LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine.” Montaigne

Salif Diallo : « Tant que l’opposition ne cessera de mentir éhontement... »

Publié le mardi 15 novembre 2005 à 09h36min

PARTAGER :                          

Salif Diallo, directeur de la campagne de Blaise Compaoré

C’est une ambiance paisible de lendemains de vote qui régnait dans la matinée d’hier au siège de la Direction nationale de la campagne présidentielle du candidat Blaise Compaoré, sis à la Zone du Bois.

En effet, dans la nuit du 13 au 14 novembre 2005, c’était la veillée d’arme dans une salle sur l’étage, dénommée salle des machines ou se trouve un important dispositif informatique. Les directions régionales de campagne y envoient les résultats du vote. Grâce à un logiciel qui a été installé, une synthèse est faite et on avait sur le coup la tendance générale. Pour faire un point global de ce vote, on nous dira que tous les directeurs régionaux de campagne étaient attendus dans la soirée d’hier. Durant cette même nuit qui a suivi le vote, le siège a reçu aux environs de 23 heures, une visite inattendue : celle du candidat Blaise Compaoré.

Au rez-de-chaussée du bâtiment, la salle réservée à la rédaction du journal de campagne « l’Espérance » grouille de monde. On y prépare activement la sortie du 25e numéro de ce « journal du candidat ». Joviale comme à ses habitudes, la rédactrice en chef Mafarma Sanogho, par ailleurs chef, de département communication de la campagne qui vient de se terminer, était au four et au moulin. Tantôt, elle gravissait les escaliers pour rejoindre le niveau supérieur du bâtiment où se trouve d’autres bureaux, tantôt elle en redescend pour accueillir des visiteurs d’une matinée, qui se bousculent au portillon pour rencontrer le maître des lieux, Salif Diallo, au premier étage.

Votre candidat est venu vous rendre visite dans la nuit du vote. Que s’est-il passé ?

• Notre candidat est venu voir ses troupes. Il est venu s’imprégner de ce que nous faisons dans l’attente des résultats. Mais il est surtout venu encourager ceux qui travaillent d’arrache-pied. Il a suivi et mené la campagne lui-même. Donc, il n’a pas peur de l’issue du suffrage, car il connaît les rapports de force sur le terrain.

Maintenant que des chiffres assez représentatifs commencent à tomber, pensez-vous pouvoir éviter son ballottage ?

• S’il y avait ballottage, cela dénoterait d’une situation extraordinaire et incroyable. Au vu de la mobilisation sur le terrain et des premiers résultats provisoires que nous avons, c’est non seulement une victoire, mais un véritable raz-de-marée autour de Blaise Compaoré à travers les chiffres que nous continuons de recevoir. Je ne suis pas autorisé à vous les donner, mais ils sont là et parlants. Dans la région de Bobo, notre candidat gravite autour de 75 et 76% des voix. C’est d’ailleurs l’un des scores le plus faible. Dans le Yatenga, il a entre 80 et 83%. Dans le Sahel, c’est pareil.

Mais quelque part, pendant cette élection, vous vous êtes rendu compte qu’il y a tout de même des candidats qui commencent à émerger notamment...

• Non ! Aucun des candidats n’est de taille. C’est plutôt du misérabilisme politique. Presque tous ont obtenu des voix, parce que des électeurs se sont trompés d’effigie sur le bulletin de vote. D’ailleurs, on se rend compte que ce sont nos militants à nous qui se sont trompés. Je prend le cas de Dano : Nayabtigoungou Congo Kaboré a eu deux voix parce que tout simplement, il portait un habit en cotonnade. Les paysans dagaris ont cru que c’était Blaise Compaoré. De même à Bobo, en voyant Norbert Tiendrébéogo, certains ont cru que c’était notre candidat.

Convenez avec nous qu’il y avait quand même des candidats qui possédaient un programme politique. Allez-vous prendre en compte le contenu de ces programmes si toutefois votre candidat doit occuper le Palais de Kosyam ?

• Ils n’ont pas de programme...

Celui de Bado par exemple...

• Bado n’a pas de programme. Le « Badoïsme » n’est pas un programme politique !

Voulez-vous dire qu’il n’y a pas une idéologie derrière tous ces programmes ?

• Quelle idéologie ? S’ils en avaient une, ils auraient réalisé un meilleur score. Ils ont plutôt aligné une kyrielle d’injures et de calomnies. Voilà ce qu’ils ont fait. C’est d’ailleurs pourquoi il y en a qui ont voté Blaise Compaoré pour les punir, pour leur apprendre comment se comporter en politique.

Des cas de fraude auraient pourtant été signalés à Koudougou, notamment dans le bureaux de vote sis à l’Université de Koudougou où des gens auraient été payés pour aller aux urnes !

• C’est une minablerie. On vous a donné les preuves ? Tant que l’opposition ne cessera pas de mentir éhontement, ça n’ira pas dans ce pays. Ils inventent toujours des choses sans en apporter les preuves. Il y a douze candidats. De toutes les façons, nous n’avions pas besoin de frauder. Ce n’était pas une élection à risque pour nous. Nous avons battu l’opposition avant même les votes.

De quelle manière !

• Eh oui ! comme le disait les sages chinois, en guerre comme pendant une élection, il faut vaincre l’ennemi par son dispositif. L’opposition est allée en rangs dispersés. Ils évoquent souvent le problème de moyens. Ce n’est pas une question de moyens. Ils n’avaient même de représentants dans les bureaux de vote. Quand on va à une présidentielle, on ne va pas comme pour une chefferie de quartier. Je pense que l’opposition doit commencer par faire des états généraux pour faire son propre bilan. Ils sont inexistants sur le plan organisationnel.

Issa K. Barry

L’Observateur

P.-S.

A lire aussi :
Présidentielle 2005

PARTAGER :                              

Vos réactions (5)

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Groupe des cinq : Savoir raison gardée
La gueule de bois des lendemains électoraux !
Les leçons d’un scrutin
Présidentielle 2005 : Ce qui devait arriver arriva
L’opposition burkinabè : Les causes d’une défaite
Analyse des résultats : On récolte ce qu’on a semé
Présidentielle au Nahouri : Le PAI analyse sa défaite
Election présidentielle : L’AJCBC dit merci à la jeunesse