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Le pagne dans la campagne électorale : Donner une nouvelle chance à Faso Fani

Publié le lundi 31 octobre 2005 à 08h07min

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La campagne électorale bat son plein au Faso. Çà et là, en ville comme au village, c’est devenu monnaie courante de croiser sur son chemin des gens arborant des tee-shirts, des casquettes, des foulards ou autres gadgets à l’effigie des différents candidats.

Mieux que tous ces gadgets, il y a des pagnes toujours à l’effigie de certains candidats. Ces pagnes semblent réservés aux militants supérieurs et à leur entourage. En effet, ils ne sont pas distribués au hasard et à tour de bras comme les tee-shirts.

Quand on voit un qui en porte, généralement, c’est qu’il est branché à un responsable de parti. Le Faso est ainsi inondé de milliers de mètres de pagne et c’est tant mieux pour les tailleurs et autres couturiers, qui se font plein de pognon. D’ailleurs cette année, les mois d’octobre, de novembre et de décembre sont très profitables à ces derniers, qui n’ont franchement aucune raison de crier famine. Jugez-en vous-mêmes : élection présidentielle, Ramadan, Noël et Saint-Sylvestre, autant d’occasions pour « les masses laborieuses » de faire peau neuve en se cousant une tenue nouvelle.

Cette période glorieuse des tailleurs va se poursuivre en janvier et février 2006 avec les élections municipales. Les pagnes vont donc pleuvoir encore sur le Faso tandis que l’argent, lui, pleuvra encore sur le Niger, puisque la plupart de nos commandes de pagnes sont adressées au pays de Mamadou Tandja depuis que nous avons mal géré et conduit à la fermeture Faso Fani, notre nationale de production de pagnes alors basée à Koudougou, dans le Boulkiemdé.

Même sans statistiques, on peut affirmer que le Niger engrange des centaines de millions de francs CFA par an pour satisfaire l’importante demande nationale burkinabè de pagnes. Notre pays, il faut le dire, n’est pas avare en sangaouli (1), tant les occasions foisonnent. Même pour un épiphénomène, les gens réclament un sangaouli.

A l’église, au temple, à la mosquée, à l’école, dans les partis politiques, pour le lancement d’activités ou de programmes d’envergure nationale, lors de rencontres sociales (funérailles, mariages ou baptêmes) il faut des sangaouli. C’est dire qu’il y a une forte demande nationale de pagnes. C’est pour cela que nos autorités et nos opérateurs économiques doivent étudier le marché afin de voir les possibilités de réouverture de l’usine qui, depuis longtemps, moisit à Koudougou.

C’est une question de fierté nationale : notre pays ne peut quand même pas être le premier producteur de coton en Afrique subsaharienne et continuer d’imprimer ses pagnes à l’étranger ! Ça n’a pas de sens. Tout comme le Niger, le Burkina Faso peut faire fonctionner une usine de production de pagnes. Les compétences existent déjà. Il ne reste plus qu’à les valoriser.


Syndicats et présidentielle S’abstenir est-il la solution idoine ?

On l’a entendu de la bouche de responsables syndicaux une première fois quand il s’était agi de s’inscrire sur les listes électorales en vue du scrutin du 13 novembre 2005. On l’a réentendu des mêmes bouches lors de la grève des 26, 27 octobre derniers : sans la satisfaction de leurs revendications, les travailleurs doivent prôner l’abstention à fond.

Cet appel de la part de responsables voulant un changement des conditions de vie de leurs militants sonne comme un conseil au suicide. Car qu’y comprendre ? En même temps qu’on ne veut pas de quelqu’un, on conseille aux gens de ne pas le lui faire savoir. Ça donne tout de même à réfléchir, surtout venant de grands dirigeants expérimentés comme le sont la plupart de ces guides syndicaux.

En effet, on est en droit de se demander par quel autre moyen que les urnes les travailleurs pourraient manifester leur ras-le-bol face à la cherté de la vie, à moins que ces bons messieurs aient la réponse dans leur sac, qu’ils seraient bien gentils de partager avec nous. S’agirait-il d’un soulèvement populaire à l’image de ce que nous vécûmes le 3 janvier 1966 ? Beau rêve, serions-nous tenté d’écrire, et nos syndiqués le savent mieux que nous. Quid alors ? Un coup d’Etat en bonne et due forme ? Plutôt qu’un rêve nous verrions là une utopsie !

Quelle autre solution nous reste-t-il alors ? L’abstention ? Sûrement pas la meilleure, tant l’expérience a démontré que la politique de la chaise vide n’a jamais servi ceux qui la pratiquent. A preuve, la volée de bois verts qui se sont abattus ces derniers jours sur la SONABHY qui l’a expérimentée avec Eco-finances de la TNB.

C’est donc le lieu ici de le dire sinon de l’écrire, on ne change pas de régime, du moins légalement, par le boycott d’une élection. Et plutôt que de suggérer aux militants de rester chez eux le 13 novembre, les têtes pensantes de nos centrales auraient été mieux inspirées de les inciter à aller sanctionner l’action gouvernementale dans les bureaux de vote.

L’on nous dira que nous confondons ici syndicalisme et politique, mais tout le monde sait qu’entre les deux, bien fragile est le pont qui les sépare. On nous rétorquera peut-être même que les jeux sont déjà faits ! Ok, mais en quoi s’abstenir les défairait-il ? Alors, braves travailleurs, le 13 novembre, agissez selon ce que vous commandera votre conscience. C’est là aussi votre droit comme celui de réclamer de meilleures conditions de vie.


Tour du Faso et campagne présidentielle Des événements qui chevauchent

Le Burkina Faso est passé maître dans l’organisation de grands jamborees, et de manifs populaires : le SIAO, le FESPACO, la SNC, les sommets (France Afrique, SEN-SAD, Francophonie...) en sont des illustrations palpables. Nous nous en réjouissons pleinement d’ailleurs. Car notre capacité à maîtriser tous les contours et les rouages des événements pop nous vaut bien de bons points sur le plan africain.

Qu’à cela ne tienne, mais est-ce que ces éloges tant flatteurs doivent nous pousser à programmer deux manifestations d’envergure au même moment ? C’est en tout cas ce que les Burkinabé vivent à l’heure actuelle avec la 19e édition du tour du Faso et la campagne pour l’élection présidentielle du 13 novembre prochain.

C’est vrai que la grand-messe du cyclisme africain qu’est le tour du Faso se tient à peu près chaque année à la même période. Cependant la date de la présente édition ne sied pas ; car elle coïncide avec la campagne présidentielle. Si depuis bien longtemps, on était situés sur la période électorale, ce n’est pas le cas avec la date de la fiesta du cyclisme national.

En d’autres termes, il fallait tout simplement décaler la fête de la petite reine (n’en déplaise à Amaury sport organisation, la cheville ouvrière du Tour). Imaginez par exemple que la caravane du tour, avec tous ses forçats de la route et ses nombreux véhicules, croise celle d’un candidat comme Blaise Compaoré. Qui va laisser le bitume à qui ?

Et pour quelle raison ? Nous sommes bien curieux de le savoir. C’est sûr que si ce sont les petits candidats qui se déplacent avec à peine deux 4X4, la question ne se pose pas (et c’est sûr que cela arrivera, à cause des programmes improvisés). Facilement, on peut reléguer au second plan notre si cher Tour qui, depuis plus d’une dizaine d’années, se positionne comme une référence en Afrique.

Plus grave, le chevauchement des deux événements peut distraire nos braves populations du Burkina profond. L’analphabétisme faisant, on n’est pas loin de faire des amalgames. Que les organisateurs étudient désormais les dates de leurs manifs, ça nous permettrait de nous concentrer sur une seule manif.

NB : (1) : terme dioula pour désigner un pagne qu’un groupe de personnes décide de porter à une occasion précise : mariages, funérailles, baptêmes, fin d’année scolaire, rentrée des classes, fêtes religieuses, manifestations politiques ou nationales, etc.

Rabi Mitibkèta
Observateur Paalga

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