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Afrique de l’Ouest : Vers une dynamique de réseautage des organisations de la société civile pour le suivi du travail parlementaire

Publié le lundi 15 novembre 2021 à 22h28min

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Afrique de l’Ouest : Vers une dynamique de réseautage des organisations de la société civile pour le suivi du travail parlementaire

Dans l’optique de promouvoir des parlements ouverts en Afrique, gage de pleine participation des peuples au développement économique et à l’intégration du continent, le Parlement panafricain a entrepris de susciter, dans chaque pays, le réseautage d’organisations de la société civile pour le suivi du travail de la représentation nationale. C’est dans ce cadre qu’une équipe du Réseau parlementaire d’Afrique (organisation de surveillance parlementaire de la société civile basée à Accra, au Ghana) a, en fin octobre 2021, séjourné à Ouagadougou où elle a rencontré des acteurs de la gouvernance, dont la majorité et l’opposition (constituées respectivement au sein de l’APMP et du CFOP-BF) ainsi que des organisations de la société civile. Pour en savoir davantage sur cette nouvelle dynamique africaine, nous avons rencontré le chargé de programme, Benjamin O. Aryeh. Entretien !

Lefaso.net : Parlez-nous de l’initiative dont vous êtes porteur, et dites-nous d’où est venue l’idée.

Benjamin O. Aryeh : Le Réseau parlementaire africain est une organisation de la société civile, qui œuvre à promouvoir un parlement ouvert. Ouverture, en ce sens que ce qui est poursuivi ici, c’est la transparence, la redevabilité, la reddition des comptes et faire en sorte que les populations aient davantage accès à l’information liée à leur parlement. La mission, c’est de coordonner les réseaux pour aboutir à des parlements ouverts dans chacun des pays concernés par le projet. Le Réseau parlementaire africain a donc inspiré le réseautage des organisations de la société civile afin qu’elles puissent œuvrer au suivi des actions parlementaires et faire en sorte que les parlements soient véritablement appropriés par les populations qui les ont mis en place.

En clair, qui sont, à la base, les porteurs de ce projet ?

C’est le Réseau parlementaire africain qui est l’initiateur du projet. C’est parti du constat que de plus en plus, les organismes internationaux, les organisations, s’intéressent à l’action des parlements. D’où la création de ce réseau pour permettre davantage le partage des meilleures pratiques et expériences pour promouvoir l’ouverture parlementaire.

La particularité, c’est que ça se fait par réseautage ; c’est-à-dire rassembler les organisations de la société civile qui vont travailler à surveiller le travail parlementaire. A titre individuel, il y a des organisations de la société civile qui œuvrent déjà à ce que les informations des parlements soient accessibles aux populations, à faire dans le suivi des actions des parlements. Mais c’est vraiment individuel, il n’y a vraiment pas une synergie d’actions. Donc, l’un des problèmes auxquels le projet veut répondre, c’est le réseautage pour plus de force et de crédibilité. Quand les organisations se mettent en réseau, il y a plus de possibilités d’engager le parlement, l’amener à prendre efficacement en compte les attentes des populations.

Comment le projet s’incarne ?

Dans chaque pays, il y aura un réseau d’organisations de la société civile de surveillance du travail parlementaire. L’organisation pratique appartient à chaque pays. Le projet va couvrir quinze pays (Afrique de l’Ouest), et le Burkina est le cinquième à être couvert. Notre démarche consiste à faciliter le réseautage. Nous apportons notre soutien au réseau de chaque pays, pour qu’il soit indépendant pour engager le parlement. Nous allons contribuer à renforcer leurs capacités, partager avec eux, les bonnes pratiques et les informations.

Quelles leçons tirez-vous en la matière à travers les cinq pays déjà parcourus/couverts ?

Dans chaque pays, le contexte varie. Les leçons tirées des pays anglophones peuvent ne pas s’appliquer aux pays francophones. De façon générale, le projet a été accepté, bien accueilli dans ces pays. C’est la preuve qu’il y a un besoin à la fois des parlements de s’ouvrir davantage à leurs mandants et à ces derniers d’être mieux et bien imprégnés du travail de leurs représentants. Voilà pourquoi les organisations de la société civile ont estimé qu’il est nécessaire qu’elles entrent en jeu dans cette dynamique en faisant de sorte que les objectifs suivis de part et d’autre puissent être atteints. D’où l’idée de réseautage, qui fait déjà ses preuves au Ghana.

Entre la société civile et le politique, la confusion est parfois vite faite ; parce que les mêmes acteurs se retrouvent parfois de part et d’autre, en fonction de leurs intérêts. Ne craignez-vous pas que tout cet effort accouche d’une souris ?
Même dans les médias, les politiques tentent de s’infiltrer. Mais c’est aussi cela l’un des enjeux du réseautage, de se mettre ensemble. On ne peut pas nier que certaines organisations de la société civile soient politisées, mais le fait d’être ensemble réduit l’influence d’une organisation teintée politique. Cela peut favoriser le fait de privilégier l’intérêt général.

Quel est le temps que vous vous donnez pour couvrir les quinze pays ?

Nous avons une année. On a commencé en juillet 2021. En juin 2022, nous devons avoir terminé. Nous allons poursuivre avec les autres pays et renforcer les capacités des organisations qui seront mises en place. Nous allons également mettre en place un indice d’évaluation des parlements ; quel parlement s’évertue à être proche de ses populations, à être transparent, etc. A titre d’exemple, on peut voir que le parlement ghanéen a excellé dans la lutte contre la corruption tandis qu’au Burkina, le parlement a beaucoup investi dans la participation citoyenne. Donc, on ne va pas se limiter à relever ce qui n’a pas marché, mais également à relever ce qui a donné et faire des recommandations pour améliorer ce qui doit l’être.

Quelle sera la séquence d’évaluation ?

L’évaluation va se faire sur une échelle de deux. Donc, la publication se fera également chaque deux ans.

Au Burkina, à part cette rencontre que vous venez d’achever avec des acteurs des organisations de la société civile (vendredi, 29 octobre), avez-vous échangé avec d’autres acteurs ?

Oui, nous avons échangé avec le Chef de file de l’opposition politique au Burkina (CFOP-BF) et l’Alliance des partis et formations politiques de la majorité présidentielle (APMP). Nous avons été reçus par les premiers responsables de ces deux entités, accompagnés de leurs délégations. Il s’agissait pour nous de leur présenter le projet et, en retour, recueillir leurs avis et suggestions.

Ont-ils été réceptifs vis-à-vis de l’initiative ?

Ils ont prêté une oreille au projet. Cela s’est traduit entre autres par l’importance des questions et même des suggestions qu’ils ont faites. L’objectif de notre démarche, c’est bien cela ; leur présenter le projet avec tous les détails et contours possibles. Au niveau de la majorité, par exemple, ils nous ont même demandé dans quel format ils pouvaient accompagner l‘initiative. Au niveau de l’opposition, ils ont souhaité que de telles initiatives communes et d’ensemble puissent s’étendre aux préoccupations sécuritaires. On peut donc dire qu’ils ont été réceptifs.

Quels sont les partenaires qui accompagnent le projet ?

Nous avons le NED (National Endowment for Democracy) qui est le partenaire principal.

En conclusion ?

Dans beaucoup de pays, les jeunes commencent à s’intéresser aux affaires politiques. Il est donc nécessaire pour nous de continuer à donner aux jeunes du continent, les moyens de prendre des décisions de leadership au sein du gouvernement, en politique et d’aider à faire avancer le changement positif que nous sommes en train de vivre. Et pour nous en particulier, en ce qui concerne le parlement ouvert, il est temps, en tant que jeunes, de nous intéresser au travail du Parlement pour nous assurer que nous comprenons ce qu’il fait et pour nous assurer que nous explorons les différentes pistes pour nous engager avec nos députés, nos représentants à la fois au niveau national et local et à mieux les aider à comprendre nos besoins en tant que jeunes.

S’ils arrivent à comprendre nos besoins en tant que jeunes, alors, quand ils sont dans les parlements, ils seront en mesure de savoir quelle politique, quelles lois adopter pour servir nos intérêts. Sinon, nous attendrons d’eux qu’ils fassent la magie pour nous, mais ils ne comprendront peut-être pas nos besoins/attentes. Il est donc temps pour nous de nous rapprocher des députés, de nous rapprocher du Parlement pour travailler avec eux et voir si les députés servent réellement nos intérêts en tant que citoyens.

Cette démarche (réseautage) est nouvelle pour de nombreuses organisations de la société civile, mais elle s’avère une voie pertinente pour engranger des résultats en faveur de la gouvernance dans nos pays et le bonheur de nos populations. Les défis auxquels nous faisons face aujourd’hui commandent qu’on se mettent ensemble. C’est indispensable pour faire plus de poids, être plus crédible et pour minimiser la rareté des ressources. C’est pourquoi, notre idée, c’est de permettre à chaque pays de s’organiser, selon ses réalités. Le but final étant de parvenir à des parlements vraiment populaires, en adéquation avec leurs populations et pour ainsi contribuer à l’avancée de la démocratie représentative sur le continent.

Entretien réalisé par O.H.L
Lefaso.net

Traduction : Wendpanga Jonathan Convolbo du CGD

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