes donc tous responsables de tout se qui se passe dans notre pays.
    Que les ames des disparus reposent en paix, amen !

  • Le 25 février 2022 à 15:11, par Teo En réponse à : Drame du site d’orpaillage de Gongombiro : Tristesse et désolation, 72 heures après l’incident

    Quel Drame !!! Que leurs ames reposent en paix et que Dieu console les familles et proches eplorés. Il n y a pas de mots ; tant ceci est inqualifiable. Il faut absolument que la jeunesse soit prise en compte dans les priorités de la nation. Comment nous traitons nos jeunes détermine l’avenir que nous avons en vue pour notre nation. Il faut toujours un drame pour que les sites soient fermés. Autrement, on les laisse ouverts avec tous les risques que cela présente.

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