LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Elections en Afrique : A quoi sert un observateur ?

Publié le mardi 15 novembre 2005 à 08h45min

PARTAGER :                          

La bataille pour la conquête du fauteuil présidentiel a eu lieu le 13 novembre 2005 dans notre pays. Chacun a fait de son mieux et au sortir des bureaux de vote, tous se disaient confiants.

En attendant les premiers résultats provisoires, il y a lieu de se poser des questions quant à l’efficacité des observateurs internationaux lors des différents scrutins. Il faut dire qu’elle n’est pas toujours évidente et on a comme l’impression d’avoir affaire à une race "d’oiseaux rares" que l’on rencontre lors de toutes les élections.

Ces individus arrivent tout au plus une semaine avant le scrutin, sont logés et véhiculés par les pouvoirs publics, et ne sortent de leur hôtel que pour faire du tourisme. Leurs "gros yeux", du coup, ne voient plus rien et on en vient à se demander pourquoi leur avoir fait confiance, car d’efficacité, il y a fort à parier qu’il n’en ait point. Alors pourquoi faut-il qu’à chaque élection, l’on ait recours à eux ?

La question mérite d’être posée, surtout lorsqu’on constate avec amertume que certains en ont fait leur unique occupation, allant de pays en pays pour proposer leur "expertise". Et quelle expertise ! On le voit, ces missions internationales sont alors fragilisées puisqu’elles sont facilement corruptibles. Et puis ce qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est que les choses ne sont plus les mêmes qu’au début des années 60 où les fraudes se faisaient à grande échelle pour attribuer des scores de plus de 90% à des candidats.

Cette époque révolue, nos pays gagneraient à miser sur les expertises nationales ; et ce ne sont pas celles-ci qui font défaut, surtout qu’elles maîtrisent mieux la réalité du terrain.

On peut nous rétorquer que ce n’est pas toujours évident avec la modestie des moyens dont disposent les partis et leurs candidats. Par exemple, à l’élection présidentielle du 13 novembre, il y avait 12 000 bureaux de vote dans lesquels chaque candidat aurait dû poster un observateur. Combien d’entre eux ont pu le faire ? Par manque de moyens, nous dira-t-on, la chose était impossible.

Pourtant si ! Il aurait alors fallu s’organiser en créant par exemple des regroupements qui désigneraient un observateur pour plusieurs partis. C’est vrai que certains y ont pensé, mais la machine n’était pas suffisamment huilée et c’est avec un pincement au cœur que des candidats ont fait le constat qu’ils n’avaient aucun observateur dans le bureau où eux-mêmes ont accompli leur devoir civique. Alors, à qui s’en prendre ?

Requestion, car si l’on suspecte le pouvoir de fraude et que l’on est incapable de s’organiser conséquemment pour une meilleure contre-attaque...

Mais toutes ces lacunes pourraient être comblées, pour peu que nos pouvoirs publics fassent confiance à l’expertise nationale qui devient de plus en plus mature au fil des ans dans la question. Ce qui suppose que l’argent mobilisé pour la restauration et l’hébergement de ces "oiseaux rares", qui font, apparemment, plus dans le tourisme que ce pour quoi ils sont là, devrait être reversé à des structures nationales, qui, en plus de connaître mieux le terrain, ont plus intérêt à ce que les élections se déroulent normalement dans leur pays. La démocratie se construirait mieux et toute la république y gagnerait.

Pierre Tapsoba
L’Observateur

P.-S.

A lire aussi :
Présidentielle 2005

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Groupe des cinq : Savoir raison gardée
La gueule de bois des lendemains électoraux !
Les leçons d’un scrutin
Présidentielle 2005 : Ce qui devait arriver arriva
L’opposition burkinabè : Les causes d’une défaite
Analyse des résultats : On récolte ce qu’on a semé
Présidentielle au Nahouri : Le PAI analyse sa défaite
Election présidentielle : L’AJCBC dit merci à la jeunesse