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Procès Thomas Sankara et douze autres : « Blaise Compaoré est un menteur et il vit continuellement dans le mensonge », déclare Nelly Nordor

Publié le mercredi 5 janvier 2022 à 21h50min

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Procès Thomas Sankara et douze autres : « Blaise Compaoré est un menteur et il vit continuellement dans le mensonge », déclare Nelly Nordor

Le procès-verbal de l’audition de Nelly Nordor, médecin gynécologue, ancien ambassadeur du Ghana au Burkina Faso sous la présidence de John Jerry Rawlings a été lu, après celui de son président de l’époque, ce mercredi 5 janvier 2022.

L’ancien ambassadeur du Ghana au Burkina Faso, est d’abord revenu sur les préliminaires qui ont abouti au 15 octobre 1987. Il a relevé la réunion non tenue entre les quatres leaders de la révolution (Ndlr, Thomas Sankara, Blaise Compaoré, Boukari Jean Baptiste Lingani et Henri Zongo) en août 1987. Une réunion, d’après lui, se tenait régulièrement.

"Après cette date, avec quelques amis, dont Stanislas Spero Adotevi (Ndlr, philosophe, homme politique béninois), j’ai entrepris de rencontrer Thomas Sankara pour connaître les raisons des dissensions entre lui et son ami (Blaise Compaoré) et essayer s’il y a lieu, de tenter une médiation. Il (Thomas Sankara) nous fera comprendre que si Blaise Compaoré voulait son fauteuil, nul besoin de faire un coup d’État. Il n’avait qu’à demander", se rappelle-t-il.

Des confidences qui en disent long

Le diplomate ghanéen a, dans sa déposition, fait cas d’une confidence faite par le diplomate des États-Unis à l’époque, à son adjoint (l’adjoint de Nordor). Le diplomate américain avouait, en effet, son antipathie pour la révolution de Thomas Sankara. Pire, il prédit une courte durée à la révolution burkinabè.

Après l’assassinat de Thomas Sankara, Nelly Nordor déclare avoir été invité par Blaise Compaoré pour tenter de lui expliquer ce qu’il s’était passé. " Je n’étais pas là. J’étais malade. Ce sont des militaires incontrôlés qui ont commis l’acte", aurait tenu Blaise Compaoré à l’ambassade Nordor. Et lui de répondre : " Tu es un menteur. Thomas Sankara a été liquidé". Il précise que l’entretien s’est mal terminé. Blaise Compaoré est un menteur et il vit continuellement dans le mensonge, darde le diplomate.

Le 15 octobre 1987

"Le 15 octobre 1987, entre 16h et 16h15, j’étais dans ma résidence quand les tirs ont retenti au conseil de l’Entente. Je reçois un appel de mon ami Stanislas Spero Adotevi me demandant si j’entendais les tirs. A peine après avoir raccroché avec lui, Etienne Zongo m’appelle pour me dire que sa cour avait été encerclée par des militaires. Je fonce chez lui pour le tirer d’affaire. A mon arrivée, les militaires venaient de mettre la main sur lui et voulaient l’embarquer. Je me suis opposé à cela. Et j’ai lancé aux militaires, "soit vous le libérez ou bien vous me fusillez". Revenu à ma résidence, j’ai appelé Blaise Compaoré pour lui dire d’arrêter de tuer les gens et de laisser tranquille Étienne Zongo. Il m’a répondu en disant qu’il n’avait pas donné l’ordre de l’arrêter", a-t-il raconté.

Après lui, l’officier militaire ghanéen à la retraite, Kodjo Tshikata, "a fait sa déposition" par la lecture du procès-verbal de son audition.

Kodjo Tshikata, dans sa déposition, est revenu sur un fait qui pourrait apporter un plus au procès Thomas Sankara et ses compagnons. Il a révélé que trois à quatre jours avant l’assassinat de Thomas Sankara, Blaise Compaoré serait venu au Ghana en "catimini" sans aviser les autorités du pays.

Le numéro deux de la révolution d’août 1983 (Blaise Compaoré) serait descendu chez l’ambassadeur du Burkina Faso au Ghana, à l’époque.

"Après la mort de Thomas Sankara, il est venu officiellement pour tenter d’expliquer les circonstances de cette mort. John Jerry Rawlings n’a pas voulu le recevoir à Accra mais plutôt à Tamalé. Cette rencontre était tendue. Blaise Compaoré n’a pas pu convaincre et il est reparti mécontent", examine-t-il.

L’audience a été suspendue après la fin de la lecture du procès-verbal de cet officier militaire ghanéen. Elle reprend lundi 10 janvier 2022, avec l’audition par vidéoconférence des plusieurs témoins vivant à l’extérieur du pays.

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