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La présidentielle et ses enjeux

Publié le lundi 31 octobre 2005 à 08h06min

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En dépit du fait que l’élection présidentielle à l’image des autres échéances électorales obéit à des exigences constitutionnelles auxquelles tout Etat démocratique ne souhaiterait pas s’en priver au risque de signer l’arrêt de mort de ses institutions et de son processus d’Etat de droit, il s’en trouve des gens qui voient en la présidentielle du 13 novembre prochain, une perte de temps.

Une élection qui ne mériterait pas d’être organisée à leurs yeux, non pas parce que son coût grève bien de budgets mais surtout parce qu’au regard des forces en présence et de la configuration des candidats, il n’y aurait pas d’enjeux qui méritent que tant d’hommes et de femmes épuisent leurs énergies. Constat ou vœu de citoyens dépités ou indifférents ?

Il reste que tous compte fait, on ne saurait nier au scrutin du 13 novembre prochain son importance. Troisième présidentielle de la IVè république, ce scrutin revêt un caractère historique et regorge naturellement d’une somme d’enjeux. Aussi bien pour ces candidats en lice que pour les simples citoyens.

La campagne présidentielle bat son plein au Burkina. Les activistes des différents candidats sont à l’œuvre et la propagande politique est à son comble. Personne ou presque apparemment n’entend pas se laisser conter. Des « rabatteurs » de voix potentielles aux collectionneurs de gadgets et autres subsides, distribués à profusion en ce temps de grâce politique, chacun essaie - à sa façon - de mettre les chances de son côté. Mais qu’est-ce qui peut bien faire courir toutes ces âmes ?

Les candidats

Comme chacun sait, l’élection présidentielle du 13 novembre enregistre 12 candidats en lice. Chacun ayant sa spécificité et sa personnalité, on pourrait éventuellement les classer en douze catégories tout comme on pourrait se contenter d’une classification en deux composantes. Le candidat de la majorité qui est le président sortant d’une part qui cherche à conserver le pouvoir et les candidats de l’opposition qui lui disputent le fauteuil d’autres part cherchant donc à conquérir le pouvoir. Ainsi campé, on pourrait donc se permettre de gloser sur quelques enjeux que regorge leur combat.

Si l’on venait à demander aux différents opposants en compétition de formuler un vœu pour les deux semaines à venir, ils répondront certainement en chœur qu’ils veulent chacun en ce qui le concerne être élu comme président de la république. Seulement, si chacun sait que dans les milieux de l’opposition on y rêve particulièrement d’alternance, il n’en demeure pas moins que les plus réalistes ont revu à la baisse leurs ambitions. En effet, ils sont nombreux ceux qui implorent actuellement Dieu et les électeurs de leur permettre de se tirer d’affaire ne serait-ce qu’avec un score honorable.

Et ce, parce qu’à dire vrai, l’enjeu de cette élection chez nombre de candidats de l’opposition réside plus dans l’échelle de positionnement que dans tout autre chose. Comme il est de bonne guerre dans tous les cadres d’expression de rivalité et d’émulation, chacun entend mieux faire que l’autre. Chaque opposant en général caresse le secret espoir de se classer en pôle position à défaut d’être le vainqueur.

Mais ce souci de performance semble être plus prononcé au niveau des courants déclarés et clairement identifiés tels chez les sankaristes, chez les socialistes, bref chez les hommes de gauche. N’est-ce pas que certains candidats et certaines formations politiques semblent jouer leur va tout à travers ce scrutin tant il s’avère que leur avenir et même leur survie politique seront tributaires de leur performance à l’issu du scrutin.

Quid du candidat de la majorité.

Si pour des raisons évidentes le président sortant se présente aux yeux de nombre d’observateurs de la scène politique burkinabè comme étant de loin le favori, il n’en demeure pas moins que ce dernier a du pain sur la planche. Et à l’analyse, on pourrait dire que l’enjeu de ce scrutin pour ce candidat réside dans le score et dans le taux de participation des électeurs. En effet, soutenu par une avalanche de formations politiques, le candidat Blaise Compaoré n’entend pas passer in extremis ni aller surtout au second tour.

Après plus d’une décennie de pouvoir, celui là dont la candidature aura suscité bien de polémiques et de controverses s’attend au moins à un score aux allures de plébiscite pour combler sa légitimité rognée et suppléer à sa légalité contestée. Mais pour cela, il faudra aussi un taux de participation qui fasse oublier celui de 1991 qui n’atteignait à peine la barre de 20%. C’est cela qui justifie le périple que le candidat a entamé depuis l’ouverture de la campagne et des moyens mis. Comme on l’aura remarqué, Blaise Compaoré mène pratiquement une campagne à l’américaine.

Que dire de ses lieutenants ? Chacun se demène comme un beau diable pour réussir la mobilisation dans sa région, dans sa province... et dans son village. Des bonzes du CDP en passant par le fan club des mouvanciers et des amis sans oublier les supporters circonstanciels de l’ADF/RDA, c’est à qui mobilisera le plus ; étant donné que la bataille de positionnement et le partage des dividendes en perspective tiendront compte de ces données comme indicateurs de classification.

Les syndicats
Les syndicats qui constituent la grande masse des acteurs sociaux n’entendent pas végéter en marge de ces joutes électorales. Les travailleurs à travers leurs syndicats qui ont observé 48 heures de grève la semaine dernière entendent à leur manière tirer profit de cette période pendant laquelle la magnanimité ( ?) des décideurs s’exprime à coup de promesses. En menaçant le spectre non moins controversé du boycott du scrutin au cas où leurs doléances n’obtiendraient pas de suite favorable, les syndicalistes entendent « obtenir pour eux » avant que la fièvre électorale ne retombe.

Il en est de même pour certains électeurs qui entendent - d’une manière ou d’une autre - monnayer leur voix. Soit contre des espèces sonnantes et trébuchantes et/ou contre des gadgets, soit contre des placements ou des protections sur fond d’impunité ou contre toute autre forme de motivation.

Bref. C’est la période de traite. Et chacun se débat pour meubler ses « récoltes ». Pourvu qu’après tout ce ramdam et toute cette agitation, les esprits se rappellent que le Burkina Faso est un pays arriéré et agricole, où l’eau potable demeure un luxe en bien des endroits, où l’autosuffisance alimentaire est chaque fois renvoyée aux calendes grecques, où la corruption prépare le lit de la déchéance ... et où les frustrations diverses sont grosses de tous les dangers. Autant d’enjeux et de défis donc qui attendent leur solutionnement dans l’anti-chambre de la république. Seulement jusqu’à quand seront-ils mis sous boisseau ? ? ?

Par Bangba Nikiéma

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Vos commentaires

  • Le 31 octobre 2005 à 14:23, par KOALA Salif En réponse à : > La présidentielle et ses enjeux

    Il est beau votre article ou disons ce qui prétend l’être. A l’avenir prenez au moins le soin de respecter la langue dans laquelle vous écrivez c’est un premier pas indispensable quand on va vers le journalisme. A votre place j’écrirais peut-être ceci :
    " En dépit du fait que l’élection présidentielle, à l’image des autres échéances électorales, obeisse à des exigences constitutionnelles dont tout état démocratique ne souhaite pas se priver au risque de signer l’arrêt de mort de ses institutions et de son processus de droit(???), il se trouve des gens qui voient en la présidentielle du 13 novembre prochain, une perte de temps....."

    Le reste je n’ai pas lu parce que je cherchais de l’information pas à corriger une rédaction de CM2. le pire c’est qu’une publication de presse a publié CA !!!!

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