Face à la situation d’insécurité et la psychose liée à la maladie du covid-19 qui prévalent au Burkina Faso avec son lot de conséquences, l’Institut privé de médecine et sciences alliées (IMSA) a élargi ses offres de formation en vue d’apporter des compétences aux agents de santé, aux psychologues et tout intervenant dans la prise en charge du psychotraumatisme. C’est dans cette dynamique qu’il a ouvert une session de formation certifiante sur cette problématique. Pour cette troisième session, au total 22 participants venus du Togo, du Benin, de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso y ont pris part. Les cours se sont déroulés du 22 au 29 janvier 2022 au sein de l’institut, à Ouagadougou.

Selon le directeur académique de l’institut, le Pr Jean Gabriel Ouango, cette formation vise « à permettre aux uns et aux autres d’intervenir en première ligne c’est-à-dire que lorsqu’il y a une violence quelconque avec traumatisme psychologique, que ces compétences que nous avons formées puissent intervenir aux côtés, des sapeurs pompiers, des gendarmes, des policiers, de l’action sociale mais avec une spécificité particulière qui puisse aider à la récupération psychologique et mentale des personnes traumatisées ».

Remise symbolique dune attestation a un participant

Durant cette formation, les apprenants ont suivi des cours théoriques en plénière. La première unité d’enseignement, a relevé la directrice administrative de l’IMSA, concernait le diagnostic du psychotraumatisme. Ce thème a permis d’ausculter les thématiques sur les grands fondateurs du psychotraumatisme, les manifestations du psychotraumatisme chez l’adulte mais aussi chez l’enfant. La deuxième unité, poursuit Mariam Galbany, a porté sur la prise en charge du psychotraumatisme.

La troisième unité, quant à elle, était axée sur l’aide et le soutien à apporter aux personnes victimes de psychotraumatisme. « Si on prend l’exemple du Burkina Faso avec les attaques terroristes, les personnes impactées par ce fléau sont concernés. Ces personnes ont besoin d’un soutien psychologique pour pouvoir surmonter le problème auquel elles sont confrontées », a-t-elle indiqué.

Afin de mieux assimiler les cours théoriques, les participants ont pratiqué des exercices en groupe spécialisé suivis d’échanges. Cette troisième session de la formation sur la prise en charge du psychotrauma a bénéficié d’interventions en ligne de spécialistes de la question de France. Le fondateur de l’institut, Pr Kapouné Karfo, dans un mot qu’il a prononcé à l’occasion de la cérémonie de clôture, le samedi 29 janvier 2022, a félicité les participants pour leur écoute, leur discipline et assiduité. Il faut noter que cette cérémonie de clôture a été ponctuée par la remise des certificats aux participants.

Les participants lors de la formation

Ces certificats, loin d’être des petites choses d’écoles, est officiel. « Nous avons pris toutes les précautions pour qu’ils soient dûment reconnus par le ministère en charge de l’enseignement supérieur. C’est vraiment un document universitaire qui permet aux uns et aux autres de pouvoir l’utiliser dans leurs CV », soutient le directeur académique de l’institut. Et à la directrice administrative de rappeler les attentes des organisateurs à l’issue de cette formation. Elles se situent à deux niveaux. Les organisateurs souhaitent que cette formation puisse servir aux participants dans leurs activités quotidiennes mais aussi qu’ils puissent être leur relais dans leur pays respectif afin qu’il ait beaucoup plus de participants lors de la prochaine session. Toutefois, la participation à cette session de formation à un coût qui est de l’ordre de 400 000 F CFA pour les nationaux, et 450 000 F CFA pour les non nationaux. « Il y a également un tarif préférentiel pour les étudiants qui est de 150 000 F CFA. Il faut présenter sa carte d’étudiant pour pouvoir bénéficier de cette remise », ajoute Mme Galbany.

Aïssata Laure G Sidibé
Lefaso.net

Réactions de quelques participants

Dr Nicole Ahongbonon, médecin psychiatre exerçant au Bénin

"La formation s’est bien passée. J’ai quitté spécialement le Bénin pour le Burkina juste pour cette formation. Nous sommes en Afrique et dans la sous-région, nous vivons une situation particulière avec le djihadisme. A part cela, nous avons pleins d’événements qui peuvent être sources de psychotraumatisme des populations. Cette formation m’a permis de renforcer mes connaissances en matière de prise en charge du psychotraumatisme. C’était une très belle expérience qui a duré un peu plus d’une semaine. Je salue vraiment tout le personnel qui nous a permis d’avoir accès à cette formation. Je salue vraiment l’initiative. J’invite les professionnels de santé et toutes autres personnes à venir s’inscrire à cette formation parce que le psychotraumatisme est une problématique qui touche tout le monde peu importe le secteur d’activité."

Dr Nicole Ahongbonon, médecin psychiatre exerçant au Bénin

Fabius AOUANOU, médecin-généraliste

"Je retiens de cette formation que la prise en charge du psychotraumatisme est pluridisciplinaire. A côté de ça, il faudra que les autorités et la population elle-même puissent se mettre ensemble pour pouvoir améliorer les choses. Avec les compétences acquises, je vais améliorer mon diagnostic et la prise en charge des patients que je reçois. Egalement, je vais partager autour de moi, cette manière de mieux prendre en charge nos patients psychotraumatisés "

Fabius AOUANOU, médecin-généraliste

Frère Jean Eric Nahounou, religieux de saint Vincent de Paul en mission au Burkina Faso

" J’ai entendu parler de cette école depuis mon pays, la Côte d’Ivoire. J’ai appris ce qui s’y faisait et je me suis dit qu’il faille que je vienne participer à la formation certifiante sur la prise en charge du psychotraumatisme. En Afrique, beaucoup de personnes sont traumatisées mais on n’a pas les notions sur cela. Quand une personne est traumatisée, la personne gère cela tout seul. Alors qu’on ne connaît pas les séquelles. C’est dans ce sens que j’ai tenu à participer à cette formation. Aujourd’hui, j’en suis ravi. Je pars comblé parce que mes attentes ont été atteintes. Dans la mesure où aujourd’hui, je peux prendre en charge un traumatisé. Au cours des travaux, ils nous ont montré les B,A,BA pour reconnaître une personne traumatisée et comment prendre le patient en charge jusqu’à ce qu’il retrouve ses capacités physiques et psychologiques. Je remercie les initiateurs de cette formation et nous prions qu’elle aille de l’avant. Avec tous les maux que nous rencontrons aujourd’hui, je crois que ce certificat est le bienvenu."

Le Frère Jean Eric Nahounou, religieux de saint Vincent de Paul

Propos recueillis par ALGS