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Départ de Moussa Touré de l’UEMOA :chronique d’un faux suspense

Publié le mercredi 14 janvier 2004 à 07h03min

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L’éviction de Moussa Touré de la présidence de la commission
de l’UEMOA et son remplacement par Soumaïla Touré est
incontestablement l’événement du sommet des chefs d’Etat de
l’Union tenu le 10 janvier. Une surprise ? Pas si sûr que cela.

Tout a commencé au dernier sommet de Dakar en 2003. Le
président sénégalais entrevoyait déjà de remplacer Moussa
Touré par un autre, en tant que commissaire au titre du Sénégal.

Le président de la commission Moussa Touré était à son
deuxième mandat de quatre ans. A titre exceptionnel, et sur
insistance du président nigérien, Mahamadou Tanja, le mandat
fut prorogé pour un an. Là, commencent toutes les
supputations et les hypothèses sur le sort de Moussa Touré.
C’est un précédent qui pourrait faire jurisprudence. La
prolongation du mandat est sujet à interprétation.

D’un côté, il y a
ceux qui disent que l’esprit est une prolongation d’une année et
ceux qui soutiennent que le mandat d’un commissaire est de
quatre ans. Donc, c’est sur cette base que Moussa Touré se
serait fondé. D’où la surprise de ses partisans. C’est ce qui
expliquerait également que l’ancien président n’ait pas mené
une campagne agressive pour son maintien. En tout cas,
jusqu’à son arrivée à Niamey, son fauteuil n’était pas
officiellemnt en jeu d’autant que le projet d’ordre du jour
concocté par les ministres chargés de l’Economie et des
Finances ne prévoyait pas ce dossier. Tout au plus, une
proposition sur le fonctionnement des institutions spécialisées.

Tout s’est donc joué au niveau des chefs d’Etat. Une décision
politique donc. Dans le camp de Moussa Touré, pas grand
monde, sauf Eyadema du Togo, qui aurait appelé son
homologue béninois pour soutenir Moussa Touré. Refus de ce
dernier qui s’est déjà prononcé pour une alternance. Wade
semble avoir scellé le sort de Touré depuis Dakar. A Niamey,
quand il s’est agi de proposer un candidat, le Sénégal s’est
abstenu, ouvrant la porte à l’unique candidat présent : Soumaïla
Cissé. Il faut dire qu’en matière de compétence et de
personnalité, le tout nouveau président en a à revendre. ATT, le
président malien a réussi du même coup à "caser" un poids
lourd politique qui aurait pu être son adversaire en cas de
deuxième mandat.

De fait, 48 heures avant le sommet, la nouvelle du départ de
Moussa Touré s’est amplifiée dans les couloirs. Au cours d’une
émission, en direct sur la télévision nationale nigérienne,
l’intéressé n’a pu éviter la question d’un de nos confrères. C’est
alors qu’il a répondu. Le mandat du président de la
commission est de quatre ans, renouvelable, donc pas limité.
Quant à savoir s’il rebelotait, il a répondu : "Pour le moment, je
suis là", un peu embarrassé.

Le huis clos des chefs d’Etat qui a duré plus de temps que
prévu (près de 5 heures d’horloge), n’a pas arrangé les choses.
Il a contribué à alimenter davantage un faux suspense sur une
question reglée d’avance. Finalement vers dix-sept heures, le
huis clos s’achève. Le communiqué final confirme ce qui a été
annoncé à Dakar lors du précèdent sommet.

La lecture du communiqué final s’achève dans un tohu bohu
indescriptible. Bousculades entre journalistes pour arracher les
impressions à chaud. ATT remercie Wade de n’avoir pas
présenté de candidat. Le nouveau promu, Soumaïla Cissé,
promet de respecter scrupuleusement le traité. Wade, l’homme
du Sopi, n’en finit pas de surprendre. Après l’UEMOA, il
souhaite également l’alternance et la rotation dans les autres
organisations de la communauté.

Par Abdoulaye TAO
Le Pays

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