Tout petit, il mimait son père lors de ses prestations. Tchelo Ghislain Akoizam Tondé est le fils du musicien Roger Tondé, plus connu sous le nom de « l’homme au chapeau », et d’une ivoiro-burkinabè. Son père lui a appris à jouer de la guitare et, sans le savoir, lui a transmis les gènes de la musique. En grandissant, le petit garçon n’avait qu’une obsession, devenir un chanteur comme papa. Mais ses parents ne l’entendent pas de la même oreille. « Papa rêvait de me voir médecin comme il l’a été après sa carrière d’artiste. Les parents souhaitaient que je fasse de longues études avant de prétendre à une carrière d’artiste », se remémore-t-il.

Son premier amour a été la musique

A la fin de ses études secondaires, il décide de se lancer dans le rap. Son premier groupe se nomme LDL (Les défenseurs de la Loi) et le second Black Nega. Il se lance ensuite dans une carrière solo. Après des années dans la musique, il entame un autre chapitre de sa vie en devenant guide touristique. Ce travail lui permet de découvrir davantage le Burkina Faso et les pays environnants. Au Ghana où il séjournait, Tchelo fait une rencontre qui va marquer un tournant dans sa carrière. « J’ai rencontré un acteur qui m’a impressionné. Il m’a dit que j’avais du talent et qu’il fallait que je m’essaye au cinéma », explique-t-il. Au début, il était dubitatif. « Je trouvais que cela allait prendre mon temps alors que moi j’aime la liberté. J’aime les professions libérales ». Mais, l’homme décide quand même de tenter sa chance en se présentant à un casting. Malgré son manque d’expérience, il est retenu pour le rôle principal pour un film du réalisateur MCZ.

Les avides de célébrité, le talon d’Achille du cinéma burkinabè

L’appétit venant en mangeant, Tchelo Ghislain Akoizam Tondé finit par tomber amoureux du métier d’acteur. Il décide alors de se faire former. Et c’est le célèbre acteur Issaka Sawadogo qui lui apprends les ficèles de ce job. « J’ai eu la chance de tomber sur lui. Il n’a pas hésité à partager son expérience avec moi » se rappelle-t-il, encore étonné par la gentillesse du célèbre acteur. La formation finit par payer : de 2019 à ce jour, Tchelo Ghislain Akoizam Tondé a tourné dans une quinzaine de films. L’on peut citer : ‘’Voyage de nulle part ‘’ , ‘’ Le prix du risque’’, ‘’ Uzur ’’, ‘’ La team des belles rebelles’’ et la dernière en date, ‘’ De plus en plus loin’’.

Il est de ceux qui pensent qu’un acteur professionnel doit être en mesure « d’incarner tous les rôles ». Cependant, l’acteur admet qu’il a souvent refusé de travailler dans certains projets de films. « J’ai refusé de jouer dans certains films, pas par arrogance mais il y a des projets qui vous tirent vers le bas », dit-il.

L’acteur (au milieu) lors d’un tournage de film

Le métier d’acteur nourrit-il son homme au Burkina Faso ? « Etre acteur nourrit certaines personnes. Le cachet est souvent maigre pour d’autres acteurs », souligne-t-il. Mais il reconnaît que, grâce à la visibilité qu’il a eue par le biais du cinéma, d’autres portes lui ont été ouvertes.

Il dispose de plusieurs cordes à son arc : il est mannequin, artiste plasticien et agro-business man. Pour Tchelo Ghislain Akoizam Tondé, si le cinéma burkinabè a perdu son lustre d’antan, c’est en partie de la faute des acteurs qu’il qualifie de « m’as-tu vu ». « Ils viennent suivre nos films et ils sont séduits. Ils sont nombreux à vouloir faire du cinéma juste pour la célébrité. Des fois, le réalisateur appelle un professionnel pour tourner dans son film. Ce professionnel lui donne son cachet, il juge que la somme demandée est excessive. Pourtant c’est normal que l’on puisse vivre de son art. Ce réalisateur ira donc chez les "m’as-tu vu" qui sont prêts à jouer souvent même gratuitement. La conséquence est que le résultat à la fin n’est pas fameux », s’offusque-t-il.

Pour Tchelo Ghislain Akoizam Tondé, la formation est indispensable pour ceux qui souhaitent embrasser une carrière d’acteur

A ceux qui sont passionnés par le métier d’acteur, il leur donne un conseil : se faire former. « La plupart des anciens sont passés par le théâtre, mais les jeunes d’aujourd’hui ne veulent passer par aucune formation. Je n’ai pas fait du théâtre, mais je me suis formé dans cette discipline parce qu’il faut comprendre ce qu’on fait », a-t-il insisté.

Aujourd’hui, Tchelo Ghislain Akoizam Tondé rêve grand. Il veut conquérir l’Amérique et travaille dans ce sens : « Je rêve d’être sur les plateaux américains. Je veux jouer à Hollywood ». Il se dit conscient qu’une telle ambition nécessite d’énormes sacrifices, mais comme il le rappelle, « le travail peut mener à la concrétisation des rêves ».

Samirah Bationo
Lefaso.net