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Drame de Banlo : « La population regrette réellement l’acte commis », Momo Koko, maire de Bouroum-Bouroum

Publié le dimanche 5 septembre 2021 à 23h50min

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Drame de Banlo : « La population regrette réellement l’acte commis », Momo Koko, maire de Bouroum-Bouroum

Quelques jours après le drame de Banlo, dans la commune de Bouroum-Bouroum, où quatre personnes ont perdu la vie, une équipe de la rédaction de Lefaso.net s’est rendue sur les lieux de la tragédie afin d’en savoir davantage sur les circonstances. Dans cet entretien, le premier responsable de la commune revient sur les faits. Momo Koko invite la population à la prudence et au respect du code de la route. L’édile de Bouroum-Bouroum annonce que d’autres mesures seront prises lors d’un conseil municipal extraordinaire prévu le 4 septembre 2021.

Lefaso.net : Depuis peu, le nom de votre commune est sur toutes les lèvres. Et la raison, c’est l’affaire du lynchage des agents du CCVA. Pouvez-vous nous dire ce qui s’est passé ?

Momo Koko : Ce drame s’est produit le vendredi 27 août 2021 aux environs de 15h, selon les dires de ceux que je suis venu trouver sur place. Moi-même je n’étais pas là. J’étais en mission à Gaoua. L’information m’est parvenue aux environs de 16h. Je suis donc venu constater. Lorsque je suis arrivé, les forces de sécurité avaient déjà fait le constat. Je suis venu trouver quelques jeunes, avec le commissaire de police et ses éléments.

Ils m’ont dit que le constat est terminé et ils étaient en train de voir comment transporter les engins endommagés à la police. J’ai ensuite voulu savoir où était l’enfant qui a été heurté. On m’a dit que les parents ont emmené le corps en famille pour faire les funérailles. Par la suite, j’ai demandé quels sont les occupants du véhicule. Et on m’a fait savoir que les occupants ont fui, qu’on ne les a pas retrouvés.

Voilà l’information que j’ai reçue. J’ai également observé que deux ralentisseurs en terre et en briques avaient été érigés à la hâte, encadrant là où le corps de l’enfant était déposé. Selon ce qu’on m’a raconté, la circulation était bloquée. Je n’ai plus eu d’autres informations qui pouvaient me situer clairement sur le déroulement des évènements.

Après le départ des forces de sécurité qui avaient fait le constat, je me suis rendu dans la famille du garçonnet pour assister aux funérailles. Lorsque je quittais les funérailles, il était près de 18h30 et la nuit commençait à tomber. C’est après cela que j’ai eu l’information, par le commissaire, qu’on a retrouvé les corps des occupants du véhicule dans la nuit. Nous nous sommes rendus au petit matin là où les trois corps ont été trouvés. Ensemble, nous avons organisé l’enlèvement des corps pour la morgue de Gaoua. Voilà ce que je peux dire par rapport au drame qui est survenu.

Avez-vous reçu des informations sur l’identité des meurtriers des trois occupants de la voiture ?

Quand j’ai eu l’information que les trois corps ont été retrouvés, je me suis rendu sur les lieux au petit matin. J’ai vu la police qui avait certainement arrêté l’auteur de ce crime. Ils m’ont annoncé qu’un homme s’était déclaré comme étant l’auteur du crime et qu’il serait le grand-frère du papa de la victime. C’est ce que je sais. Maintenant, le reste se trouve entre les mains de la justice.

Qu’est-ce qui peut expliquer une telle barbarie ?

L’enfant percuté par le véhicule est décédé sur-le-champ. Ce qui a pu choquer profondément les parents, qui n’ont pas pu se maîtriser. C’est ce que je suppose. Il nous a été dit que les occupants du véhicule ont fui. Notre espoir était que quelqu’un nous informe qu’ils étaient quelque part. Ce n’est qu’après que j’ai appris la mauvaise nouvelle. Maintenant, ce qui a poussé la foule à commettre cet acte, je ne peux le dire.

Il parait que ce n’est pas la première fois que de pareils actes se produisent ici. Qu’est-ce que vous prévoyez, notamment en termes de sensibilisation, à l’endroit de vos populations ?

Il est vrai que c’est un tronçon dangereux. A l’endroit où le drame a eu lieu, il y a un bas-fond, un virage et des nids-de-poule un peu partout. Effectivement beaucoup d’accidents se produisent ici. Il avait été demandé au conseil municipal d’y implanter des ralentisseurs. Et pour cela, j’ai approché la Direction régionale des infrastructures de Gaoua.

Le directeur régional lui-même m’a dit qu’il fut un moment où il y avait trop de ralentisseurs. Même le gouverneur a soulevé le problème en son temps. Les gens posaient des ralentisseurs comme ils voulaient. Donc, négocier de nouveaux ralentisseurs était difficile. C’est ce que le directeur régional des infrastructures de Gaoua m’a dit. Ensuite, il m’a contacté pour me dire que ce qu’il peut faire, c’est de fixer une plaque d’indication, limitant les vitesses à ce tournant pour éviter les drames. C’est ce qu’il a fait.

Nous sommes venus ensemble. Avec le conseiller sur place et quelques personnes, nous avons fixé la plaque avant le virage. Voilà ce que nous avons pu faire et que le directeur régional a dit qu’il peut faire. Mais pas mettre des ralentisseurs. Il n’est pas de notre devoir de mettre des ralentisseurs sur une route nationale. Il y a des techniciens qui savent comment la route est construite.

Nous faisons régulièrement de la sensibilisation pour le respect du code de la route. Nous le faisons avec l’aide de beaucoup de partenaires. Voilà autant d’actions que nous menons dans notre commune. Mais les accidents sont imprévisibles.

A l’issue d’une rencontre avec le gouverneur de la région du Sud-Ouest le 30 août dernier, des mesures ont été annoncées. En quoi consisteront-elles ?

À ce niveau effectivement, nous avons d’abord pris des mesures pour demander aux occupants des abords des voies, surtout les commerçants, qui posent des sacs de charbon, du bois ou des boutiques, de quitter les lieux. Nous les sensibilisons dans ce sens depuis le 1er septembre. Nous avons mis tous les dispositifs en place pour pouvoir prévenir ces situations malheureuses.

Du 1er au 4 septembre, nous rencontrons les communautés coutumières, religieuses, la jeunesse, les femmes, les CVD…et nous allons boucler avec le conseil municipal qui fera certaines délibérations, afin de renforcer la surveillance et le contrôle des voies publiques.

Nous voulons amener la population à se mettre dans la tête que ce sont des actions qui ne doivent plus jamais se répéter. Nous sommes en train de voir comment nous organiser pour présenter nos condoléances aux différentes familles éplorées. En attendant, et en tant que maire, je présente mes condoléances aux différents familles éplorées. Que la terre du Burkina Faso soit légère aux âmes des disparus !

Il semble que le jour du drame, la population en voulait à votre personne. Est-ce que cela est vrai ? Si oui, pourquoi ?

Non, ce sont des ragots. Il m’a été rapporté que si le conseil municipal avait pu réaliser les ralentisseurs demandés, cela allait peut-être permettre de diminuer les accidents. Mais je n’ai pas entendu ces choses-là de mes propres oreilles. Je suis ici et personne n’en veut à ma personne.

Au regard de la gravité de l’acte, qui pourrait jouer sur la cohésion sociale, est-ce que vous êtes disposés pour accompagner la justice pour que la lumière soit faite ?

Vous-même qui êtes venus là, je ne me gêne pas pour que vous sachiez quelque chose en la matière. Si la justice a besoin de moi pour certaines informations, je les lui communiquerai si je les ai. Comme je vous l’ai dit, je n’ai pas beaucoup d’informations en dehors de ce qui m’a été rapporté. Que la justice fasse son travail pour que la lumière soit faite. En tant que premier responsable de la commune, je répondrai en cas de besoin.

Pensez-vous que la population regrette l’acte commis ?

La population regrette réellement l’acte commis. Il se peut même que ce soient des actions isolées.

Quel message avez-vous à l’endroit de vos administrés ?

J’invite tous ceux qui fréquentent les voies publiques à être prudents et à respecter le code de la route. La population doit aussi comprendre que, lorsque de telles situations se produisent, ils doivent savoir que c’est quelque chose d’imprévu. Il faut d’abord chercher à sauver les victimes avant de penser à quoi que ce soit. Nous les invitons surtout à la retenue. Nous sommes dans un État de droit et quand des accidents arrivent, c’est à la justice d’intervenir. Donc, il n’y a pas lieu de se rendre justice.

Propos recueillis par Yidalawala Isaac Ki-Zerbo (stagiaire)
Lefaso.net

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