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Présidentielle 2005 : Les électeurs sont-ils allés taquiner la truite ?

Publié le lundi 14 novembre 2005 à 09h05min

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Ils étaient quelque 4 millions de Burkinabè convoqués aux urnes hier dimanche 13 novembre 2005 pour élire le primus inter pares, celui qui présidera à leurs communes destinées pour les cinq prochaines années.

C’est l’épilogue de deux ans, voire plus, d’une bataille politico-juridique qui aura vu une partie de la classe politique et de l’opinion nationale se dresser (en vain) contre la candidature du président sortant, jugée inconstitutionnelle, une querelle couronnée par 21 jours de campagne au cours desquels les douze prétendants au fauteuil suprême ont parcouru le Burkina dans tous les sens pour faire les yeux doux aux électeurs. Avec des fortunes diverses, au propre comme au figuré.

Aux moyens dérisoires de ses onze challengers, qui se détestent par surcroît, ont répondu en effet l’impressionnante machine électorale du candidat du CDP et sa force de frappe financière que notre confrère "L’Evénement" a si bien résumées dans son édition n°79 du 10 novembre quand il titrait :"Blaise plane sur ses adversaires". Qu’à cela ne tienne, il a fini par poser le pied à terre pour accomplir son devoir citoyen, tout comme ceux qui sont décidés à l’extirper du fauteuil dans lequel il est assis depuis 18 ans.

Cette présidentielle, la troisième sous la IVe République, se sera déroulée dans une atmosphère de suspicion généralisée sur les conditions minimales de transparence : accusations de fraudes massives dont on accable régulièrement le camp présidentiel, qui serait passé maître dans cet art, informatisation du fichier électoral, qui serait une catastrophe avec la possibilité de votes multiples quand ce ne sont pas des macchabées qui seraient détenteurs de cartes d’électeurs...

Face à tout cela, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et son président sont souvent montés au créneau pour apporter des démentis cinglants : "Le fichier informatique n’a aucun problème", a notamment martelé celui-ci le 7 novembre dernier lors d’une conférence de presse sur les préparatifs du scrutin.

Sans parvenir véritablement à rassurer les pyrrhoniens indécrottables. Et de fait, hier, dans de nombreux bureaux de vote, on aura assisté à ces spectacles de citoyens détenteurs de cartes d’électeurs, mais dont les noms ne figurent pas sur le fichier (ou vice versa) quand certains ne continuaient pas de retirer leurs cartes, ou alors on tentait, par quelques stratagèmes, d’influencer le choix des individus.

Des fraudes massives auraient même eu lieu dans certaines localités du Burkina, qu’on impute bien entendu au parti majoritaire. Vrai ou faux ? Allez savoir. Quoi qu’il en soit, que ces suspicions soient avérées ou pas, on entend déjà le président Idrissa Ouédraogo du Conseil constitutionnel, après avoir invalidé des résultats de quelques bureaux, déclarer que les irrégularités n’ont pas fondamentalement entaché la sincérité du scrutin.

Il faut néanmoins noter que l’élection se sera déroulée sans incident majeur. Il est vrai que la présence des forces de l’ordre et même des militaires était dissuasive, tout s’étant passé comme si les autorités craignaient que le rendez-vous ne soit perturbé. Autre constat primaire qui attend d’être confirmé (ou infirmé), le taux de participation qui, au regard de l’affluence, ne devrait pas crever le plafond. Les Burkinabè, qui n’auraient pas été particulièrement emballés par ce match plié d’avance, comme on le dit, ont-ils préféré aller taquiner la truite plutôt que d’accomplir leur devoir citoyen ?

C’est aussi un des enjeux de ce scrutin. La question se pose toutefois de savoir, alors que les résultats du pays profond commencent à être acheminés à Ouaga, si le président sortant sera contraint à un second tour ou si, comme l’espèrent ses partisans, il passera sans coup férir dès le premier tour, dont les résultats provisoires ne devraient pas être connus avant le jeudi 17 novembre.

D’ici là, et peut-être dès aujourd’hui même, on devrait commencer à avoir les premières tendances, qui dessineront au fur et à mesure le visage du locataire du nouveau palais de Kosyam.

La rédaction

Observateur Paalga

P.-S.

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