Face aux difficultés d’approvisionnement en énergie électrique et d’accès des populations au service public de l’électricité, le gouvernement a engagé, en 2007, des réformes dans la structure de l’industrie de l’électricité. Ce qui a consacré la libéralisation de la production, à travers l’ouverture de ce segment aux sociétés privées.

C’est dans cette dynamique qu’une structure de régulation a été créée pour la prise en compte des principes et règles de gestion. Il s’agit de l’Autorité de régulation du secteur de l’Energie (ARSE). Elle est chargée de réguler les activités de production, d’exploitation, de transport, de distribution, d’importation, d’exportation et de vente de l’électricité sur toute l’étendue du territoire national.

L’équipe de l’ARSE en compagnie des agents de la centrale hydroélectrique de Bagré

A cet effet, elle mène des activités de contrôle au niveau des différentes structures de production d’électricité pour s’assurer du respect des règles d’exploitation, de la réglementation régissant le secteur de l’Energie. C’est dans ce cadre que s’inscrit sa présente mission de contrôle de la Centrale hydroélectrique de Bagré, du poste 132/33 kV de Zano et de la coopérative d’électricité (COOPEL) de Gnangdin.

L’objectif était de faire le contrôle des équipements techniques au niveau des trois sites, de se rassurer du bon taux de remplissage du lit du barrage de Bagré et de la bonne politique de gestion de crue du barrage, de s’assurer du respect des paramètres d’exploitation des ouvrages et collecter toutes autres informations et documents utiles, et enfin de vérifier l’application effective des tarifs homologués au niveau de la COOPEL de Gnangdin.

Cette visite a permis à l’ARSE de comprendre le mode de fonctionnement de la COOPEL de Gnangdin (un village situé à une trentaine de kilomètres de Tenkodogo sur l’axe Tenkodogo-Bittou) qui fonctionne de manière autonome depuis 2017 grâce à un raccordement avec la SONABEL de Bittou. Elle est dirigée par un bureau de dix membres dont deux femmes avec à sa tête Salifou Sana, et l’appui technique d’un fermier (un agent technique accrédité par la Fédération des COOPEL – FESCOOPEL- pour accompagner les coopératives dans la gestion technique et financière de leur coopérative) qu’est Rémi Zoungrana de l’entreprise IBC.

Boureima Dabré, agent au poste 132/33 kV de Zano

Actuellement, la coopérative compte 240 abonnés et continue de recevoir des demandes d’abonnement ; d’où la nécessité du renforcement de leur transformateur pour satisfaire la demande et permettre l’accès à l’énergie de tous les habitants de Gnangdin.

Après Gnangdin, le cap a été mis sur le poste 132/33 KV de Zano, situé à quelques kilomètres de Tenkodogo sur l’axe Gnangdin-Tenkodogo. Là aussi, l’équipe de l’ARSE a pu s’enquérir du fonctionnement et du rôle de ce poste dans le réseau de production d’électricité du pays. Géré par une équipe de trois personnes, dont Boureima Dabré, ce poste est le barycentre de la production des deux (2) plus gros barrages du Burkina (Bagré & Kompienga) en termes de production électrique et qui distribue une partie de l’électricité pour les populations du Centre-Est et l’Est (Tenkodogo-Garango-Koupela-Zorgho-Pouytenga-Fada et villages environnants à ces villes), le reste étant évacué au poste de la Patte d’Oie à Ouagadougou en 132 kV.
Fonctionnel depuis plus de 20 ans, il présente une nécessité de modernisation notamment au niveau technique et de renforcement des ressources humaines pour une meilleure performance.

Arnaud Ouédraogo, technicien à l’ARSE

Après Gnangdin, Zano, la Centrale hydroélectrique de Bagré a constitué la dernière étape de cette mission de contrôle. Elle a reçu la visite de l’équipe de l’ARSE dans la matinée du 11 juillet 2021. A travers une visite de la digue du barrage et des différents déversoirs, le chef de poste de la centrale hydroélectrique, Emmanuel Dentoumda, a expliqué le processus de production de l’électricité grâce aux équipements dont ils disposent. Comme attendu, cette visite a permis à l’équipe de constater le niveau de remplissage du barrage qui est actuellement de 60% et est en déça du niveau observé l’année passée à la même période, selon Emmanuel Dintoumda.

A l’en croire, le barrage a une capacité de production de 16 MW, mais actuellement la production est de 12 MW au regard du taux de remplissage et du viellissement des machines. La visite de la centrale a révélé toute la technicité derrière le courant que les populations consomment. Après une présentation du processus de production de l’énergie produite par le barrage et transportée vers le poste de Zano, l’équipe de gestion de la centrale a souligné les difficultés auxquelles elle fait souvent face dans la production, notamment les pannes techniques ; d’où la nécessité de moderniser les équipements d’exploitation pour renforcer la production.

La maintenance est assurée par les agents de la SONABEL présents sur le site. Comme tous les sites visités, la centrale hydroélectrique de Bagré a besoin de moderniser ses installations et de renforcer son équipe. L’autre fait constaté lors de cette visite est le déversement du trop-plein d’eau quand le barrage atteint son niveau maximum de remplissage. Pour ce faire, le barrage dispose de quatre vannes d’évacuation de crue qui permettent d’évacuer le trop-plein d’eau dans le lit du fleuve ainsi que vers le pays voisin (Ghana).

L’équipe de l’ARSE en compagnie des membres du bureau de la COOPEL de Gnangdin

A ce niveau, Ernest Sanou, ingénieur hydraulicien de la centrale, a laissé entendre que les quatre vannes d’évacuation ont une capacité globale de déversée de 2800 m3 d’eau par seconde. Mais l’une des solutions trouvées au deversement d’eau vers le Ghana, selon Arnaud Ouédraogo, ingénieur électromécanicien à l’ARSE, est la création de Bagré-Avale qui permettra d’optimiser le trop-plein d’eau dans la production d’électricité au profit des populations.

C’est avec un sentiment de satisfaction que l’équipe de l’ARSE a terminé sa mission de contrôle sachant que la COOPEL de Gnagdin fonction et continue de mettre à la disposition des abonnés de l’électricité et que les équipements d’exploitation sont fonctionnels au niveau du poste 132/33 kV de Zano et de la Centrale hydroélectrique de Bagré, même s’ils ont besoin de modernisation.

Toutefois, la présidente Mariam Gui Nikiéma a rassuré qu’un rapport sur cette mission sera rédigé et présenté aux autorités pour que des mesures soient prises pour renforcer ces équipements afin d’améliorer la production de l’électricité.

Judith SANOU
Lefaso.net