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Anaïs Drabo : L’amazone qui veut léguer un Burkina unifié à sa progéniture

Publié le mercredi 2 février 2022 à 23h35min

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Anaïs Drabo : L’amazone qui veut léguer un Burkina unifié à sa progéniture

Anaïs Drabo fait partie de ces femmes qui n’ont pas peur de s’engager corps et âme lorsqu’elles estiment noble la cause défendue. Son engagement lui a coûté son emploi, des amis et l’a exposé aux menaces, aux intimidations et à la prison. Mais cela n’a entaché en rien sa détermination dans sa lutte pour un Burkina nouveau, restauré et débarrassé du terrorisme. Secrétaire à la formation idéologique du mouvement "Sauvons le Burkina Faso", une des associations de la société civile qui a manifesté pour une meilleure gestion de la crise sécuritaire, elle fonde beaucoup d’espoir dans l’avènement du MPSR. Lisez plutôt.

La situation des personnes déplacées internes a été l’élément déclencheur de son engagement pour un Burkina meilleur. Ressortissante de la province du Sourou, qui est aussi en proie au terrorisme depuis plus de quatre ans, Anaïs Drabo ne pouvait pas rester indifférente à la misère qui est devenue le quotidien de ses frères et sœurs déplacés internes. Ceux-ci, avant les attaques terroristes, vivaient paisiblement dans leurs villages, se retrouvent à présent obligés de fuir pour échapper à la folie meurtrière des "fous de Dieu" sans destination précise, puisque la province ne dispose d’aucun site officiellement aménagé pour les recevoir.

Parce qu’elle veut que les choses changent positivement pour donner la chance aux futures générations de vivre dans un Burkina paisible, Anaïs Drabo s’est engagée avec d’autres camarades dans la mise sur pied du mouvement "Sauvons le Burkina Faso" le 12 novembre 2021. Avec ses compagnons de lutte, ils organisent plusieurs manifestations pour interpeller les dirigeants sur la nécessité de prendre les décisions qu’il sied pour sortir le pays de l’ornière.

Déterminée dans son engagement pour l’avènement d’un Burkina Faso nouveau et restauré, Anaïs Drabo ne recule devant rien. Menaces de mort, intimidations, tentatives de corruption, licenciement et même la prison n’ont pu avoir raison de sa détermination, que plusieurs de ses proches avaient du mal à comprendre. « J’ai été menacée, suivie, harcelée au téléphone mais je n’ai pas abandonné parce que j’étais convaincue de ce que je faisais.

J’étais convaincue que je devais sortir pour parler, marcher, pour offrir un avenir meilleur à mes enfants. Mes parents m’ont légué un Burkina entier et je n’ai pas le droit de découper ce Burkina et léguer une petite portion à mes enfants. J’ai le devoir de léguer un Burkina entier à mes enfants et c’est ce travail de parent que j’ai accompli en sortant dans les rues », confie-t-elle.

Le MPSR, un mouvement libérateur du peuple

Anaïs Drabo et ses camarades du mouvement "Sauvons le Burkina Faso", font partie de ceux qui, à plusieurs reprises, ont dénoncé « la léthargie du régime de Roch Kaboré » face aux défis sécuritaires. Convaincue que la gouvernance du président déchu comportait beaucoup de lacunes avec une restriction de la liberté d’expression, c’est avec joie que la secrétaire à la formation idéologique du mouvement "Sauvons le Burkina Faso" dit avoir accueilli l’avènement du MPSR au pouvoir le 24 janvier 2022, alors qu’elle était détenue au commissariat de Wemtenga.

Arrêtée le 22 janvier 2022 en raison de la manifestation organisée par son mouvement, Dame Drabo dit avoir été en enfermée et interdite de toute communication avec l’extérieur, car ses geôliers la jugeaient dangereuse, même étant en cellule. Le droit de donner la tétée à son bébé de 11 mois lui aurait aussi été refusé, si bien que le nourrisson manquant de force à cause de la faim a dû être admis à l’hôpital. C’est à ce moment avoue-t-elle, que son engagement a failli être ébranlé.

Libérée dans la journée du 24 janvier 2022 suite au coup de force du MPSR, Anaïs Drabo affirme avoir été soulagée d’apprendre l’arrivée d’une nouvelle équipe, qu’elle qualifie de "libérateurs" du peuple, à la tête de l’Etat. Elle reconnaît toutefois avoir été partagée entre l’euphorie et le doute, car ne connaissant pas les intentions réelles de ces nouveaux hommes forts du pays. « J’étais soulagée et apeurée en même temps car je ne connaissais pas ceux qui avaient pris le pouvoir, mais c’était nos libérateurs. Et moi je ne parle pas de coup d’Etat dans ce cas, mais de libération ».

De la junte au pouvoir, Anaïs Drabo espère une prise en main rapide des nombreux défis auxquels le pays est confronté. Et bien évidemment, le défi sécuritaire trône au sommet des priorités pour elle. Venir à bout de l’hydre terroriste, permettre aux nombreux déplacés internes de retrouver leurs villages, voilà ce que notre amazone attend du lieutenant-colonel Damiba et de ses collaborateurs. Elle reste convaincue que mettre les hommes qu’il faut, à la place qu’il faut pour la conduite des affaires comptera beaucoup dans la réussite de la mission.

« La lutte contre le terrorisme ne se fera pas seulement par les armes », foi d’Anaïs Drabo

Faire le tour d’un Burkina restauré et plus sûr avec ses enfants, c’est là le rêve d’Anaïs Drabo. Pour retrouver ce Burkina d’antan, la mère de famille sait que la tâche ne sera pas aisée puisqu’il faut mettre fin aux attaques terroristes, perpétrées pour la plupart par des Burkinabè qui ont pris les armes contre leur pays. Des Burkinabè qui, selon Anaïs Drabo, sont nos frères déçus, frustrés, stigmatisés, rejetés, depuis longtemps, qui ont vu dans le ralliement aux groupes terroristes une manière de s’exprimer.

Pour en venir à bout définitivement du terrorisme, il faut à l’en croire, en résoudre les causes profondes, en commençant par reconnaître les torts causés à ces personnes pour entamer la marche vers la réconciliation. Réparer les injustices et rechercher des solutions palliatives pour que les personnes enrôlées par les groupes terroristes puissent déposer les armes, c’est ainsi que nous viendrons à bout de l’hydre terroriste, foi d’Anaïs Drabo. « Au lieu de dépenser des milliards pour payer des armes, il faut plutôt utiliser cet argent pour créer les conditions pour que ces personnes déposent les armes et nous allons vivre ensemble. Ce sont nos frères », préconise-t-elle.

Armelle Ouédraogo/Yaméogo
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