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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Confronté au témoin Ismaël Diallo, Jean Pierre Palm nie avoir été chez lui le 16 octobre 1987

Publié le lundi 6 décembre 2021 à 12h19min

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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Confronté au témoin Ismaël Diallo, Jean Pierre Palm nie avoir été chez lui le 16 octobre 1987

« Je n’avais aucune information qui me permettait de penser qu’il y aurait un coup de force le 15 octobre 1987 », a déclaré Ismaël Diallo, témoin au procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et de ses compagnons.

Proche de Thomas Sankara et de Blaise Compaoré, Ismaël Diallo a indiqué qu’il était en contact régulièrement avec les deux hommes. D’ailleurs, dans la matinée du 16 octobre 1987, il avoue avoir été reçu par Blaise Compaoré dans son bureau. Mais au préalable, il dit avoir posé deux questions au nouveau maître du pays.

Ismaël : As-tu dit de tuer Thomas Sankara ?

Blaise : Non. Je voulais le faire arrêter samedi et le forcer à démissionner

(Je lui ai dit que samedi c’est demain et que Thomas est mort jeudi)

Ismaël : Est-ce que la révolution continue ?

Blaise : Elle continue bien sûr.

Alors qu’il était avec Blaise Compaoré, le commandant Boukari Lingani entre dans le bureau. Pour la partie civile, il n’y a nulle part les traces d’échanges avec Blaise après que ce dernier a répondu aux questions posées par Ismaël Diallo. « Je peux jurer sur tout ce que vous voulez, mais je vous dis ce qui s’est passé », a déclaré le témoin.

Par la suite, le président du tribunal a accédé à la demande de confrontation du parquet entre Ismaël Diallo et le colonel Jean-Pierre Palm. En effet, le témoin a déclaré à la barre avoir reçu la visite de Jean Pierre Palm, le 16 octobre 1987, avant 9h. Il serait venu à la demande de Blaise Compaoré prendre de ses nouvelles. Pourtant l’accusé Jean Pierre Palm est catégorique « Je ne suis pas parti chez Ismaël le 16 octobre. Je le respecte beaucoup mais je n’ai pas été chez lui. Le 16 octobre, je n’ai vu Blaise qu’une seule fois. Il m’a demandé de me mettre à la disposition du commandant Lingani », s’est défendu l’accusé.

Et le témoin de répliquer : « C’est sa parole contre la mienne. » Il dira par la suite être un bon ami de l’accusé. « Votre amitié, c’est très bien mais ça ne nous arrange pas dans ce dossier. Dites ce que vous savez », ordonne le président du tribunal.

Avant de terminer sa déposition, Ismaël Diallo dira que ce qu’il a dit au tribunal est le résultat de ses observations et non le résultat de révélations de qui que ce soit. « Il pouvait y avoir des bisbilles entre deux personnes. Mais des bisbilles entre notre Thomas et Blaise pouvaient porter un coup à la pérennité de la révolution. A qui le crime a-t-il profité ? Je ne peux pas affirmer que Blaise était le maître d’œuvre de A à Z, mais je peux affirmer qu’il n’était pas étranger à ça. »

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Vos commentaires

  • Le 6 décembre 2021 à 12:42, par Dominique En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Confronté au témoin Ismaël Diallo, Jean Pierre Palm nie avoir été chez lui le 16 octobre 1987

    "A qui le crime a t’il profité ?"
    Entre autres, grandement à Salif Diallo ...

    • Le 7 décembre 2021 à 06:34, par Mechtilde Guirma En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Confronté au témoin Ismaël Diallo, Jean Pierre Palm nie avoir été chez lui le 16 octobre 1987

      Web-master je renvoie mon post parce qu’au lieu de « Saharaouis », j’ai mis Numibiens. Ce qui est diamétralement opposé. Merci de la correction.
      un ami personnel à lui, lui aurait confié, lors d’un voyage au Niger, que les présidents du Mali, de la Côte d’Ivoire et du Togo, d’alors, auraient contacté "Paris" pour organiser un "contre coup" à Ouagadougou, donc contre Thomas Sankara (Ismaël Diallo).

      Tout à fait Dominique. Tout le monde crie surtout ici en Occident que ce sont les Mossé qui ont tué Sankara parce qu’il était peuhl. Moi je ne veux pas rentrer dans ces débats. Peut-être c’est vrai, peut-être aussi c’est faux. Mais il y a lieu considérer le contexte dans lequel se passait la révolution de Sankara :

      1) on n’avait pas fini encore de panser les plaies de la guerre du Biafra
      2) de longue date on parlait d’une scission à Ouagadougou qui créerait la République de Kédougou et qui restaurerait l’empire Mandingue de Soundiata Keïta par la modification des frontières.
      3) En Côte d’Ivoire Houphouët n’avait pas fini avec la révolte des Agni, pourtant, disait-on, branche de l’ethnie Baoulé.
      4) En Afrique de l’Ouest un mouvement peuhl semblait s’être créer pour envisager la création de la République peuhle du Macina.

      Or l’arrivée de Sankara semblait répondre à l’aspiration de ces tendances. Un indice en effet : Au discours prononcé lors du repas offert au Président Mitterrand : Sankara semblait s’être octroyé le droit de représentativité et de parler au nom des États concernés dans ses discours enflammés qui invitaient leur jeunes à l’action révolutionnaire. Y compris d’autres régions lointaines par exemple :

      - Il récita brillamment, les leçons reçues sur la question de walvis-bay en Namibie.
      - Il menaça le Maroc avec chaque goutte de sang des Saharaouis versée
      - Et pourtant, concernant le Burkina, Rien ! Ou presque si l’on veut. Ce qui était bizarre.

      Au Ministère des Affaires-Étrangères de l’époque, nous avons su que Son Excellence Ismaël Diallo avait effectué une mission très secrète, lui-même déguisé et à la place du Ministre de Tutelle et sans que Blaise Compaoré en fut informé. Et Salif Diallo avait bel et bien sa partition dans ce gouvernement autocrate de Sankara.

      C’en était trop pour qu’on ne puisse pas penser que la tête de la révolution burkinabé était secrètement dirigé par une révolte peuhle et des peuhls, et l’action de Sigué ne faisait qu’ajouté à cet imbroglio !...

      Toujours est-il que les pays ci-dessus cités avaient réagi et informé Sankara, qu’ils ne voulaient de sa révolution dans leur pays.

      Soit dit en passant que je ne suis pas anti-peulh, ma grand’mère paternelle est peuhle. Ce que je veux dire ici, il y a une histoire peuhle chez les Mossé depuis les origines mais que les historiens occidentaux n’ont jamais connue. Une histoire qui est loin de celle couramment citée : Modibo qui s’était empiré de l’empire moagha. Mais une histoire bien plus belle mais reste le domaine propre des traditionnels : Il n’y a pas une seule cour des rois mossé sans son silmi-naaba, c’est à dire son chef peuhl. Par ailleurs, il ya au nord du Burkina, dans le pur Sahel, un grand royaume peuhl : C’est le Lib-Taako. Les Mossé n’ont jamais eu de problème avec ce grand royaume.

  • Le 6 décembre 2021 à 14:58, par TANGA En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Confronté au témoin Ismaël Diallo, Jean Pierre Palm nie avoir été chez lui le 16 octobre 1987

    PALM nie tout en bloc.
    Maintenant dites lui qu’il est Burkinabè, il vous dira que c’est faux. Essayez voir.
    Est ce possible que tout ceux qui ont témoigné cherchent à enfoncer PALM ? Et pourquoi ? il n’a qu’à faire pardon reconnaitre ce qui est vraie.

  • Le 6 décembre 2021 à 17:16, par Un Burkinabê En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Confronté au témoin Ismaël Diallo, Jean Pierre Palm nie avoir été chez lui le 16 octobre 1987

    Palm est cas même fort ; il balaie du revers de la main tous les témoignages même ceux du camp de Blaise. Suis sûr que même si Blaise témoignait contre Palm, il le balayerait du revers de la main. Pour moi il est clair. Ce sont des soldats qui ont tiré sur le PF et ce dans un camp militaire.
    1- aucun militaire ne peut tirer une munition sans permission ou ordre donné par un supérieur. Tout est consigné au détail prêt. C’est pourquoi on parle de corps le plus discipliné. Tous les soldats en dessous de Kaf. avaient peur de lui parce leur supérieur.
    2- lors d’une interview du Général Djibril Bassolet suite aux bavures policières qui ont abouti aux décès des élèves, il disait que lorsqu’une caserne est attaquée la riposte se fait à balles réelles. Pourquoi les soldats du Conseil n’ont-ils pas riposté lorsque le commando a attaqué ?
    3- je ne sais pas si ce procès valait la peine. La scène s’étant passée dans une caserne militaire je pense que la hiérarchie militaire a tout les détails et la vérité. Même à la guerre au front où beaucoup de soldats sont impliqués l’on sait avec exactitude qui a fait quoi, qui a tiré et le nombre de munitions tirées et cibles atteintes par personne. Le Président du Tribunal devrait plutôt se focaliser sur la thèse du complot et des commanditaires extérieurs du Faso.

  • Le 6 décembre 2021 à 17:26, par Truman En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Confronté au témoin Ismaël Diallo, Jean Pierre Palm nie avoir été chez lui le 16 octobre 1987

    Dans les jours à venir, il niera même s’appeler Jean-Pierre Palm.

  • Le 7 décembre 2021 à 07:50, par Ka En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Confronté au témoin Ismaël Diallo, Jean Pierre Palm nie avoir été chez lui le 16 octobre 1987

    Si un jour au cours d’une confrontation entre Jean P. Palm et un témoin, et qu’il il reconnait les faits, ce jour-là, le président du Faso Roch Kaboré le décernerait la médaille d’honnêteté. En attendant le monde entier suivant ce procès, sait qu’il n’est qu’un menteur. Que pensent ses enfants ? Ces descendances ? Et dire qu’il faisait partie de ceux qui ont juré de protéger le peuple Burkinabé.

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