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Soumane Touré, candidat à la présidence du Faso : “Je ne reconnais pas les chiffres...”

Publié le samedi 19 novembre 2005 à 17h59min

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Soumane Touré

Arrivé en huitième position sur treize, le candidat du Parti africain pour l’indépendance (PAI) a recueilli au total 23 433 voix soit 1,074% du suffrage exprimé. A la publication des résultats provisoires, hier vendredi 18 novembre, Soumane Touré s’est montré très critique.

Il recuse les résultats obtenus par son parti et affirme que « ces élections ont décrédibilisé tout le processus démocratique en place au Burkina Faso ».

Sidwaya (S.) : La CENI vient de publier les résultats provisoires du scrutin présidentiel et vous êtes classé huitième, quelle impression cela vous fait ?

Soumane Touré (S.T.) : C’est un goût d’inachevé dans cette consultation électorale. Il y a précisément un des objectifs du PAI qui n’a pas été atteint à cette présidentielle, c’est celui des chiffres. Nous voulions savoir, quels sont les suffrages qui allaient être réellement exprimés pour le PAI. Mais la mauvaise organisation et la fraude ont été importantes si importantes qu’on ne puisse pas connaître cette expression de la volonté populaire. Je ne reconnais pas les chiffres qui ont été exprimés pour la simple raison que d’autres chiffres m’ont été communiqués après les premiers dépouillements par mes responsables. Les chiffres fournis par la CENI ne concordent pas avec ceux qui sont sortis des urnes.

Les chiffres ne reflètent rien à mon avis. On a voulu un certain pourcentage pour Blaise Compaoré. Quant aux autres on a voulu les classer selon le sondage du CGD (Centre pour la gouvernance démocratique). C’est pour vous dire que tout est fait à l’envers, n’importe comment et dans une pagaille totale. Maintenant, nous sommes sérieux, nous ne nous faisons pas des illusions quant à battre Blaise Compaoré dans ce scrutin.

Mais nous pensions arriver à un certain résultat, à un chiffre. Nous pensons honnêtement que nous aurions pu multiplier par dix nos suffrages obtenus aux législatives. Avec près de 64 000 voix, nous nous disons que nous aurons 500 000 ou 600 000 voix par là et nous-mêmes, nous nous sommes fixé un objectif d’un million de voix selon l’organisation et le travail que nous avons faits.

Mais les choses ont été organisées de telle sorte que se suffrage ne s’est pas exprimé. On avait deux préoccupations, celle d’obtenir les 80 pour cent pour Blaise Compaoré et celle aussi d’écraser certains et particulièrement le PAI parce que notre candidature agaçait sérieusement Blaise Compaoré et nos amis du CDP à tel point qu’ils veulent nous démontrer que nous ne sommes rien. Et pour ça, ils sont passés complètement à côté de la plaque, ils se sont complètement ridiculisés.

Acceptez-vous néanmoins les résultats du scrutin ?

S. T. : Je vous ai dit que je les refuse. Je refuse, je rejette ce scrutin et ce ne sont pas des propos de perdant. Rappelez-vous que le PAI a été le parti qui, dans des lettres ouvertes a dénoncé l’illégalité et l’irrégularité par rapport aux procédures constitutionnelles de la mise en place des démembrements de la CENI parce que quand le Conseil constitutionnel va vouloir examiner les choses, il faut les prendre dès le début. Ils n’ont pas repris la mise en place des démembrements de la CENI. Nous n’avons pas été les seuls à le dénoncer dans la presse. L’ADF/RDA et dix autres partis dénonçaient la même chose et demandaient comme nous la reprise de la mise en place des démembrements de la CENI.

Les gens ont fini par croire que c’était un problème personnel avec le président de la CENI. Je dis non. Quant les choses commencent mal il faut le dire, il faut le dénoncer. Le secrétaire à la communication du groupe parlementaire CDP à l’époque avait écrit pour défendre le président de la CENI. Nous avions répondu et ça été une polémique. Nous sommes ceux qui ont écrit pour dénoncer le non affichage des listes électorales. Ce que même les observateurs qui sont venus participer à ce scrutin ont dénoncé. On a vu nulle part des listes affichées. Nous dénonçons la CENI avec tous ses membres de complicité avec le CDP et le candidat Blaise Compaoré parce qu’ils ont fabriqué de mauvaises listes, il n’y a même pas une numérotation des listes.

Je peux comprendre que des gens n’aient pas leurs noms sur les listes, mais des gens ne peuvent pas avoir retiré leurs cartes d’électeurs et on ne retrouve plus leurs noms. Cela est bizarre. Comment quelqu’un peut-il retirer sa carte d’électeur muni des pièces avec lesquelles il s’était inscrit et le jour du vote, on ne retrouve pas son nom sur la liste. Il y a ce scandale de liste qui a permis des votes et des inscriptions multiples.

Propos recueillis par Romaric Ollo HIEN (romaric_hien@yahoo.fr )

Sidwaya

P.-S.

Voir notre dossier :
Présidentielle 2005

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