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PAREN : "Le sankarisme, c’est du badoïsme"

Publié le mardi 8 novembre 2005 à 08h29min

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Après avoir sillonné chefs-lieux de région, provinces, départements et villages, le candidat du Parti de la renaissance nationale (PAREN), Laurent Bado, a tenu un grand meeting à Ouagadougou. C’était le dimanche 06 novembre à la Maison du peuple.

Dimanche 6 novembre 2005, 15h. L’entrée de la cour de la maison du Peuple grouille de monde. Les "parqueurs" pourchassent les automobilistes, motocyclistes et cyclistes qui ralentissent. A l’intérieur, des jeunes, foulards frappés de l’effigie du candidat Laurent Bado attachés au cou, dirigent ceux qui arrivent sur les lieux du meeting alors que des haut-parleurs diffusent un discours énergique. Quelques minutes après, c’est la troupe musicale de l’université qui entre sur scène avec des chansons élogieuses qui amusent le public.

15h 30 mn. Aux cris de "Laurent arrive, Compaoré a peur", le pape du tercérisme et son staff arrivent sur les lieux. Ils sont accompagnés d’une troupe musicale traditionnelle gourounsi. La machine "diango système" originel fait des émules dans la foule : démonstration de muscle, d’énergie, de puissance et d’adresse ont émerveillé le public. "C’est le malin traditionnel" , lâche un militant.

Deux allocutions ont constitué l’essentiel de ce meeting, qui a duré environ, tenez-vous bien, 4 heures d’horloge. C’est la représentante du directeur régional de la campagne du Centre, Mme Jeanne Traoré, qui a ouvert la vanne des interventions.

Mettre fin à la nation assise

Au nom du directeur régional et des femmes, elle a salué militants et sympathisants qui n’ont pas marchandé leur déplacement pour dire leur fidélité au candidat Laurent Bado, car, selon elle "il est temps de mettre fin à cette nation assise qu’on vous impose". Pour elle, une minorité de privilégiés pillent les richesses du pays alors que les autres, la grande majorité, croupissent dans une misère inacceptable. "Regardez !", lance-t-elle, les femmes sont traitées comme des produits de consommation ... c’est révoltant". Mais, ajoute-t-elle, "au PAREN, elles ne sont pas traitées de la sorte, elles ont toute leur place et ce n’est pas les hommes du parti qui les empêcheront de jouer leur rôle".

Bien au contraire, rassure madame Traoré, avant de se réjouir que les militants et sympathisants aient fait massivement le déplacement pour soutenir le candidat Bado, seul espoir de sortir de cette ornière. Parce que, poursuit-elle, son projet de société tient compte de tous les maux qui minent le Burkina et qui l’empêchent d’évoluer. Alors, pour l’avenir de notre pays, Mme Traoré Jeanne a invité les militants et sympathisants à barrer la route aux pilleurs en contribuant par leur vote "à éloigner, le 13 novembre, le spectre de l’enfer qui plane sur nos têtes surtout sur les têtes de nos enfants".

La vérité rougit les yeux, mais ne les crève pas

Puis ce fut l’allocution la plus attendue de la soirée : celle du candidat Bado lui-même. Il y a remue-ménage dans la foule, tous les moyens sont bons pour pouvoir suivre confortablement le Savonarole de la politique burkinabè. D’entrée de jeu, Laurent Bado déclara aux militants et sympathisants, qui se bousculaient pour le suivre, qu’il les remerciait d’avoir fait le déplacement au prix même de leur poche, car, dit-il, "je n’ai pas d’argent pour mobiliser des cars". Applaudissements nourris de l’auditoire. "Je suis gêné d’être devant vous aujourd’hui, car ma candidature parait inopportune", ajouta-t-il. Calme plat de la foule qui ne comprend pas très bien. Et Laurent Bado de rassurer :"mais vous allez le comprendre".

Depuis longtemps, dit-il, "J’ai évolué sans problème. Mais voilà, depuis que j’ai créé mon parti, depuis que je suis devenu député, on tente de me présenter comme le politicien le plus véreux. Mais le pouvoir, pour moi, n’est pas une fin en soi. Je n’ai pas la boulimie du pouvoir". C’est pourquoi, conclut-il, "je ne m’adresse pas aux ventres des Burkinabè, mais à leur intelligence. Si quelqu’un est venu ici pour s’attendre à un tee-shirt ou une casquette, il peut mettre son bulletin dans son...". "Oui, c’est ça !" pouvait-on entendre dans la foule. Puis le truculent enseignant de droit prévint : "Ce soir vos yeux seront rouges avec moi, car je vais vous dire la vérité". Et de fait, toute la société burkinabè est passée sous les fourches caudines du leader du PAREN.

A l’intention des vieux et surtout des chefs de village et de canton, toute cette foultitude de bonnets rouges qui tapissent les meetings du candidat CDP, il a posé la question suivante : "Comment tu peux te montrer ouvertement militant d’un parti alors que tu as également des sujets dans d’autres partis" ?

La recherche de la facilité par les religieux, les parents, et surtout les femmes a aussi été dénoncée par le candidat Bado. "J’accuse les femmes, lança-t-il, parce qu’elles sont nombreuses, mais ne s’intéressent pas à la politique. Et s’il y a quelques femmes qui s’aventurent en politique, elles adhèrent à des partis riches et non à des partis qui ont des idées". Les étudiants, qui se trouvaient être nombreux dans la foule, en ont eu également pour leur compte sans oublier bien sûr des politiciens qu’il juge immoraux et amoraux.

Ma voie originale de développement

Après avoir fustigé toute les couches sociales du Burkina, le candidat Bado a expliqué aux militants et sympathisant son projet de société, qui est à cheval entre le socialisme et le capitalisme.

"Le sankarisme, c’est en fait du badoïsme", dit-il, car, il se propose de construire la modernité sur le socle de notre identité, tout comme Sankara à l’époque du CNR. Sous le régime de Bado, la priorité c’est l’eau. "Au lieu de parler de 8000 villages, 8000 forêts, il faut parler plutôt de 8000 villages, 8000 barrages". Car, dit-il, l’eau est à la base de tout développement. Aussi, "si la pluie ne vient pas vers les Burkinabè, les Burkinabè iront vers la pluie". Et les citoyens seront des actionnaires pour la création d’entreprises d’Etat.

En somme, le président du PAREN propose aux Burkinabè "l’économie populaire" , pour qu’en dix ans le Burkina soit un pôle économique. De toutes façons, avertit Bado, "je vous indique le chemin à suivre ; si vous refusez de l’emprunter, alors il ne reste plus qu’aux cimetières de s’agrandir".

Pascal Kané, Stagiaire
L’Observateur

P.-S.

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