LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Quand le classement du PNUD est pris en argument de campagne politique !...

Publié le vendredi 11 novembre 2005 à 08h54min

PARTAGER :                          

Depuis l’ouverture de la campagne présidentielle, l’opposition a du mal à trouver ses marques. Ni les alliances laborieusement nouées, ni les renonciations et les appels timides au boycott (on n’est plus en 1991), qui cachent mal la peur de l’échec cuisant, n’ont pu la positionner correctement sur l’échiquier politique pour en faire un challenger crédible.

Quoi de plus surprenant ! L’opposition est un conglomérat de forces incompatibles, s’alliant et se déliant à la moindre difficulté. Une véritable tour de Babel ! Sans tactique ni stratégje, elle n’a jamais pu constituer un front durable en s’unissant autour d’un chef, (aucun d’eux n’ayant pu s’imposer), ou d’un objectif.

Atomisée par son inconsistance politique et idéologique et sa fragilité organisationnelle, dispersée par l’aveuglement subjectif de ses chefs, elle a l’allure d’une vulgaire « armée mexicaine ». Faible de l’incohérence de ses idées, elle n’a pas de programme, pas de politique, pas d’ossature réelle et même pas d’arguments politiques sérieux d’agitation et de propagande. Ne parlons même pas de perspective ou de vision.

Aussi, le classement du PNUD fondé sur l’Indice de Développement Humain (IDH) lui est-il paru comme du pain béni, pour donner du mordant à sa petite campagne de critique. Elle s’y accroche. Que disons-nous ? Elle s’y agrippe, de toutes ses forces avec ses petites mains, désespérément. . . Mais le classement du PNUD ne la tirera pas de sa torpeur. Alors là point du tout.

Dans aucun pays du monde, le développement ne tient à un seul indicateur, si perfectionné, soit-il ! L’opposition restera sous anesthésie tant qu’elle ne trouvera pas d’autres arguments, ce qui est par ailleurs difficile de nos jours eu égard aux réalisations du pouvoir et de l’espérance suscitée par le programme du candidat Blaise Compaoré.

Disons-le net ! Le classement du PNUD n’est pas une vérité divine, incontestable et il ne rend pas compte de la réalité car, sinon, comment expliquer l’adhésion populaire au candidat Blaise Compaoré ? Comment expliquer que le niveau absolu de l’IDH du Burkina baisse d’une année à l’autre, alors que dans le même temps toutes les variables constitutives de cet indicateur sont en constante et nette progression : l’espérance de vie augmente, le taux brut de scolarisation, tous niveaux confondus, augmente, le revenu à parité de pouvoir d’achat augmente et paradoxalement, l’indicateur global, quant à lui, diminue.

C’est une incohérence arithmétique. Une telle incohérence ne peut pas rendre compte de la réalité. Ce qui explique qu’en partant d’elle on ne peut comprendre l’adhésion populaire toujours grandissante, quoique l’on dise, des masses au candidat Blaise Compaoré.

Les regroupements rachitiques de l’opposition, dont l’auditoire de certains candidats, ne saurait remplir comme dirait l’autre, une cabine téléphonique en sont bien une preuve palpable. C’est faux, archi faux. Le Burkina Faso n’est pas le dernier ou l’avant- dernier pays au monde où il fait bon vivre. L’opposition elle-même qui le clame n’y croit pas et affiche une fausse conviction. Campagne électorale oblige.

Qu’est-ce que l’Indice de développement humain ?

Tous les ans, le PNUD publie un rapport avec en annexe des séries statistiques traitant du classement des pays du monde à partir de l’IDH. En définitive, ce que le commun des mortels retient, n’est pas la thématique abordée dans le rapport mais le classement des pays contenu dans les annexes. Voilà un autre paradoxe où l’annexe devient le principal.

Revenons à l’IDH. « L’IDH est un indicateur composite qui mesure l’évolution d’un pays selon trois critères de base du développement humain : santé et longévité (mesurées d’après l’espérance de vie à la naissance ), savoir (mesuré par le taux d’alphabétisation des adultes et le taux brut de scolarisation combiné du primaire, du secondaire et du supérieur) et un niveau de vie décent (mesuré par le PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat en dollars US), (p226 du rapport).

Selon le même rapport, « son objectif n’est pas de fournir une représentation exhaustive du développement humain, mais de mesurer le niveau du développement au-delà du revenu... c’est donc un baromètre de l’évolution du bien-être humain et un outil de comparaison entre les régions ». Telles sont les définitions que donnent les auteurs.

Retenons donc que selon l’auteur même, à savoir le PNUD, ce n’est pas une représentation exhaustive, donc elle n’épuise pas à fond le sujet et n’est pas par conséquent totalement vrai. Pourquoi donc nos amis de l’opposition utilisent-ils ces questions comme une vérité biblique ?

Comment sont calculés les indicateurs sur la base desquels est élaboré l’IDH et comment sont-ils recueillis ? Ces indicateurs sont élaborés sur la base de statistiques.

Il s’agit comme le dit le rapport, des statistiques disponibles auprès de l’organisme (Bureau du Rapport Mondial) qui élabore ledit rapport. Ce qui signifie bien qu’en cas d’absence de statistiques récentes, on utilise celles qu’on a sous la main. Les Etats ne peuvent communiquer directement au bureau du rapport mondial leurs statistiques les plus récentes.

Or si l’on compare ces statistiques relevées dans le rapport avec celles relevées dans d’autres revues spécialisées, elles indiquent en ce qui concerne le Burkina, des chiffres différents. Par conséquent, les données du PNUD ne rendent pas compte de la réalité actuelle. Et comme le souligne le rapport lui-même, la plupart des données datent de 2003 mais sont basées sur des enquêtes de 1995-1999 et parfois même de 1990.

Prenons par exemple le taux d’alphabétisation des adultes qui est un des indicateurs servant à établir l’indice de développement humain. Le rapport du PNUD donne un taux de 12,8% 1 tandis que le TMM5 (une revue spécialisée dans les statistiques), établit le pourcentage à 24%. Enfants vaccinés : 58% et 21% contre 84% pour le TMM5. Par ailleurs, pour le taux brut de scolarisation combiné, le rapport donne 24% en prenant soin de préciser dans une note en bas de page : « estimation préliminaire de l’institut de statistiques de l’Unesco sujette à révision », souligné par nous. pour le PIB, le chiffre avancé est de 1174 en 2003, avec la précision suivante : « estimation basée sur une régression », etc.

Le PNUD prend la précaution de préciser que le Bureau du Rapport Mondial (BRM) n’est pas producteur de statistiques mais seulement utilisateur. Il prend ce qu’il a auprès des organismes producteurs de statistiques. Ceux-ci sont-ils responsables de n’avoir pas les bonnes données ? Les statisticiens disent qu’avec leur science, on peut démontrer ce que l’on veut. On peut les croire sur parole car c’est eux-mêmes qui parlent de leur science. Que dire alors quand on ne dispose pas des bons chiffres et des bonnes périodes ?

Le reproche que l’on doit faire ici au PNUD, est celui de ne pas contrôler les statistiques qui sont fournies au BRM puisqu’il a la possibilité, étant représenté dans le pays, de savoir ce qui est faux et ancien et ce qui est vrai et actuel. Mais cet organisme se défend d’entrée dans la préface, sous la signature de son chef, M. Mark Malloch Brown en précisant que « les analyses et les recommandations exprimées dans le rapport ne reflètent pas nécessairement les opinions du programme des Nations unies pour le développement, de son conseil d’administration ou de ses Etats membres. Le rapport est une publication indépendante réalisée pour le compte du PNUD. Il est le fruit d’une collaboration entre des consultants, des conseillers éminents et l’équipe du Rapport mondial sur le développement humain ».

Qu’est-ce que cela peut-il bien signifier ? Que le PNUD nous sert un classement qu’il signe et n’en n’est pas responsable. Pourtant il est toujours question du classement du PNUD, lequel lui accorde son label et organise son lancement à chaque édition...en fanfare.

Lorsque l’on y réfléchit, on peut s’interroger sur le classement qui doit permettre une comparaison par pays et par régjon. Franchement, le Burkina est classé 175e sur 177 dans le lot des pays à faible développement humain, uniquement devant la Sierra Leone et le Niger et derrière la République Centrafricaine 171e (où les salaires ne sont pas payés depuis 12 mois), le Bénin 162e, donc mieux placé que le Burkina. Or, nous savons tous que la réalité est différente à bien des égards. En tout cas, le Bénin est moins bien développé que la Côte d’Ivoire, 163e, donc derrière le Bénin dans le classement. Haïti est classé au 153e rang. Or, ce pays est en guerre et en aucun cas ne peut être classé devant des pays comme la Côte d’Ivoire. Le Togo est quant à lui classé 143e et figure même dans la catégorie des pays à développement humain moyen. Comment est-ce possible avec la régression à vue d’oeil que connaît ce pays depuis 10 ans, avec l’embargo de l’Union européenne et des autres grands bailleurs de fonds multilatéraux ? Le Soudan est classé 141e. Or, ce pays est en guerre depuis plus de 10 ans et n’a d’autre problème que la guerre. L’Afrique du Sud vient à la 120è position derrière le Cap Vert et l’Algérie, respectivement 105è et 103è. Or, le Cap Vert est un petit pays insulaire, rocailleux et sans ressource. N’y a-til pas quelque chose d’insolite dans tout cela, prouvant que le classement est illogique et fantaisiste ?

Et bien, si l’opposition se sent bien à l’aise en utilisant ces données, que peut-on y faire ? Elle ignore que le PNUD lui-même n’est pas tant à son aise, vu le nombre de précautions qu’il prend et la relativité qu’il met dans ses analyses. Mais nos amis de l’opposition sont péremptoires comme si c’étaient eux les géniteurs de l’affaire. Plus royalistes que le roi. C’est en cultivant ainsi le mythe de l’étranger (tout en montrant du doigt son propre pays), qu’on favorise au sein des populations, les rêves de départ en Europe, lesquels peuvent les conduire dans des drames affreux, dans des mers aux requins, des soutes d’avion ou des déserts torrides qui deviennent souvent leurs dernières demeures.

Ce qui est sûr, pour être convaincu de ce classement, il faut ne pas vivre au Burkina Faso, Ce qui est sûr aussi, le système de cette institution n’est pas la panacée et il existe d’autres systèmes qui classent bien mieux le Burkina Faso.

Mais parlons franc, Il y a vraiment quelque chose qui ne va pas au PNUD car les représentations locales de cette institution ne répondent pas des informations statistiques relatives aux pays couverts par elles. Il est grand temps que ces bureaux locaux soient responsables des informations et données statistiques fournies au Bureau du Rapport Mondial. Si cette situation devait perdurer, le PNUD se mettrait en porte-à-faux permanent avec sa mission de coordination des efforts de la communauté internationale en faveur du développement, devenant ainsi une entrave à sa propre mission et à celle des autres.

Département communication de la Direction Nationale
de la campagne présidentielle du candidat Blaise Compaoré

Sidwaya

P.-S.

A lire aussi :
Présidentielle 2005

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 11 novembre 2005 à 23:06, par Un Burkinabé de France En réponse à : > Quand le classement du PNUD est pris en argument de campagne politique !...

    Bravo messieurs. Vos contestez les statistiques du PNUD. Il faut une telle dose de “culot” pour le faire et vous en avez. Mais ce que vous oubliez c’est que ce sont les mêmes indicateurs pour tous les pays et si le nôtre est toujours parmi les derniers, c’est qu’il y a problème. L’opulence affichée par le pouvoir cache mal la fracture sociale profonde. En deux décennies de pouvoir, Blaise Compaoré et ses sbires n’ont fait que s’enrichir au détriment du peuple qui au contraire connaît une constante paupérisation. Les richesses du pays ont été pillées, bradées,... Qu’est ce que les analystes du PNUD auraient à gagner en plaçant le Burkina Faso toujours parmi les 2 ou 3 derniers ? C’est absurde.
    Que l’opposition s’en serve pendant la campagne présidentielle est tout à fait normale. Blaise Compaoré et son CDP seraient des opposants aujourd’hui qu’ils auraient fait la même chose.
    Par contre j’admets avec vous que ce n’est pas un discours basé sur le classement du PNUD qui conduira l’opposition à la victoire.
    Nous comprenons votre position du fait de l’appartenance de votre journal mais tout de même ; cela ne justifie pas votre malhonnêteté intellectuelle. Arrêtez d’être des griots du pouvoir et ayez le courage de dire au président que si nous sommes toujours derniers c’est que ça ne va pas. Peut-être qu’il l’acceptera de vous qui n’êtes pas des opposants. Ce n’est pas drôle de savoir son pays toujours à la traîne.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique