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Harcèlement sexuel en milieux scolaire et professionnel : L’Association African Women Leaders mène la réflexion

Publié le dimanche 27 juin 2021 à 10h30min

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Harcèlement sexuel en milieux scolaire et professionnel : L’Association African Women Leaders mène la réflexion

L’association African Women Leaders a clos les activités commémoratives de ses cinq années d’existence par un panel sur le thème « Harcèlement sexuel en milieux scolaire et professionnel ». C’était ce samedi 26 juin 2021 à Ouagadougou en présence de la député Rokia Rouamba, coordonnatrice du réseau Caucus genre à l’Assemblée nationale.

Briser le tabou qui entoure le harcèlement sexuel en milieux scolaire et professionnel, c’est ce qui a prévalu à l’organisation de ce panel par African Women Leaders. A travers ce panel, l’association souhaite attirer l’attention du public sur la réalité du harcèlement sexuel au Burkina, sensibiliser aux méfaits du silence autour du harcèlement sexuel et faire un état des lieux du harcèlement en milieux scolaire et professionnel au Burkina Faso.

« Nous avons des témoignages sur la question du harcèlement en milieu scolaire et professionnel. Malheureusement les victimes ne veulent pas que le grand public le sache, elles ne savent pas comment s’y prendre, parce qu’il y a la honte, il y a les préjugés qui sont autour. Vu qu’elles ne veulent pas en parler, l’association a décidé d’en faire une thématique pour échanger et avertir les futures professionnelles et mêmes celles qui sont toujours sur les bancs que la chose existe et quand on la vit, on n’est pas seule, il y a des structures pour les accompagner », a expliqué Hermane Coulibaly/Gnoumou, présidente de l’association.

Hermane Coulibaly/Gnoumou, présidente de l’association African Women Leaders

« Des enseignants coupables de harcèlement sexuel en milieu scolaire »

La députée Rokia Rouamba, coordonnatrice du réseau Caucus genre à l’Assemblée nationale, souligne que si elle ne peut pas faire l’état des lieux du harcèlement sexuel au Burkina Faso, elle constate néanmoins que la situation est criarde dans la province du Boulkiemdé, d’où elle vient. « C’est d’autant plus touchant que ce sont nos filles, nos sœurs qui vivent cela et qui sont obligées d’abandonner leurs études (...) Ce n’est pas seulement en milieu scolaire, dans tous les domaines, on rencontre le harcèlement sexuel, que ce soit sur le plan social, sur le plan politique, mais surtout en milieu scolaire. Ce sont les élèves qui sont le plus touchés. Et généralement, les études ont montré que la plupart du temps, c’est au niveau des enseignants qu’on trouve les coupables, qu’ils m’en excusent, mais c’est comme ça », a-t-elle détaillé.

Pour elle, ce panel est donc l’occasion d’en parler et de partager son expérience avec les participantes, afin qu’au sortir de la rencontre, elles soient averties et prennent les dispositions pour éviter de se retrouver dans une situation de harcèlement.

Une vue des participants au panel

Des lois existent pour punir les coupables de harcèlement sexuel

Hermane Coulibaly/Gnoumou, présidente de l’association African Women Leaders, rappelle que des textes de loi existent pour protéger les victimes. Seul bémol, généralement les victimes ignorent que ces lois existent et demeurent donc dans le silence. « Les lois, il en existe, mais la méconnaissance de ces lois fait que les victimes restent dans le silence. L’autre raison, c’est que beaucoup de victimes pensent qu’elles sont seules dans la situation. Beaucoup de fois quand on parle de harcèlement, on ne voit pas le harceleur, c’est plutôt le harcelé qu’on accuse d’avoir eu un comportement provocateur. Toujours la faute est rejetée sur la victime. Quand il faut faire appel à la justice, là aussi c’est un autre problème, parce qu’il faut que la victime soit dans un environnement où on sait que le phénomène existe », déplore-t-elle.

Rokia Rouamba, coordonnatrice du réseau Caucus genre à l’Assemblée nationale, l’une des panélistes du jour

En ce qui concerne ces lois, la députée Rokia Rouamba indique qu’au niveau de l’Assemblée nationale, le 30 mai 2019, la 7e législature avait durci la loi sur le harcèlement sexuel qui existait déjà.

« Mais vous savez malheureusement, les personnes harcelées méconnaissent la législation, la démarche qu’il faut pour pouvoir porter plainte, si bien que quand elle commence, la pauvreté aidant en cours de route, elles sont obligées de s’arrêter. L’expérience aussi a montré que les coupables quand ils sont condamnés, on les retrouve dans la ville ou alors si c’est un enseignant, c’est juste qu’on l’affecte dans une autre localité. Ce sont des sanctions qui ne dissuadent pas fortement. Mais je pense que c’est passible de prison et même il y a la sanction financière qui a été inscrite dans la loi », a -t-elle indiqué.

En rappel, African Women Leaders est une association reconnue officiellement en 2016 et qui s’est fixée pour mission d’offrir des plateformes éducatives aux associations de femmes et de jeunes, afin qu’elles puissent créer de la valeur ajoutée dans leurs différentes initiatives entrepreneuriales.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net

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