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Namsiguia, Centre-nord du Burkina : « Nous sommes plongés dans un niveau de pauvreté inégalée, la situation est critique » (porte-parole des populations en détresse)

Publié le lundi 10 janvier 2022 à 20h15min

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Namsiguia, Centre-nord du Burkina : « Nous sommes plongés dans un niveau de pauvreté inégalée, la situation est critique » (porte-parole des populations en détresse)

La situation sécuritaire dans la province du Bam, une des trois provinces de la région du Centre-nord, se dégrade davantage, se traduisant par des enlèvements, des tueries… et des populations qui continuent de fuir leur localité vers quelques bourgades, elles-aussi, progressivement prises en tenaille par les bandits armés et de plus en plus dépourvues de minimums vitaux. C’est ce qu’on peut retenir de cette conférence de presse de ressortissants de Namsiguia, ce lundi 10 janvier 2022 à Ouagadougou, au cours de laquelle, ils ont d’urgence appelé les autorités à venir en aide à ces populations en détresse.

« Les populations se retrouvent comme une personne qui est couchée, avec le genou de son adversaire sur sa poitrine ; elle ne peut pas respirer », décrivent Abdoul Karim Sawadogo et ses co-conférenciers, relevant que Namsiguia est la localité qui a subi le plus d’attaques de toute la province, voire de la région.

« Nous avons multiplié les rencontres et fait de notre mieux avec le dialogue pour qu’on se penche sur la situation alarmante de Namsiguia. Nous n’avons plus de choix que de prendre l’opinion nationale et internationale à témoin sur ce qui se trame à Namsiguia. D’ailleurs peut-on avoir le choix quand ceux qui nous ont mis au monde et fait de nous ce que nous sommes, nos frères, nos sœurs, bref ceux qui nous sont si chers, sont aujourd’hui comme des naufragés en pleine mer et se demandent dès l’aurore s’ils verront le crépuscule et regardent chaque nuit étoilée comme si c’était la dernière fois ? Ils vivent chaque jour comme si c’était le dernier. Ils n’en peuvent plus et appellent à l’aide !!! (…). Namsiguia a connu le plus grand nombre d’attaques de la province dont il relève. En effet, à la date du 5 janvier 2022, il a enregistré sa 30e attaque. Encerclées par les terroristes qui déroulent sans peine leur stratégie d’étouffement en occupant les points névralgiques, comme le barrage de Kourao et les puits de Basnéré, les populations sont affamées et assoiffées. Elles vivent dans une prison à ciel ouvert. Impossible d’aller au chef-lieu, Bourzanga, du fait du blocus des terroristes à Kaifaye situé à 2 km où ils contrôlent les cars et les camions et enlèvent les ressortissants de Namsiguia.

Au regard de la conjugaison de ces faits, le village est à bout de souffle. C’est pour attirer l’attention des autorités sur leur situation des plus dramatiques que les déplacés internes et leurs hôtes de Namsiguia ont bloqué la RN 22, du lundi 6 au mercredi 8 décembre 2021. Des dizaines de camions chargés de marchandises pour Djibo et les cars de transport en commun ont été alors bloqués. Les manifestants ont exigé, sans succès, et ce, pendant 72 heures, la présence des autorités pour prendre leurs doléances. Grâce à la médiation entreprise au prix d’énormes sacrifices par les sages du village et les ressortissants de la localité à Ouaga, le blocus a été levé dans la nuit du mercredi à jeudi 9 décembre 2021, permettant ainsi la reprise immédiate du trafic », décrivent les conférenciers, ajoutant que depuis début décembre 2021, les attaques sont quasi-quotidiennes et sont parfois soldées par mort d’homme, vol de bétail, enlèvements.

En effet, Namsiguia relève de la commune de Bourzanga, province du Bam, région du Centre-nord, et est la deuxième plus grande localité de ladite commune.

Traversée de part en part par la route nationale N°22 reliant Ouagadougou à Djibo, elle est la dernière localité du Bam avant le Soum, située à 20km de Bourzanga et 36 km de Djibo. Depuis 2019, le village accueille des milliers de déplacés internes venus des villages environnants et même d’autres provinces. Ce patelin qui a fait preuve de résilience est dans le viseur des terroristes qui la considèrent comme le verrou à sauter pour mieux s’implanter dans la zone et étendre leur emprise aussi bien dans le Bam que dans le Soum. Depuis début décembre 2021, les attaques sont quasi-quotidiennes et sont parfois soldées par mort d’homme, vol de bétail, enlèvements, etc.

« Nous sommes plongés dans un niveau de pauvreté inégalée, les paysans ne peuvent plus cultiver, cela fait trois ans maintenant. La situation est aujourd’hui critique de par l’absence de mobilité », expliquent les conférenciers.

Ils reviennent sur les doléances formulées par les populations, à savoir libérer le tronçon Namsiguia-Bourzanga long de 20 km sur la route nationale N°22 (RN 22) où les terroristes contrôlent l’identité des usagers ; organiser un ratissage dans la zone pour la permettre de souffler un tant soit peu ; renforcer les capacités des FDS (Forces de défense et de sécurité) et VDP (volontaires pour la défense de la patrie) de Namsiguia en augmentant leur nombre et en les dotant de matériel ; décentraliser l’aide humanitaire à Namsiguia qui accueille le plus de déplacés dans la commune et dont le nombre s’accroît au quotidien suite aux récentes attaques dans la zone ; permettre urgemment l’accès aux points d’eau de Basneré et au barrage de Kourao situé à seulement quatre kilomètres ; augmenter le nombre de forages et réparer ceux en panne.

A en croire Abdoul Karim Sawadogo et ses frères de la localité, les populations de Namsiguia ont l’espoir placé en l’arrivée du nouveau Premier ministre, Dr Lassina Zerbo, et au discours qu’il tient vis-à-vis de cette préoccupation cruciale : la dégradation de la situation sécuritaire.

O.L
Lefaso.net

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