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Gestion intégrée des ressources en eau : Des experts burkinabè s’imprègnent de l’expérience française

Publié le mardi 8 novembre 2005 à 08h12min

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Une dizaine de cadres du ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques ont effectué du 22 au 29 octobre 2005, une visite de formation par immersion auprès des agences de l’eau en France.

L’expérience française en matière de gestion intégrée des ressources en eau intéresse le Burkina Faso qui a engagé depuis 1999, un programme. De plus, l’Assemblée nationale a adopté une loi d’orientation en 2001 faisant de la concertation, la participation et la subsidarité, les principes de la Gestion intégrée de ses ressources en eau (GIRE). Cette loi consacre la bassin hydrographique comme cadre de sa mise en œuvre. C’est dans la perspective de la création imminente des nouveaux espaces de gestion des bassins hydrographiques que les experts du ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques ont ciblé « la longue et solide expérience » de la France en la matière pour mieux s’outiller.

La délégation conduite par la directrice du suivi des bassins hydrographiques, Mme Edith Ouédraogo, comprenait des cadres de la Direction générale de l’inventaire des ressources hydrauliques (DGIRH), des structures décentralisées (DRAHRH) et des associations (CNE). Cette visite par immersion leur a permis d’approfondir leurs connaissances dans la gestion de l’eau par bassin, ainsi que sur la mise en place et le fonctionnement des comités et des agences de l’eau.

Des échanges enrichissants avec des structures scientifiques et techniques

Au cours du séjour, deux agences ont servi d’ateliers. Il s’agit d’abord de l’agence de l’eau, Amdour-Garonne dont le siège est à Toulouse.

Cet agence dispose d’un bassin hydrographique couvrant 1/5 du territoire, 1/9 de la population (7 millions d’habitants), 30% des barrages hydroélectriques et un réseau dense de 120 000 km de cours d’eau. Comme au Burkina Faso, ses cours connaissent des débits irréguliers. La deuxième Agence de l’eau qui a servi d’atelier est celle de la Seine-Normandie dont le siège est à Nanterre en région parisienne. Le bassin hydrographique de la Seine-Normandie est le plus important sur le plan économique avec 40% des activités industrielles du pays, 30% de la population totale, 20% du territoire français regroupant 8 régions, 25 départements et 8715 communes.

A Montpellier, la délégation s’est imprégnée des enjeux de la gestion décentralisée et participative de l’eau auprès d’une collectivité territoriale en l’occurrence, le Conseil général de l’Hérault. Ce Conseil fait de cette gestion, une dimension très importante de sa politique de développement durable. Le rôle primordial joué par les structures décentralisées en étroite conjugaison avec les agences de l’eau a été mis en évidence.

La délégation conduite par Mme Ouédraogo, a en outre, mis son séjour de l’Hérault à profit pour multiplier les échanges enrichissants avec d’autres structures techniques et scientifiques. Il s’agit de l’association VERSEAU-Développement (Valorisation des études et recherches dans les sciences de l’eau), de l’observatoire de développement des programmes Hycos de l’IRD. La délégation a également eu des échanges avec des experts de l’AGROPOLIS , la plus grande communauté scientifique mondiale dans les sciences de l’agriculture, l’alimentation, l’environnement et la santé.

L’importance de la communication dans le processus de gestion de l’eau

Les partenaires français ont insisté sur l’importance du rôle de la communication dans le processus de gestion de l’eau par bassin. En effet, la sensibilisation du public par des actions d’information, d’éducation et de communication est un préalable et un accompagnement nécessaire d’une politique de gestion intégrée et concertée de l’eau. Le Burkina Faso considéré comme le pays ouest-africain le plus avancé dans ce processus a déjà mis sur pied 3 organes. D’abord un conseil national de l’eau depuis 2002, structure de concertation nationale établie pour une gestion partenariale de l’eau impliquant l’Etat, les collectivités locales, le secteur privé et la société civile.

Ensuite un comité technique de l’eau depuis 2004, structure interministérielle de coordination administrative et d’harmonisation des politiques sectorielles. Enfin des Comités locaux de l’eau (CLE), structures locales de gestion décentralisée de l’eau en expérimentation dans le bassin du Nakambé. Reste la création des organismes des bassins hydrographiques identifiés sur l’ensemble du territoire. Et il reviendra à ces structures nouvelles d’élaborer avec l’accompagnement des experts, leurs schémas directeurs et leurs schémas- d’aménagement et de gestion des eaux (SPAGE et SAGE).

Ces schémas constitueront la feuille de route de la politique de l’eau qu’adopteront les différents comités de bassins. En rappel, en France comme au Burkina, le bassin hydrographique est considéré comme le cadre le plus approprié de planification et de gestion intégrée et équilibrée de la ressource en eau. C’est à son échelle que s’exerce la politique de l’eau. Le principe appliqué en France d’une gestion intégrée par bassin hydrographique est aujourd’hui admis dans de nombreux pays.

D’abord en Europe où a été adoptée une directive cadre fondée sur l’institutionnalisation de ce principe dans tous les Etats membres. Et sur les autres continents, où plusieurs pays ont déjà manifesté leur intérêt pour un système fondé sur les mêmes bases.

Pour la délégation, « au-delà de cette visite-formation et du partenariat déjà engagé avec les institutions françaises, c’est une nouvelle ère de coopération qui s’ouvre pour nos collectivités locales de gestion de l’eau en termes de possibilités de partenariats plus proches et plus personnalisés avec les agences de l’eau en France ».

Cette opportunité découle de la loi Oudin de janvier 2005 qui autorise désormais les collectivités territoriales ou leurs regroupements, ainsi que les agences de l’eau en France à soutenir des actions de coopération dans le domaine de l’eau à travers le monde.

Bachirou NANA
(Source DCPM du MAHRH)

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