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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Moussa Diallo convaincu de l’implication de Gilbert Diendéré dans le coup du 15 octobre 1987

Publié le mardi 11 janvier 2022 à 16h28min

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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Moussa Diallo convaincu de l’implication de Gilbert Diendéré dans le coup du 15 octobre 1987

A l’issue de son récit sur les évènements du 15 octobre 1987, Moussa Diallo s’est preté aux questions des différentes parties. A la question d’un des avocats de la partie civile de savoir si la mort de Thomas Sankara était un suicide programmé, le témoin répond en ces termes. "Thomas Sankara savait qu’il allait mourir dans cette affaire. Il était prêt au sacrifice suprême. Il croyait en ses idéaux. Il a peut-être pensé que le meilleur service à rendre à la révolution était de se laisser tuer au lieu de tuer". Le magistrat militaire à la retraite ajoute qu’il a eu la nausée lorsqu’il a entendu le discours du Front populaire dans lequel Sankara était traité de renégat et de traitre. "C’était Thomas Sankara, l’âme de la révolution" appuie-t-il.

Moussa Diallo ne croit pas un instant à la thèse de l’accident quant aux événements du 15 octobre. Selon lui, c’est une insulte à l’intelligence publique, de dire que ce sont des éléments incontrolés de la garde de Blaise Compaoré qui ont fait le coup et que celui-ci n’a fait qu’assumer la situation. Blaise Compaoré est, selon le témoin, celui qui a le plus bénéficié de ce coup de force. Donc, impossible que cela ait pu se faire sans son aval. "Si c’est vrai, pourquoi ne les avoir pas sanctionnés ou pourquoi les avoir gardés à son service" ?, s’interroge le témoin.

En ce qui concerne la participation de Gilbert Diendéré à l’exécution du coup du 15 octobre, le témoin soutient qu’il est certainement celui qui a supervisé les choses depuis le conseil, sous la direction de Blaise Compaoré. "Gilbert Diendéré était au moins consentant ou bénéficiaire, vu son ascension après les évènements". Confronté au témoin au sujet de l’appel téléphonique qu’il aurait eu avec Moussa Ganda et qui s’est interrompu peu avant les premiers tirs, le général Gilbert Diendéré a affirmé ne pas avoir souvenance de la conversation. Il maintient qu’il n’était pas au conseil quand les premiers coups de feu se sont faits entendre, mais était plutôt en train d’aller à l’ENAM pour le sport.

Et pour ce qui concerne sa supposée supervision de l’opération depuis un balcon, le général soutient que le seul batiment à avoir un balcon au conseil était celui où a eu lieu le drame. Et il était occupé par Lengani qui, au moment des faits, était absent. Donc impossible d’y accéder. Face aux propos de Gilbert Diendéré, Moussa Diallo a demandé une commission rogatoire pour que soit entendu Moussa Ganda avec qui le général a conversé et qui est toujours vivant. Pour lui, écouter la version de la troisième personne devrait permettre d’éclairer l’opinion sur ce qui s’est réellement passé.

Lorsqu’un des avocats de Gilbert Diendéré lui demande s’il a gros sur le cœur parce qu’ayant subi des brimades sous le front populaire, ce qui pourrait sous-tendre son témoignage à la barre, le magistrat à la retraite répond par la négative. A l’en croire, il n’en veut à personne et ne cherche donc à accabler personne par son témoignage. Tout ce qu’il veut, ajoute-t-il, c’est la manifestation de la vérité parce que Thomas Sankara était une personne qui lui était chère. Il ajoute que le désert qu’il a vécu après le coup du 15 octobre 1987, l’a plutôt forgé et aidé à devenir ce qu’il est. " Si je n’avais pas été radié de l’armée, je n’aurais pas pu finir mes études en droit et devenir magistrat militaire. Et je suis très fier d’etre magistrat militaire", confie-t-il.

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