Sur l’axe Tampouy-Tanghin emprunté ce jeudi 15 juillet, c’est un seul troupeau de moutons que nous apercevons. Le propriétaire, qui était prêt à discuter des prix avec nous, finit par se raviser après découverte de notre identité de journaliste. Au bout de plusieurs tentatives, il accepte de parler à condition ne pas être filmé, pris en photo ou enregistré.

La règle du jeu établie, il se confie, mais de façon laconique. « Nous sommes venus ici pour donner à manger à nos moutons avant de les convoyer au marché de bétail », lâche-t-il lorsque nous avons voulu savoir s’il était au courant de la mesure d’interdiction. « Nous voulons leur faire brouter un peu d’herbe avant de les conduire à Tanghin », renchérit son compagnon, lui aussi hostile à notre camera.

Dans ce marché de bétail, chaque commerçant paye 200 francs CFA par tête comme taxe pour s’installer

Après ces échanges, cap sur le marché de bétail de Tanghin, l’un des sites dédiés à la vente de bétail. Là, le constat est tout autre. A l’intérieur et à l’extérieur de ce marché situé dans le 4e arrondissement de la ville, l’affluence est grande. Devant ce marché, les animaux sont « exposés comme des arachides » rendant la circulation délicate sur la voie située à proximité. « Le marché ne peut pas contenir tous les animaux, c’est pourquoi nous avons autorisé les autres vendeurs à occuper l’espace dehors », justifie le premier responsable des lieux, Issaka Tiemtoré.

Une autre raison qui explique cette décision, selon Issaka Tiemtoré, est la boue causée par la pluie qui gêne les animaux et les vendeurs. A entendre le patron de ce marché de bétail, la décision du maire est à saluer. Les vendeurs de moutons qui sont aux abords des voies, dit-il, « peuvent occasionner des accidents ». Et surtout, ajoute-t-il, « ils sont exempts de taxes ».

Certains animaux sont hors du marché à cause de la boue

Abdoul Karim Ouédraogo est un vendeur de moutons installé à l’entrée du marché. Il dit être content de la décision d’interdiction de la vente « anarchique ». Pour lui, c’est une concurrence déloyale parce que ces vendeurs occasionnels dans la rue ne paient pas de taxes, « alors que les marchés de bétail existent pour cela ». Celui-là même qui se dit satisfait de ses ventes réalisées à moins d’une semaine de la fête de l’Aïd El Kébir appelle les autres commerçants de bétail à rejoindre les sites de ventes.

Abdoul Karim Ouédraogo applaudit la mesure d’interdiction

Incommodité du marché

Ali Bandé lui a trouvé une parade pour éviter le marché. Retranché dans un recoin de son quartier à Tampouy, il avance une seule raison. « Je ne suis pas allé au marché de bétail parce qu’il y a trop de boue à l’intérieur », relève le vendeur qui a peur de « perdre ses animaux dans cet environnement ».Toutefois, précise-t-il, « le marché reste le lieu idéal et conventionnel de vente. Si ce n’était pas à cause de la boue du marché, j’y serais allé », conclut-il.

En rappel, la vente d’animaux ou de volailles en dehors des marchés à bétail ou des espaces officiellement dédiés à cette activité est interdite dans le territoire communal de Ouagadougou en vertu de l’arrêté N°2020-163/CO/M/DAJC du 22 juillet 2020.
« Tout animal et ou volailles en vente dans la rue ou en dehors des endroits indiqués, sera systématiquement saisi par les services compétents de la commune de Ouagadougou et vendu ou remis aux services publics en charge des œuvres sociales », prévient la mairie.

Serge Ika Ki (Stagiaire)
Lefaso.net