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Présidentielle 2005 : Ouahigouya parle au futur président

Publié le mardi 15 novembre 2005 à 08h49min

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Le dimanche 13 novembre 2005, le peuple burkinabè a sacrifié au rituel des
urnes, pour choisir parmi douze prétendants, celui qui devra désormais
présider à ses destinées. A travers le micro-trottoir ci-dessous, nous vous
proposons un échantillon des grands chantiers sur lesquels les
Ouahigouyalais attendent l’élu, en attendant de connaître le résultat des
votes.

Mamadou Malo, enseignant à l’ENEP de Ouahigouya : "Restructurer l’enseignement"

Après le 13 novembre 2005 (date de l’élection, ndlr), le candidat qui sera élu
devra tenir compte, à mon humble avis, des problèmes de la jeunesse,
surtout l’emploi et l’éducation. Parlant de l’éducation, il ne faudrait pas que
cela reste au bout des lèvres, mais il faut de l’action. En ce sens, je pense à
une restructuration des différents ordres d’enseignement : le primaire, le
secondaire et le supérieur.

Et une harmonisation afin que les politiques
soient très bien définies. Ainsi, on aboutira à des filières plus
professionnalisantes pour permettre à ceux qui seront issus du système
scolaire de pouvoir s’intégrer harmonieusement dans la société. Il y a aussi le
phénomène de la mondialisation qui fait que notre société est laissée pour
compte. Un pays comme le nôtre devrait intégrer ce système en misant
essentiellement sur l’identité culturelle. Sans vouloir paraître ethniciste,
j’estime que l’on gagnerait à valoriser chaque entité ethnique.

Du reste, les
régionalisations que nous sommes en train de voir devraient se faire selon
une certaine équité, parlant de la gestion de la chose publique, afin d’éviter
que certaines régions ne soient marginalisées sur le plan du développement.
Je ne manquerai pas de faire aussi un plaidoyer pour la défense des droits
humains, de même que je souhaite que le futur président soit soucieux de
cultiver la paix et le pardon : il nous faut une concorde nationale.

Simon-Pierre Tibiri, formateur à l’ENEP de Ouahigouya : "Restaurer les bourses scolaires"

J’attends du futur pouvoir, une prise en compte des préoccupations de toutes
les couches sociales à savoir les populations rurales, les populations
citadines, les travailleurs, que ce soit au niveau du public ou du privé, mais
également la jeunesse, les élèves et étudiants. J’aimerais également qu’on
puisse revenir sur la question des bourses scolaires afin de pouvoir aider les
élèves issus des couches défavorisées à poursuivre leurs études.

Évidemment, il y a la construction d’infrastructures, mais le coût même des
études ne permet pas à certains d’aller loin, même s’ils ont des potentialités
intellectuelles importantes. Alors qu’en retournant un peu dans le passé on se
rend compte que beaucoup de ceux qui sont aux affaires aujourd’hui ont pu
être là où ils sont actuellement parce qu’ils ont été soutenus par toute la
nation, parce qu’ils avaient des bourses. Au niveau des travailleurs,
également, je souhaite qu’ils aient un meilleur sort. On peut constater que
dans les messages d’un certain nombre de candidats au cours de la
campagne, cette couche n’a pas du tout été prise en compte.

Pour ce qui est
de la paysannerie, la question est vraiment délicate. On ne peut travailler
seulement trois mois et s’asseoir tout le reste de l’année pour compter
uniquement sur la production de ces trois mois. Mais lorsqu’on parle de petite
irrigation par exemple, cela suppose qu’effectivement les populations ont la
volonté de travailler, ont accès à des points d’eau parce que c’est la condition
pour le faire. Dans certaines régions comme la boucle du Mouhoun par
exemple, il n’ y a pratiquement pas de barrage en dehors de celui du Sourou.
Sur la question des routes, beaucoup de promesses ont été faites.

Mais je
souhaite vraiment que l’on puisse aller au-delà des promesses électorales.
Quand je prends une fois de plus le cas de la Boucle du Mouhoun, on se
rend compte que pendant les dix-huit années, même un mètre de goudron
n’a pas été posé dans cette région. Il faut donc souhaiter que les promesses
deviennent réalités. Car, dans cette région, à Dédougou par exemple, on
peut constater qu’il y a des gens qui produisent de la banane , mais à défaut
d’être écoulées du fait du mauvais état des routes, elles pourrissent.

La
distance Ouahigouya- Dédougou n’est pas du tout loin, mais souvent on est
amené à faire deux jours de route ; les transporteurs ne voulant pas mettre
leurs véhicules sur cette route. Arrivé à Tougan on est obligé de passer la
nuit, faute de véhicule. Par ailleurs il y a actuellement décentralisation des
universités , mais il n’y a pas assez de personnel enseignant qualifié pour
tenir ces universités. Il faut mettre l’accent sur la formation parce que c’est
l’homme qui fait le développement. En cela il lui faut un minimum de savoir
faire.

Du reste, le développement ne peut pas être conçu en pièces
détachées. Il faut un schéma conducteur, et cela va s’appuyer sur les
compétences des hommes. On lie souvent développement et taux de
scolarisation. Mais il faudrait dépasser ce niveau, ce n’est ni une question de
pourcentage, ni de quantité. Les gens qui sortent du système éducatif, que
savent-ils réellement faire ? C’est une question fondamentale. Il ne faudrait
pas qu’on se limite à l’aspect quantitatif. J’ai aussi le sentiment qu’il y a une
justice à deux vitesses. Il y a des questions qui sont restées sans réponse
depuis des années

Boukari Sawadogo, attaché de santé au CHR de Ouahigouya :
Une augmentation des salaires"

Le futur président du Faso devrait pouvoir résoudre un certain nombre de
problèmes que l’ancien n’a pas pu résoudre, notamment les revendications
des travailleurs. Au niveau social, je souhaite qu’il y ait la subvention pour
les produits de première nécessité pour permettre à tout le monde d’y
accéder davantage. Il faut une augmentation des salaires, en tenant compte
bien sûr de la croissance économique. Surtout il va falloir prendre les
dispositions nécessaires au niveau de l’Etat pour éviter les crises céréalières
comme celle que nous avons connue cette année.

Séraphin Ouédraogo, attaché de santé au CHR de Ouahigouya : "Un effort de plus"

On sait qu’avec l’ancien régime il y a certaines choses qui ont été faites et qui
ne sont pas forcément mauvaises et qu’il faut poursuivre. Il y a la question de
la vie chère à résoudre. Sur le plan de la santé, il y a également de bonnes
choses de faites. Par exemple, il y a la lutte contre la poliomyélite qui est
menée chaque année, de même que pour la prise en charge des urgences,
on sent un effort remarquable. Maintenant, au plan politique, je pense qu’il
faut travailler à renforcer cette démocratie qui est là. J’estime que nous
sommes sur de bonnes bases et il suffit seulement d’un effort de plus pour
que la vie soit belle au Burkina Faso.

Amidou Guingané, enseignant : Le litre du carburant à 500 FCFA"

Je souhaite que celui qui sera élu président du Faso, prenne en compte nos
préoccupations exprimées au cours de la grève des 26 et 27 octobre 2005.
Dans notre plate-forme, vous le savez déjà, nous avons souhaité une
augmentation de nos salaires, surtout le dégrèvement des hydrocarbures. On
devrait nous vendre le litre du carburant tout au plus à 500 FCFA. Celui qui
sera élu président devrait travailler avec tous ceux qui ont pris part à l’élection
présidentielle. Je suis certain que Blaise Compaoré sera réélu ; mais il ne
faudrait pas que les promesses qu’ils a faites au cours de la campagne
restent creuses. Il a promis par exemple la réouverture de certaines unités de
production telles que les Grands Moulins à Banfora ; en tout cas on attend de
voir. Cependant, on a remarqué durant toute la campagne, qu’à aucun
moment, il n’ est revenu sur les préoccupations que les travailleurs ont
exprimées lors de la grève, pourtant tenue en pleine campagne électorale. A
mon avis, cela veut dire que ça ne le préoccupe pas.

Parfait Soubéiga, magistrat : "Le Burkinabè doit se sentir à l’aise"

Que celui qui sera élu continue les réformes sur le plan politique parce qu’il y
a encore beaucoup à faire. Sur le plan social, il y a certains problèmes qui
sont posés et qui sont justes. Tout dernièrement, lors de la grève des 26 et 27
octobre, les syndicats ont posé des problèmes qui sont justes. Compte tenu
de la cherté de la vie maintenant, je pense que sur le plan social il faut bien
que le Burkinabè puisse se sentir à l’aise et qu’il sente qu’il y a des avancées.


Province du Lorum

- 1er : Blaise Compaoré : 24 600 voix : 87,97%
- 2e Bénéwendé Sankara : 1347 voix : 4,81%
- 3e : Norbert Tiendrébéogo : 372 voix : 1,33%
- 4e : Ram Ouédraogo : 334 voix : 1,19%
- 5e : Phillipe Ouédraogo : 277 voix : 0,99%

Province du Zondoma

- 1er : Blaise Compaoré : 24 116 voix : 84, 59%
- 2e : Bénéwendé Sankara : 1846 voix : 6,48%
- 3e : Ram Ouédraogo : 470 voix : 1,65%
- 4e : Ali Lankoandé : 354 voix : 1,24%
- 5e : Laurent Bado : 312 voix : 1, 09%

Province du Yatenga

- 1er : Blaise Compaoré : 104 925 : 88,58%
- 2e : Bénéwendé Sankara : 4038 voix : 3,40%
- 3e Norbert Tiendrébéogo : 1475 voix : 1,24%
- 4e : Phillipe Ouédraogo : 1461 voix : 1,23%
- 5e : Ali Lankoandé : 1367 voix : 1,15%

Propos recueillis par Lassina SANOU

Le Pays

P.-S.

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Présidentielle 2005

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