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Prix africain du journalisme d’investigation Norbert Zongo : Gaston Sawadogo de l’Evènement sacré vainqueur

Publié le lundi 15 novembre 2021 à 11h00min

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Prix africain du journalisme d’investigation Norbert Zongo : Gaston Sawadogo de l’Evènement sacré vainqueur

Le Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ), la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO) et l’ONG franco-africaine Médias et démocratie, récompensent les meilleurs journalistes d’investigations africains. Le samedi 13 novembre 2021, à Ouagadougou, un diner gala a été organisé pour leur remettre des prix.

Les journalistes d’investigation étaient à l’honneur. Au cours d’une soirée, les professionnels les plus méritants de ce genre journalistique ont reçu des trophées. Le Prix africain du journalisme d’investigation Norbert Zongo (PAJI-NZ) vise à décerner des récompenses aux productions de belle facture. Les lauréats ont été désignés dans les catégories presse écrite, télévision, radio et médias en ligne. Sur 101 candidatures, 47 œuvres ont été présélectionnées avant que le jury n’en retienne que 19 nominés.

Au total, 13 prix ont été remis aux journalistes dont le bronze, l’argent et l’or. Le Sebgo d’or a été décerné au meilleur journaliste de toutes les catégories réunies. Et c’est le Burkina Faso qui a été sacré avec Gaston Sawadogo du journal l’Evènement. Il a investigué sur la détention provisoire, un véritable sacerdoce. « Ce prix est une invite pour moi à aller de l’avant et à collaborer davantage avec mes confrères pour que nous puissions travailler à changer nos différents pays. Vous n’êtes pas sans savoir que la question du journalisme d’investigation est assez risquée. On est tout le temps menacé. Mais comme l’objectif que nous poursuivons est le changement qualitatif de la vie de nos populations, on trouve le courage pour aller de l’avant.

19 journalistes ont été retenus pour la compétition

Par exemple, l’enquête qui m’a valu ce prix m’a pris sept mois. C’était tellement difficile, parce que j’ai parcouru cinq villes du Burkina Faso qui regroupaient le plus grand nombre de détenus. Notamment Ouagadougou, Bobo Dioulasso, Koudougou, Banfora et Fada. La détention provisoire abusive, c’est lorsque quelqu’un est pris pour une infraction et, en attendant son jugement, la personne peut aller au niveau des maisons d’arrêt et de correction pendant que son dossier est en instruction. Le sujet est parti d’une causerie avec un garde de sécurité pénitentiaire.

Le journaliste d’investigation Anas remettant le prix de Gaston Sawadogo

Au début je suis allé au ministère de la Justice pour avoir l’autorisation d’aller dans les prisons, elle n’a pas été accordée. Comme le journaliste n’a pas une seule porte d’entrée, j’ai trouvé d’autres moyens, avec la complicité de certains acteurs au niveau des prisons. J’ai pu aller travailler dans les prisons discrètement et j’ai collecté les données manuellement à travers les documents gardés au niveau des greffes. Et en collectant ces données, j’ai pu recenser plus de 800 prisonniers qui avaient passé au moins six mois de détention préventive.

Je suis reparti dans le code de procédure pénale pour voir qu’est ce qui est prévu. Il y est dit que la détention provisoire est de 6 mois renouvelables. Mais on n’avait pas donné de limitation, c’était le code pénal de 1968. Le code relu en 2019 dit que la détention provisoire, lorsqu’il s’agit d’un délit, ne doit pas dépasser deux ans. Si c’est un crime, il ne doit pas dépasser trois ans. J’ai réussi à dégager 200 prisonniers qui avaient entre 5 à 10 ans de détention provisoire », a narré Gaston Sawadogo.

Gaston Sawadogo, Sebgo d’or

Une mention spéciale aux femmes journalistes

Ce travail minutieux a permis à Gaston Sawadogo de faire réparer une injustice. Pour l’un des cas qu’il a traité, le condamné a passé 7 ans en détention provisoire sans être jugé. Son dossier était dans les archives. Une fois le dossier retrouvé, il a été libéré. Il a dédié ce prix à sa consœur nigérienne Bouli Adamou Idé, décédée le 27 octobre dernier au Burkina. Le grand gagnant du prix la considérait comme la crème du journalisme féminin au Niger.

Parmi les récompenses, le prix Marie-Soleil Frère est consacré aux femmes journalistes d’investigation. Il vise à encourager les femmes à produire sur ce genre majeur. Maimouna Traoré Ouédraogo de la RTB et Mariam Ouédraogo des Editions Sidwaya ont été toutes les deux sacrées gagnantes.

Les membres du jury ont invité les journalistes à travailler davantage sur le journalisme d’investigation pour impacter la société

Les journalistes burkinabè se sont démarqués à cette cérémonie de récompense du PAJI-NZ avec de nombreux prix à leur actif. Les membres du jury ont salué le travail abattu par les jeunes journalistes. Ils les ont trouvés audacieux et consciencieux. Cela, malgré la difficulté de faire de l’investigation en Afrique.

L’œuvre caricaturale ayant remporté le prix

Au-delà des journalistes, un prix a été décerné au meilleur caricaturiste. Le lauréat est Constant Tonakpa du Bénin. Dans la catégorie photo, personne n’a été lauréat. Selon les membres du jury, ils n’ont pas respecté la thématique de la 9e édition du Festival international de la liberté d’expression et de la presse (FILEP). « Au carrefour des crises sanitaires, sécuritaires, politiques et des mutations technologiques, construisons des médias résilients au service des citoyens africains », était le thème qui a été choisi.


Lire aussi : 9e édition du FILEP : Construire des médias résilients face aux crises sanitaires et sécuritaires

9e édition du FILEP : Les participants demandent la réouverture des frontières terrestres dans l’espace CEDEAO


SB
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