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Simon Sandaogo, instituteur certifié à l’école Batié C : « Si chacun accomplissait correctement ses tâches, il n’y aurait pas de baisse du niveau des élèves »

Publié le lundi 22 novembre 2021 à 08h55min

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Simon Sandaogo, instituteur certifié à l’école Batié C : « Si chacun accomplissait correctement ses tâches, il n’y aurait pas de baisse du niveau des élèves »

La rentrée 2021-2022 est effectuée. Le corps enseignant de même que les élèves se fixent des objectifs pour une année scolaire réussie. Cependant, au cours de l’année scolaire écoulée (2020-2021), certains enseignants se sont distingués à travers d’excellents taux de réussite dans leur catégorie. Tel est le cas de Simon Sandaogo, instituteur certifié à l’école Batié C, dans le Noubiel, qui a fait avec sa classe de CM2 un taux de réussite de 100% au CEPE 2021 et 98,18% de réussite à l’entrée en 6e avec un effectif de 55 élèves soit 54 sur 55.

Lefaso.net : Depuis combien de temps enseignez-vous ?

Simon Sandaogo : J’enseigne depuis l’année scolaire 2011-2012, soit onze ans de service.

Vous avez fait 100% au CEPE 2021 et 98,18% de réussite en entrée en 6e avec un effectif de 55 élèves soit 54 sur 55 en cette année 2021, quel est votre secret pour atteindre un tel résultat ?

Il n’y a pas de secret. Le secret c’est le travail, le don de soi, l’acceptation du sacrifice. Il y a aussi la motivation de la hiérarchie avec une remise d’attestations de mérite aux meilleurs enseignants initiée par l’inspecteur Bèbè Hien. Il y a aussi les JOURDEN (Journée de reconnaissance du député à l’enseignant).

Est-ce la première fois que vous atteignez un tel résultat ?

Oui c’est la première fois que j’atteins ces objectifs, c’est-à-dire 100% au CEPE.

Comment ce succès a été accueilli autour de vous : hiérarchie, parents d’élèves, amis ?

La nouvelle a été très bien accueillie par la hiérarchie, surtout avec mon inspecteur Bèbè Hien. Les encadreurs m’ont également beaucoup félicité sans oublier mon directeur Mamadou. Cela m’a beaucoup encouragé.

Au niveau des parents d’élèves, après les résultats, chacun voulait m’avoir au téléphone où me rencontrer pour me féliciter et m’encourager. Et jusqu’aux environs de 17h, j’avais de la peine à décrocher mon portable parce que mes oreilles me faisaient très mal. Les amis, c’était aussi des appels et SMS sur le WhatsApp pour me féliciter. Vraiment la nouvelle a été très bien accueillie par l’ensemble des acteurs et même jusqu’aujourd’hui il y a des gens qui cherchent à savoir qui est Monsieur Sandaogo.

Souvent quand je passe quelque part on m’interpelle : Ah, c’est Monsieur Sandaogo ! Félicitations, on a appris les résultats sur les réseaux sociaux, les gens m’ont appris la nouvelle…Vraiment c’était très bien accueilli jusqu’à la classe politique car certains politiciens m’ont appelé aussi pour me féliciter.

Qu’est-ce qui vous motive particulièrement dans l’enseignement quand on sait qu’aujourd’hui, ce domaine n’est pas très attractif pour la plupart des jeunes en quête de boulot ?

Ce qui me motive dans l’enseignement, c’est cette satisfaction morale quand je vois les enfants réussir. C’est, je crois, cette satisfaction morale qui motive tout un chacun quel que soit le domaine dans lequel il évolue. Donc pour ma part c’est la réussite des enfants qui me motive. Quand tu atteins cet objectif, tu te dis que tu as accompli une tâche noble parce que l’enseignement, c’est un sacerdoce. On sait que c’est un métier ingrat car souvent quand tu rencontres tes anciens élèves et il n’y a pas d’échanges, c’est comme si vous ne vous êtes jamais côtoyés.

Mais toi l’enseignant, ce qui te rends joyeux, c’est d’avoir pu accomplir une tâche, d’avoir façonné quelqu’un qui, aujourd’hui, a réussi ou qui, demain, va te remplacer valablement. Quand tu encadres par exemple un élève de CP1 qui ne sait pas encore lire, qui ne connaît aucune lettre de l’alphabet, que tu vas façonner à ta manière et que, du coup, tu le vois réussir, tu te dis à toi-même que c’est une satisfaction morale, c’est ce qu’il fallait accomplir.

Ces dernières années, on assiste à une baisse du niveau des élèves, qu’est-ce qui peut expliquer cela ?

Concernant la baisse du niveau des élèves, je dirais que ce n’est pas du tout surprenant. Je pense que tous les acteurs sont accusés. Que ce soient les décideurs, les enseignants, les élèves et les parents d’élèves, les responsabilités sont engagées. Si chacun accomplissait correctement ses tâches, je pense qu’il n’y aurait pas cette baisse-là. Aujourd’hui, on parle beaucoup plus des droits des enfants mais on parle moins de devoirs. On parle de lois qui protègent les enfants, c’est bien, mais les conditions et les commodités que les enseignants ont aujourd’hui pour prendre en charge les enfants de nos jours ne sont pas conformes à la réalité.

Par exemple, chez nous au Burkina Faso, nous avons les curriculas de 1989-1990. Il faut les changer et adapter ce qui peut être bien pour l’encadrement de ces enfants. Il y a des enseignants qui travaillent sous paillote, donc ils ne sont pas dans les conditions requises pour enseigner ces enfants. Du coup, cela se répercute sur le rendement. Il faut que tous les acteurs, à savoir les parents d’élèves, les élèves, les enseignants, les décideurs, que chacun fasse son travail.

Quels conseils avez-vous pour vos collègues enseignants pour atteindre un bon résultat ?

Le conseil que j’ai à donner pour faire un bon résultat : il faut aimer ce qu’on fait, accepter le sacrifice, le don de soi, diminuer les loisirs autant que faire se peut. Il faut rester concentré jusqu’à la fin.

Propos recueillis par Haoua Touré

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Vos commentaires

  • Le 20 novembre 2021 à 20:39, par Ed51 En réponse à : Simon Sandaogo, instituteur certifié à l’école Batié C : "Si chacun accomplissait correctement ses tâches, il n’y aurait pas de baisse du niveau des élèves"

    C’est bien que les élèves réussissent. C’est aussi important de considérer que les enseignants sont là pour faciliter leur réussite plus que pour les façonner.
    L’année 2019-2020 a été une année où on a fait l’erreur de ne pas envoyer les enfants à l’école par crainte d’une maladie Covid qui ne menaçait nullement les campagnes.
    L’effectif des classes est un des critères qui participent car 100 élèves dans une classe pour un seul enseignant et pas une place assise pour chacun, ce n’est pas facile.
    Les méthodes d’enseignement ont besoin d’être revues car elles ne correspondent plus aux connaissances en matière de pédagogie.
    Il faut aussi ajouter que le cerveau a besoin que les enfants mangent suffisamment.

  • Le 22 novembre 2021 à 08:07, par al Pacino En réponse à : Simon Sandaogo, instituteur certifié à l’école Batié C : "Si chacun accomplissait correctement ses tâches, il n’y aurait pas de baisse du niveau des élèves"

    Comme quoi,il ya toujours des Burkinabè intègres qui aiment ce qu’ils font quelque soit l’adversité et l’ingratitude des gens à leur endroit .Bravo digne fils du Faso, ton don de soit sera payer.

  • Le 22 novembre 2021 à 10:03, par Vérité Indiscutable En réponse à : Simon Sandaogo, instituteur certifié à l’école Batié C : "Si chacun accomplissait correctement ses tâches, il n’y aurait pas de baisse du niveau des élèves"

    Ca fait très plaisir de voir des hommes de ce genre dans le pays. Quelque part, ça te donne une fierté d’être burkinabè. M. SANDAOGO, je baisse mon chapeau et m’incline. Vous pouvez être fier, vous méritez tous les honneurs.
    Voilà des enseignants qui doivent être associés indispensablement à la restructuration de l’enseignement, au lieu de payer des millards à des gens qui sont dans des bureaux et qui ne proposent que des programmes en conformité avec des bailleurs internationaux.
    Respects encore mon frère Simon.

  • Le 23 novembre 2021 à 13:41, par Marie En réponse à : Simon Sandaogo, instituteur certifié à l’école Batié C : « Si chacun accomplissait correctement ses tâches, il n’y aurait pas de baisse du niveau des élèves »

    Félicitations à vous Mr. Sandaogo. Espérons que Batie a retrouvé un second Mr. Guy. Monsieur Guy fut un instituteur hors pair qui, des décennies après son décès, n’a jamais été égalé par aucun autre instituteur. L’enseignement pour lui était véritablement un sacerdoce. Jeudi off ? Pfff ! Quand vous êtes en classe de CM2, oubliez. Les Jeudis, vous êtes avec lui en classe. Dimanche ? Ne rêvez pas ! Vous êtes à l’école le matin,
    lui a la messe. Sitôt la messe terminée, le voici sur sa camico fonçant à l’école. Quand il sent que les élèves ont faim et ne tiennent plus, il fait sortir deux ou 3 filles, ouvre le magasin, donne du riz ou de la farine, pour qu’elles cuisinent pour la classe. Le respect de lui était absolu ; en ville, tout écolier se cachait derrière un arbre ou rasait les murs à la vue de sa camico. Vous jouiez au ballon ou aux billes et vous entendez sa camico ? Tout le monde s’immobilise d’effroi. Et ce Batie, perdu aux confins du pays, coincé sur les lignes du Ghana, de la Cote-D’Ivoire et du Burkina (Haute. Volta d’antan) affichait les meilleurs résultats du pays année après année. Une ode à Monsieur Guy et à tous les enseignants dédicacés. Félicitations à vous Mr. Sandaogo.

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