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Le PDP/PS dans la tourmente ?

Publié le vendredi 25 novembre 2005 à 08h15min

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Ali Lankoandé

La CENI a fini enfin par proclamer les résultats provisoires du scrutin présidentiel du 13 novembre dernier. Chaque candidat est pour ainsi dire situé sur son sort. Le PDP/PS considéré comme le deuxième parti de l’opposition avec 10 députés à l’Assemblée nationale voit son candidat Ali LANKOANDE pointé à la 6e place avec 1,74% des suffrages.

Jadis considéré comme le principal parti de l’opposition, le PDP/PS a perdu depuis les législatives de 2002 beaucoup de terrain. Il se retrouve depuis lors derrière l’ADF/RDA qui pour cette présidentielle a décidé de soutenir le candidat du CDP, Blaise COMPAORE. Dès lors, on aurait pu s’attendre à ce que le PDP/PS se positionne comme le véritable et le principal challenge du président sortant. Que nenni !

Le PDP/PS pourtant bien structuré et présent dans presque toutes les provinces du pays n’a enregistré que 1,74% derrière des novices tels Me Bénéwendé SANKARA de l’UNIR/MS et Laurent BADO du PAREN qui ont chacun, à l’Assemblée, 4 députés même si aujourd’hui 3 du PAREN sont allés se faire voir ailleurs.

L’ombre de KI-ZERBO

A vrai dire le PDP/PS n’a jamais réussi à se défaire de l’empreinte de son fondateur, le professeur Joseph KI-ZERBO. En effet, longtemps considéré comme la figure de proue de l’opposition et des intellectuels du pays, l’homme n’a pas travaillé à assurer sa relève au sein du parti, au contraire son emprise est telle qu’on assimile le parti à sa personne. Aujourd’hui avec le retrait du vieux, le parti prend un sérieux coup. L’arrivée d’Ali LANKOANDE, un autre vieux, à la tête du parti n’a pas arrangé les choses.

En effet, l’arrivée de ce dernier aux commandes des affaires de parti en remplacement de KI-ZERBO a vu la polémique enflée en son sein au point qu’on l’assimile aujourd’hui à un parti de papys. Et pourtant le PDP/PS regorge de jeunes talents très dynamiques prêts à donner une autre image au parti pour retrouver son lustre d’antan. Le professeur KI-ZERBO, qui n’entend pas les choses de la même oreille, a préféré léguer son fauteuil à l’un de ses plus fidèles collaborateurs des premières luttes.

Le hic cependant, c’est que Ali LANKOANDE a tellement végété sous l’ombre du vieux qu’il n’existe même plus. En tout cas le pédagogue qui coule sa retraite méritée dans la pâte (il est propriétaire d’une boulangerie), est sûrement un vieux de la vieille mais il n’est pas connu des nouvelles générations. L’homme, il faut le dire, a un back-ground éloquent. Mais, peut-on être prophète chez soi ? En tout cas, Ali LANKOANDE, qui a joué de grands rôles au plan politique et intellectuel dans ce pays, demeure le papy que ses promotionnaires et ceux d’une génération plus proche connaissent et apprécient ; la grande proportion de l’électorat malheureusement pour lui est juvénile.

La victoire de Ali LANKOANDE

Si pour cette consultation électorale, le score n’est pas reluisant pour le PDP/PS qui occupe la sixième place avec un taux de 1,74 des voix, il n’en est pas de même pour son candidat Ali LANKOANDE qui n’avait rien à perdre dans cette compétition, bien au contraire. Au moment où le conflit de génération fait rage au sein du parti, l’homme continue son petit bonhomme de chemin et engrange de bons points. Aujourd’hui, il a quelque peu gagné en notoriété.

Il est un peu plus connu des Burkinabè. Dans presque toute la région de l’Est à l’exception de la province de la Tapoa, il vient en deuxième position après Blaise COMPAORE, ce qui n’est pas rien. Faisant de la région de l’Est le fief du PDP/PS qui véritablement se positionnait jadis l’Ouest du pays, l’homme a montré qu’il n’a rien perdu de ses capacités de mobilisation et de persuasion.

Si en dépit de son âge, Ali LANKOANDE a bataillé ferme, supportant même les privations de la période de jeûne que le début de la campagne a traversé, il reste que les élus de son parti n’ont pas, comme il se devait jouer leur rôle dans la mesure où ils n’ont pas réussi dans leur ensemble à remobiliser et à capitaliser le maximum de voix qui leur ont permis d’être à l’Assemblée nationale au profit du candidat.

N’est-ce pas qu’avec 10 députés, chacun jouant réellement sa partition au niveau des électeurs, le score aurait pu être meilleur ?

Il est à espérer que cette cuisante défaite qui n’honore pas le parti ne débouche à l’heure du bilan sur une implosion de celui-ci mais que chacun à son niveau se sente interpellé et agisse pour l’intérêt de la maison car d’autres batailles pointent déjà à l’horizon, les élections locales de 2006.

Par Claude ROMBA
L’Opinion

P.-S.

Voir notre dossier :
Présidentielle 2005

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