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Campagne présidentielle : Et l’image de la République dans tout ça ?

Publié le samedi 12 novembre 2005 à 09h53min

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Le Burkina a entamé, depuis lundi dernier, la dernière ligne droite de la campagne pour l’élection présidentielle du 13 novembre. Depuis près de trois semaines donc, les candidats ont quadrillé le Faso d’est en ouest et du nord au sud. Chacun a libéré son génie créateur pour être le plus original possible.

Pour ce faire, tous les moyens ont été utilisés. Les uns ont "bu la poussière" à travers les difficiles routes du Burkina tandis que les plus nantis ont "pris les airs".

Pour la première fois sous la IVe République, la désignation du premier magistrat du pays donne lieu à une compétition digne de ce nom. La démocratie prend racine au pays des Hommes intègres. Le processus aurait pu être plus solidement ancré si les acteurs jouaient à fond leur partition avec le plus de responsabilité possible.

Or, ironie du sort, ce sont ceux-là même qui caressent le rêve de s’installer dans le fauteuil présidentiel qui rament à contre-courant par des agissements qui ternissent l’image de la République. Et pourtant, que de discours sur la nécessité de restaurer l’image de l’Etat ! C’est certainement dans cette logique que le Grand chancelier des Ordres nationaux a remis aux écoles primaires des drapeaux mais aussi des photos de Blaise Compaoré en sa qualité de chef de l’Etat. Il s’agissait d’initier à une certaine éducation civique à la base.

D’où vient alors l’idée que les candidats à la présidentielle ne se gênent point pour "dévaloriser" l’image des présidentiables. Il a ainsi été donné de voir des candidats - ou leurs structures de soutien - larguer des spécimens de bulletins de vote sur les pauvres populations. Celles-ci, croyant qu’il s’agissait de "feuilles" fraîches, ont bandé les muscles pour amasser le maximum. Leur déception a été à la hauteur des espoirs. Du même coup, certaines personnes ne prêtent plus attention ni aux programmes des candidats, ni même au processus électoral (retrait des cartes, explication sur le vote lui-même).

Les candidats ne devraient-ils pas plutôt s’employer à considérer le bulletin comme un acte important de la République ? Du reste, c’est en principe ce même bulletin qui ouvre les portes de la Présidence du Faso. N’est-ce pas là une bonne raison de mieux le traiter ?
En tout cas, si la Commission électorale nationale indépendante a investi une importante somme afin de remettre à chaque candidat ces spécimens, c’est certainement pour mieux s’en servir.

Ça n’a l’air de rien, mais ne pas se servir rationnellement de ces bulletins n’est ni plus ni moins qu’une mauvaise utilisation des deniers publics. En s’adonnant à des actes qui banalisent le spécimen et qui plus est en milieu rural, les candidats donnent l’impression, peut-être sans le savoir mais surtout sans le vouloir -, que le bulletin n’est pas "ce sésame" qui donne la possibilité aux populations de peser sur la conduite des affaires de la nation.

En réalité, les Burkinabè - ou du moins certains d’entre eux - n’ont pas encore compris la raison d’être d’une campagne électorale. Elle apparaît aux yeux de la majorité comme une période de tourisme politique. Le plus important pour les opportunistes qui scandent de creux slogans est d’abord de se faire voir du candidat au cas où... c’est-à-dire faire un investissement utile pour l’après-campagne. Pour cette catégorie de personnes, battre campagne c’est faire du folklore.

Le comble, c’est que cette approche expose des citoyens à des blessures, voire pire, comme ce fut le cas de cet enfant qui, à force de suivre des yeux les fameux spécimens, s’est retrouvé au fond d’un puits. Puissent seulement les politiques se laisser convaincre et rectifier le tir pour les prochaines consultations électorales.

Adam Igor

JOurnal du jeudi

P.-S.

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