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Master en psychologie : Stéphane Somda analyse la « perception du manager et le sentiment d’appartenance des agents à l’INSD »

Publié le jeudi 10 juin 2021 à 22h55min

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Master en psychologie : Stéphane Somda analyse la « perception du manager et le sentiment d’appartenance des agents à l’INSD »

« Perception du manager et sentiment d’appartenance des agents à l’organisation : cas de l’Institut national de la Statistique et de la Démographie (INSD). » C’est sous ce thème que Stéphane Malitouo Somda a soutenu son mémoire de Master de recherche et intervention en Psychologie, le 6 juin 2021 à l’université Joseph Ki-Zerbo. Le travail a été sanctionné par la note de 16/20.

Selon l’impétrant, le thème de recherche fait suite à un constat qu’il a fait dans le monde du travail et plus précisément dans l’administration publique burkinabè.

Les différents mouvements du personnel, explique-t-il, bien que permis par la règlementation en vigueur, sont très souvent liés à des conflits latents nés suite aux interactions entre responsable et agent. La majeure partie des collaborateurs qui ont demandé à être mutés dans un autre service, ont eu très souvent des incriminations envers leur manager ; et ces perceptions qu’ils ont de leur manager finissent par les conduire à adopter des attitudes qui ne favorisent pas le climat de travail et impactent considérablement les résultats attendus du service. Et naturellement, la conséquence de cet état de fait est la demande d’affectation de l’agent.

Stéphane Malitouo Somda dira que son constat s’est renforcé lorsqu’il a été détaché à l’INSD pour appuyer le service chargé de la gestion des ressources humaines de la structure. Là, dit-il : « Nous avons assisté à plusieurs départs de l’Institut pour certains et pour d’autres des demandes de mutation ».

Il dit avoir constaté qu’après chaque session de recrutement, après tout au plus une année d’exercice, certains de ces agents recrutés suspendent leur contrat. Cela se fait dans l’optique de revenir plus tard pour certains et de démission tacite pour d’autres.

La relation des agents de l’INSD à leur structure

L’INSD est un EPE qui, au vu de son statut et de ses missions, n’arrive pas à s’autofinancer. Son budget de fonctionnement est essentiellement tributaire des subventions de l’Etat qui, d’année en année s’amenuisent. Or, du fait que l’Etat central n’arrive pas à leur fournir les compétences nécessaires dans la réalisation de ses missions, l’Institut est contraint de recruter un certain nombre de personnel sur le marché de l’emploi. Le budget de ces recrutements grève énormément son budget de fonctionnement.

Cet état de fait amène Stéphane Malitouo Somda à s’interroger sur le management de façon générale appliqué dans la structure. Il estime que la perception que ces agents ont de leur manager et son management pourraient influencer leur appartenance à l’institut.

Il se pose alors comme question de recherche : la perception du manager a-t-elle une influence sur le sentiment d’appartenance des agents à l’INSD ? Sur la base de celle-ci, il formule des hypothèses. L’objectif de l’étude est alors de vérifier l’existence d’un lien entre la perception qu’ont les agents du manager et leur sentiment d’appartenance à l’Institut.

La pertinence de l’étude réside alors dans le fait qu’elle s’intéresse au fondement de l’état psychologique, de l’orientation des conduites des individus dans un cadre bien précis. Dans le cas-ci, elle aborde précisément la relation des agents de l’INSD à leur structure, en mettant en exergue les éléments susceptibles de déterminer la qualité de celle-ci.

La recherche a eu lieu à l’Institut national de la statistique et de la démographie avec comme population cible tous les agents de l’Institut en activité, en fin de détachement ou en suspension de contrat conformément à la loi n°033/2008/AN du 22 mai 2008, portant régime juridique applicable aux emplois et aux agents des EPE.

L’échantillon est constitué de 50 agents dont 28% de fonctionnaires détachés à l’INSD et 72% de contractuels recrutés directement par l’Institut ; le taux des cadres supérieurs est d’environ 75% et de 25% de cadres moyens. 20% de l’effectif total de l’échantillon est constitué d’agents en suspension de contrat, les agents ayant mis fin à leur détachement et les agents démissionnaires.

Comme méthodologie, l’impétrant a mené une étude de type descriptif pour permettre de découvrir les différentes perceptions qu’ont les agents de leur manager. Cette étude est aussi corrélationnelle, indique M. Somda, car elle lui a permis d’examiner le lien entre la perception des managers et le faible sentiment d’appartenance des agents à l’Institut. Elle est aussi analytique en ce sens qu’elle a permis de rechercher les déterminants de ce phénomène : relation de causalité.

Insatisfaction du management des ressources humaines de l’INSD

A la conclusion de son travail, Stéphane Malitouo Somda a pu constater à travers ses analyses qu’un taux de 86% de l’échantillon aimerait travailler dans une structure autre que l’INSD. Ce taux est significatif pour lui, compte tenu du phénomène étudié dans ce travail de recherche. En effet, cela confirme davantage sa préoccupation première qui est le fort taux de départ des agents de l’Institut.

Même si la perception du manager n’est pas principalement la cause de ce phénomène, les données recueillies montrent, selon l’impétrant, que son management de façon général a probablement une influence sur le sentiment d’appartenance des agents. Cela peut s’expliquer par le fait que 54% des enquêtés pensent que le management des ressources humaines par les managers de l’INSD n’est pas satisfaisant.

Parmi les causes de départ évoquées par les sujets qui désirent partir de l’Institut, 60% des enquêtés se justifient par la recherche d’autres expériences dans leur domaine de travail, 12% de l’échantillon évoque des raisons de plan de carrière et de rémunération, et 8% de l’échantillon parle du management de façon générale.

Mais comment peut-on en moins de cinq ans de service vouloir quitter l’Institut dont on s’est battu pour intégrer pour d’autres structures et justifier cela par la recherche d’autres expériences, s’interroge l’impétrant. Cela pourrait s’expliquer, selon lui, à travers les discussions qu’il a eues par la suite avec quelques individus de son échantillon, par le problème de management, car certains estiment être écartés des différentes activités de leur service ; son constat en tant que gestionnaire des ressources humaines de l’Institut est que plusieurs compétences dans les directions techniques ne sont pas utilisées ; ils espèrent trouver une autre structure pour pouvoir travailler effectivement.

Le jury, composé de Pr Alkassoum Maïga (président), Dr Fernand Ouédraogo (membre) et Dr Daouda Kouma (rapporteur et directeur de mémoire), a positivement apprécié le travail de Stéphane Malitouo Somda. Il l’a ainsi sanctionné par la note de 16/20.

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