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Quinquennat : Le plus dur reste à faire...

Publié le vendredi 18 novembre 2005 à 00h00min

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Oublié la grande kermesse politique qui aura apporté des couleurs au paysage du Faso ces trois dernières semaines. Les candidats à la présidentielle attendent fébrilement la proclamation des résultats provisoires qui pourraient, selon des sources officielles, intervenir aujourd’hui même. Ici et là, on se livre à des projections : y aura-t-il surprise ?

De nombreux observateurs ne le pensent pas. Sauf extraordinaire, le résultat final pourrait venir confirmer ce que beaucoup pressentaient. Pour nombre de candidats au marathon qui vient de se dérouler, les fruits n’auront pas porté la promesse des fleurs. Mais sans doute donneront-ils à leurs compatriotes l’occasion de les revoir à la session prochaine !

Longtemps encore, on épiloguera sur ce que fut la campagne, avec ses maux et ses petits mots, l’excès de zèle de certains qui aura malheureusement joué un rôle négatif dans une campagne électorale que tous souhaitaient apaisée. Les leçons de militantisme n’ont jamais suffi, et la pédagogie devrait être permanente. Sinon les principes qu’un régime démocratique aspire à poursuivre pourront être en danger, si chacun ne cesse pas de faire semblant, ou de ne pas dire vrai.

Quoi qu’on dise, un autre pas a été effectué sur la voie de la démocratie, et c’est le lieu de féliciter et d’encourager la presse, qui aura prouvé son utilité et la nécessité de son existence. Des médias qui ont refusé d’être une certaine presse telle qu’on en voit sous d’autres cieux, avide de sensationnel et esclave d’un lectorat et d’un auditoire que d’aucuns avaient cru maladivement inquiets et rageurs.

A présent, les regards sont tournés vers celui-là qui aura la lourde mission de conduire le Faso pendant les cinq années à venir. Une campagne s’est achevée, mais une autre s’ouvre, plus ardue celle-là et qui attend une pléthore de partis politiques dans les couloirs du palais présidentiel. Combien sont-ils très exactement ; combien sont-ils, ceux qui, dans l’ombre, auront apporté leur concours à la victoire et attendent un « retour d’ascenseur » ? Nombreux, sans doute. Une équation à plusieurs inconnues que devra résoudre le « champion », seul. Vaste programme !

’’Rien ne sera plus comme avant’’, murmure-t-on dans certains cercles qui entendent s’impliquer davantage dans la gestion des affaires. Très généralement, ils souhaiteraient voir s’éteindre définitivement cette crise qualifiée d’éthique qu’a très souvent connue le Faso : c’est la pratique même de la politique qui a prévalu un certain temps qui est en question. Et de rappeler cette volée de faits-divers financiers qui a abondamment alimenté les conversations et qui avait engendré un malaise social évident. Ne dit-on pas souvent que le vrai scandale c’est le soupçon qui pèse sur l’homme public ?
A entendre l’homme de la rue, les problèmes réels des populations restent l’insécurité, la faiblesse du pouvoir d’achat et le phénomène grandissant de la corruption dont il faudra à tout prix éviter l’industrialisation.

On le constate, le plus dur reste à faire, et le choix des hommes devant constituer l’équipe dirigeante ne sera guère aisé : l’heure est à la tenue des ’’promesses’’, à la matérialisation des ’’deals’’ d’avant-match. Mais on sait aussi qu’en politique presque toujours le résultat est contraire à la prévision, pour la simple raison que lorsque les enjeux sont élevés, cela a pour effet de réduire les chances d’accord...

Au delà du jeu des équilibres qui ne manquera pas de s’inviter à toutes les tractations à venir, il faut admettre que la philosophie des textes régissant le pouvoir procure au premier magistrat une marge de manuvre appréciable, une philosophie fondée sur le fait qu’il convient de donner à l’Exécutif toute sa plénitude, parce que légitime d’abord par le soutien d’une majorité parlementaire, puis par l’élection de son chef par le suffrage universel. On attend donc de voir.

L’avenir dira certainement si le soutien multiforme apporté au candidat du parti majoritaire n’aura pas constitué le catalyseur d’un cataclysme au sein de certaines formations politiques : beaucoup entrevoient déjà une profonde recomposition du paysage politique qui réduirait conséquemment la pléthore de partis à l’état végétatif, et rendrait plus lisibles les différents programmes. Des fusions et dissolutions en perspective...

Une nouvelle page de l’histoire du Faso vient d’être écrite avec cette élection présidentielle ouverte que nombre d’observateurs saluent. Nul doute que les différentes déclarations que l’on a eu à entendre auront certainement un impact dans l’opinion, qui pourrait déboucher au sein de l’équipe dirigeante à venir sur l’émergence d’hommes nouveaux. Reste à souhaiter que ce ne soit pas pour de vieilles manières de penser et d’agir !

A. Pazoté

JOurnal du jeudi

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