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Grippe aviaire au Burkina : « Les gens ne devraient pas s’alarmer quant à la consommation du poulet, ils n’en mourront pas »

Publié le lundi 14 février 2022 à 12h30min

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Grippe aviaire au Burkina : « Les gens ne devraient pas s’alarmer quant à la consommation du poulet, ils n’en mourront pas »

La grippe aviaire qui a fait irruption dans les foyers au Burkina Faso depuis fin 2021 continue de sévir. Malgré les mesures annoncées par l’Etat dès les débuts pour contenir rapidement la maladie, le compteur de victimes de grippe aviaire ne fait que s’affoler et la maladie gagne considérablement du terrain. Nous avons tendu notre dictaphone au directeur général du service vétérinaire au sein du ministère en charge des ressources animales, Dr Adama Maïga, qui nous donne des précisions sur la situation de la grippe aviaire au Burkina Faso.

LeFaso.net : Quelle est le bilan de la grippe aviaire à l’heure actuelle au plan national ?

Dr Adama Maïga : Il faut dire qu’à la date du 1er février 2022 où nous avons fait le point, il n’y a pas eu une grande évolution. Nous étions à dix régions touchées sur les treize. Les régions concernées étaient le Centre, le Centre-ouest, le Centre-est, le Centre-sud, le Plateau Central, le Nord, la Boucle du Mouhoun, les Cascades, l’Est et le Sud-ouest. Voici les dix régions qui sont actuellement touchées. Toujours à la même date, nous étions à 73 foyers et 126 élevages affectés par la maladie.

Des mesures avaient été annoncées par l’Etat en vue de contenir la maladie. Se sont-elles avérées efficaces ?

Dès que nous avons eu connaissance de la maladie dans les localités, nous avons pris des arrêtés portant déclaration d’infection. Ces arrêtés donnaient la conduite à tenir en face de chaque foyer. Il y a ce que nous appelons le cœur du foyer qui est la zone de séquestration où on va procéder au recensement des volailles qui restent toujours vivantes, puis à leur abatage et à leur incinération et enfouissement, à l’établissement d’un procès-verbal d’abattage. Ce procès-verbal d’abattage est signé d’abord par le propriétaire. Ensuite, il est signé par le chef d’équipe chargé de l’abattage.

Enfin, par un responsable du village qui sera considéré comme témoin de l’abatage en lui faisant constater la volaille abattue et en lui faisant contresigner les deux premières signatures. On fait des copies de ce procès-verbal, dont l’une est transmise au propriétaire, et l’autre à la direction générale du service vétérinaire pour que nous puissions comptabiliser l’ensemble des lieux où il y a eu des abattages sanitaires, évaluer le coût de l’indemnisation et procéder à l’indemnisation des ayants-droits.

A la date d’aujourd’hui, pour ce qui est de la région du Centre, six équipes ont déjà été mobilisées et ont fait la semaine passée le tour de tous les élevages affectés. Ils ont continué le lundi. Aujourd’hui, hormis d’autres foyers qui ont été plus tard touchées, l’ensemble des anciens foyers ont déjà été visités, il y a eu des abattages où il y avait des animaux et ceux où il n’y en avait pas ont été désinfectés. Il y a aussi le vide sanitaire qui doit être appliqué, jusqu’à la levée de l’arrêté portant déclaration d’infection qui interviendra un mois après le dernier foyer.

Suite à l’annonce de la maladie, quelle a été la réaction du consommateur ?

Il faut dire que depuis l’annonce, la consommation de la volaille a été réduite, mais cela s’explique par le fait que les gens n’ont pas très bien compris la maladie. En réalité, ce n’est pas en consommant une volaille atteinte par la grippe aviaire que l’on peut avoir la grippe aviaire. Il est vrai que la maladie se transmet, elle a des symptômes, elle peut tuer les humains, mais pour qu’elle tue il faut qu’elle touche une personne immuno-déficiente. Cela veut dire que ce sont des personnes très âgées qui, lorsqu’il y a superposition de maladie, leurs organismes n’arrivent pas à lutter pour les faire guérir rapidement.

C’est seulement cette catégorie de personnes que la maladie peut tuer. Sinon, le reste peut avoir quelques malaises, des céphalées, des douleurs musculaires, des vomissements, la toux qui pourrait se transformer en une pneumonie. Toutes ces maladies se soignent. C’est seulement grave lorsque la personne est immuno-déficiente. Et même pour que cette personne en meure, il faut qu’elle vive de façon permanente et continue avec la volaille malade. Cela veut dire dormir avec la volaille et respirer les mêmes sécrétions. Ce n’est pas en étant en contact seulement avec la volaille que vous serez malade à votre tour. Aussi, le virus de la maladie ne résiste pas trop à la chaleur.

Donc, quand la viande est bien cuite, le virus ne reste pas. C’est pourquoi les gens ne devraient pas s’alarmer quant à la consommation du poulet, ils n’en mourront pas. Ils peuvent continuer à consommer. En revanche, ce qui est déconseillé, c’est d’éviter de manger la volaille morte parce que l’on ne sait pas toujours de quoi elle est morte. C’est cela qui peut entraîner la mort. Mais pour la volaille malade, il faut juste prendre des précautions, se protéger, bien manipuler, bien préparer et consommer sans problème.

Y a-t-il des éleveurs qui ont été indemnisés à l’heure actuelle ?

L’indemnisation n’interviendra qu’après avoir fini de faire l’abattage de tous les élevages concernés. On ne peut indemniser au jour le jour. L’indemnisation ne sous-entend pas qu’après avoir abattu la volaille vous recevez directement votre argent. L’indemnisation varie d’une espèce à une autre. On fait d’abord le point de la situation des élevages affectés avant d’indemniser. Dès que l’argent est disponible, on le fait savoir aux éleveurs. Chacun vient avec son PV pour se faire indemniser.

Ne sachant pas quand est-ce que la maladie va disparaître, si l’on doit attendre que la fin de la maladie avant d’indemniser les éleveurs ne vont-ils pas connaître des difficultés ?

Lorsque l’on abat, nous capitalisons en même temps. C’est l’Etat qui débloque l’argent et l’argent n’est pas posé de sorte à indemniser en même temps tous ceux chez qui on vient d’abattre la volaille. Dans le document, nous avons prévu 3 milliards 387 millions. Cela pour dire que l’on abattra au moins 1,5 million de volailles et détruiront au moins deux millions d’œufs. C’est cette évaluation qui a donné cette somme. Peut-être que l’on n’atteindra même pas ces chiffres. En 2015, on avait prévu quatre milliards mais au final l’indemnisation a couté 900 millions. Aussi tant que l’arrêté n’est pas levé par le haut-commissaire on ne peut recommencer à élever.

Quels conseils pouvez-vous donner aux éleveurs vu que la maladie continue de gagner du terrain ?

Les conseils que je peux leur donner c’est de redoubler de vigilance parce que si la maladie n’a pas encore frappé votre poulailler, il faut prendre des mesures pour que cela reste tel. Ces mesures sont d’abord d’éviter les visites qui ne sont pas nécessaires. En cette période de maladie, il faut interdire tout mouvement qui n’est pas indispensable. Deuxièmement, avant d’entrer dans sa ferme il faut se désinfecter parce qu’on ne sait pas où on est passé. Il faut désinfecter ses chaussures, changer d’habits avant d’entrer dans la ferme.

Dès qu’on finit de travailler, on se désinfecte aussi avant de sortir pour éviter de propager la maladie si toutefois la ferme est atteinte. Aussi, dès que vous constaterez qu’il y a une mortalité, il faut aviser très rapidement les services compétents qui peuvent être le service public ou le service privé, pour qu’ils viennent faire le prélèvement afin de vérifier au laboratoire si c’est oui ou non la grippe aviaire qui sévit dans votre foyer. Cela vous permettra de gérer conséquemment votre élevage.

Propos recueillis par Erwan Compaoré
Stagiaire
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 14 février 2022 à 12:15, par ZORRO En réponse à : Grippe aviaire au Burkina : « Les gens ne devraient pas s’alarmer quant à la consommation du poulet, ils n’en mourront pas »

    La Direction Générale du Service Vétérinaire fait ce qu’elle peut, mais il serait bon de repenser la procédure d’indemnisation.

    Attendre la fin des abattages avant d’indemniser n’est pas bonne. Rester sans activités pendant longtemps peut entraîner la faillite définitive d’un aviculteur.

    Une indemnisation rapide peut permettre aux éleveurs de faire autre chose en attendant la levée de l’arrêté.

    Courage à tous les acteurs.

  • Le 15 février 2022 à 00:34, par TANGA En réponse à : Grippe aviaire au Burkina : « Les gens ne devraient pas s’alarmer quant à la consommation du poulet, ils n’en mourront pas »

    Joli travail.
    C’est bien d’attendre pour l’indemnisation pour deux raisons s l’on moi :
    - L’ éleveur aura le temps de voir les séquelles de la maladie disparaitre de son lieu d’élevage,
    - Aucun éleveur déjà recensé ne viendra dire de venir voir son poulailler encore. Cela par ce que chacun connaît les Malins qui peuvent aller chercher des poulets malades ailleurs rien que pour êtres indemnisés.
    Et puis, quand tout aura été déclaré terminé, c’est sur que entre éleveurs, il n’y aura pas de contamination.

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