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Présidentielle : 10 + 2 prétendants pour un fauteuil...

Publié le samedi 29 octobre 2005 à 08h00min

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La campgne de Blaise Compaoré a fini par tempérer l’impression de victoire certaine manifestée par certaines formations politiques, et les « incertitudes burkinabè », que l’on essayait de distiller, ne semblent plus se retrouver que dans des déclarations coupées de l’opinion publique et des réalités du moment.

13 au départ, ils ne seront plus que 12 dans l’arène démocratique, la non-participation du leader de l’UNDD en ayant réduit le nombre en même temps qu’elle suscite moult questions et hypothèses : pourquoi, après tant de voyages et de tapage, l’homme du « Tékré » s’est-il résolu à jeter l’éponge et comment ses compagnons d’« Alternance 2005 » perçoivent-ils réellement cet acte, malgré les explications qu’il a données ?

Beaucoup s’attendaient plus ou moins à pareille décision de maître Yaméogo, et l’on peut se demander combien seront-ils, en définitive, à s’aligner pour le 13 novembre ! Les sentiers de l’histoire politique du Faso sont pavés de surprenants revirements...
Voici donc venu le temps des longues randonnées sur les routes du Faso profond ; le temps pour chacun de jauger son assiette politique au sein des populations qui semblent attendre, fiévreusement, le 13 novembre. C’est à qui l’emportera ce jour-là dont dépendra l’avenir du Faso jusqu’en 2010.

Cette grande kermesse de la démocratie ne modifie pourtant pas la priorité des questions qui hantent la majeure partie des Burkinabè, et qui représentent du pain sur la planche des candidats. De quoi se plaint-on généralement ? De la flambée des prix, l’insécurité, la corruption, des maux dont le Burkina n’a certainement pas le monopole mais qu’accentue un véritable affairisme ambiant. Ce qui est déplorable et devrait être mis en cause reste l’existence de ces « entreprises administratives » parallèles dont les manières de faire ont beaucoup emprunté au commerce ses défauts sans acquérir ses qualités.

L’on admet, généralement, que l’affairisme est fils aîné de la corruption. Tous ceux qui s’y essaient, les responsables surtout, se retrouvent vite au cur de systèmes d’intérêts où ils prostituent leurs fonctions. Il y a comme une crise de confiance qu’il appartiendra aux candidats de dissiper ou d’en suggérer des voies de réhabilitation car, ici comme ailleurs, on souhaiterait des responsables conscients, étrangers aux confits d’intérêts et de passions dont, hélas, les institutions politico-administratives sont traditionnellement enjeux et victimes.

Jusqu’à preuve du contraire, ils seront donc 12 « mousquetaires », chacun s’aggripant au pommeau de son cheval pour la course du 13 novembre. Un peu trop, dira-t-on, mais assez édifiant sur l’état de santé de la démocratie au Burkina. Sans trop faire cas du système darwinien de la sélection naturelle, le constat est qu’on ne parle plus que de deux candidats : le candidat-président sortant, Blaise Compaoré, et celui-là qu’on dit son adversaire le plus ’’crédible’’, maître Bénéwendé Stanislas Sankara, qui semble se trouver dans la même position que Ram Ouédraogo en 1998. Est-ce à dire que les 10 autres n’auraient réellement pas la carrure de présidentiables ? Certes non, mais l’on n’échappe pas au phénomène de l’ordre des grandeurs...

Au sein de l’UNIR/MS l’on a salué, à sa juste valeur, le soutien apporté par la veuve Sankara à son candidat, et l’on déploie des trésors d’imagination pour glorifier le « modèle ». Ce qui a fait dire à quelqu’un que les fabricants de légendes dorées existent sous tous les cieux, mais qu’il serait étonnant que les Burkinabè veuillent rechercher et, surtout, revivre leurs vieux péchés...

Dans le camp de ceux-là qu’on nomme les « majoritaires », c’est la satisfaction depuis que des sondages donnent leur candidat gagnant avec un confortable pourcentage de voix. Et tout semble mis en oeuvre pour éviter un second tour.

On s’évertue à prouver que l’on ne vit pas aussi mal que cela au Faso, que le candidat-président apparaît comme le plus capable de porter remède aux maux dont souffre le pays, à juguler certaines angoisses. On le voit, ni la désunion des partis de l’opposition, ni l’épouvantail du régime en place qu’elle brandit ne semblent arrêter la marche du candidat Compaoré. C’est moins, semble-t-il, son programme que sa personnalité elle-même qui aura conquis les populations.

Les sceptiques ne manquent pas de faire remarquer que ce programme présenté récemment ne contenant pas de chiffres à proprement parler, il se réduit à un catalogue de simples bonnes intentions. On reconnaît là la touche burkinabè en matière de rhétorique.

Cependant, ne dit-on pas qu’un programme électoral n’est pas un contrat dans le sens commercial du terme ? Cela en raison même du fait que les problèmes de politique gouvernementale sont complexes et imprévisibles pour qu’un individu puisse prendre des engagements qui lui ôteraient toute faculté de manuvre ultérieure pour affronter des situations nouvelles ?

Pour l’heure, c’est au sein même des différents partis-supporters que les apartés et les ’’coups de griffes’’ vont bon train : certains, parce qu’ils n’ont pas réussi à tirer les ficelles comme ils en avaient sans doute l’habitude, d’autres par dépit politicien.

C’est que, si le « Large rassemblement » actuel, approuvé par Blaise Compaoré lui-même, a ses pionniers et ses animateurs conscients des enjeux, il a aussi, quoi qu’on dise, ses adversaires, silencieux, inquiets sans doute d’avoir à perdre, tôt ou tard, une bonne partie de leurs privilèges. Mais la démocratie n’a-t-elle pas pour objectif de gérer les relations entre groupes antagonistes et de garantir le pluralisme ?

A. Pazoté

JOurnal du jeudi

P.-S.

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