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Dabo Boukari, 31 ans après : L’UGEB convaincue que « tôt ou tard, les assassins seront rattrapés par la justice et punis »

Publié le mercredi 19 mai 2021 à 21h50min

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Dabo Boukari, 31 ans après : L’UGEB convaincue que « tôt ou tard, les assassins seront rattrapés par la justice et punis »

19 mai 1990 - 19 mai 2021, voilà 31 ans jour pour jour que Dabo Boukari, étudiant en 7e année de médecine à l’université de Ouagadougou, aujourd’hui université Joseph Ki-Zerbo, a été « assassiné par des militaires du Conseil de l’Entente pour avoir lutté pour l’amélioration des conditions de vie et d’étude des étudiants afin de garantir le pain et la liberté pour son peuple ». À l’occasion de la commémoration du 31e anniversaire de sa disparition, le comité exécutif a livré un message aux membres de l’Union générale des étudiants burkinabè, ce mercredi 19 mai 2021 pour que justice soit faite pour Dabo.

Message du comité exécutif de l’Union générale des étudiants burkinabè pour expliquer les circonstances dans lesquelles Dabo Boukary a trouvé la mort à l’occasion du 31e anniversaire.

« Camarades militantes et militants de l’UGEB. Sympathisantes et sympathisants. Étudiantes et étudiants, ce jour 19 mai 2021 marque le 31e anniversaire de l’assassinat de notre camarade DABO Boukary alors étudiant en 7e année de médecine à l’université Joseph Ki-Zerbo, militant courageux de l’UGEB. DABO Boukary s’est battu non seulement pour l’amélioration des conditions de vie et d’études de l’étudiant burkinabè mais aussi pour le pain et la liberté pour son peuple. Cela fait 31 ans jour pour jour que notre camarade a été arrêté par des militaires du RSP. Puis conduit dans les locaux du tristement célèbre Conseil de l’Entente, bastion du Front populaire, du président déchu, le capitaine Blaise Compaoré. Il y sera torturé jusqu’à ce que mort s’en suive.

Abass Wanga, président de l’UGEB

En rappel, en mai 1990, notre pays était sous le régime du Front Populaire dirigé par le capitaine Blaise Compaoré. Les Comités de défense de la révolution (CDR) du Conseil national de la révolution (CNR) avaient été remplacés sous le Front populaire par les Comités révolutionnaires (CR). Ces Comités révolutionnaires (CR) vont exceller dans la confiscation des libertés démocratiques et syndicales sur le campus. Toute organisation indépendante vis-à-vis du pouvoir en place voyait ses activités interdites au sein du campus avec la complicité active des autorités universitaires.

À cette époque, avec l’application des Programmes d’ajustement structurel (PAS), nos universités traversaient une grave crise qui dégradait davantage les conditions de vie et d’études des étudiants. Ainsi, à l’Institut des sciences naturelles/ Institut de développement rural (ISN/IDR), actuelle Unité de formation et de la recherche en sciences de la vie et de la terre (SVT), les étudiants luttaient pour les libertés démocratiques, la transparence dans l’évaluation des connaissances et contre les critères ultra sélectifs de passage.

Par exemple, les taux annuels de succès étaient de 8,33% pour la première année de chimie-biochimie, biologie-géologie (CBBG). C’est ainsi que l’ANEB, fidèle à sa mission de défense des intérêts matériels et moraux des étudiants va, à travers la corporation de l’ISN/IDR tenter vainement de rencontrer Monsieur Alfred S. TRAORE alors directeur de l’institut pour discuter autour des préoccupations légitimes qui assaillent les étudiants.

Face au refus de l’administration de rencontrer la corporation, celle-ci finit par déposer une plateforme revendicative le 27 avril 1990. Le 03 mai 1990, les étudiants organiseront une assemblée générale extraordinaire sous la bannière de la corporation qui fut un grand succès. Le 15 mai 1990, une autre assemblée générale extraordinaire sera tenue et connaîtra un succès éclatant.

C’est ainsi que dans la soirée du 15 mai, une campagne mensongère radiodiffusée et télévisée fut orchestrée par BAMBA Mamadou (alors délégué du Bureau du Comité révolutionnaire de l’université de Ouagadougou BCRUO). Le fameux lecteur du communiqué des putschistes du 16 septembre 2015 et feu Nindaoua Alain SAWADOGO (recteur à l’époque).

Cette campagne mensongère sera couronnée par la décision du ministre en charge de l’enseignement supérieur Mouhoussine NACRO d’exclure de l’université de Ouagadougou 10 étudiants, tous membres du bureau de la corporation de l’ISN/IDR ainsi que le Comité exécutif de l’ANEB. Refusant l’exclusion arbitraire de leurs camarades, les étudiants vont organiser dès le lendemain 16 mai une gigantesque marche de protestation en direction du Rectorat de l’université.

La machine répressive

Surpris par cette large mobilisation, le Front populaire déploiera sa machine répressive avec aux commandes feu Salifou DIALLO (le même ! alors membre du bureau politique de l’ODP/MT et conseiller spécial à la présidence sous Blaise Compaoré, dernièrement président du MPP et de l’Assemblée nationale) activement aidé par des étudiants marionnettes que sont les CR (BAMBA Mamadou, BANSE Moussa, DIABATE Issouf, GANDEMA Issa, OUEDRAOGO Hubert, TAO Yendekaye et consorts) et le recteur Alain Nindaoua SAWADOGO.

Ainsi, dès le 17 mai 1990 l’université sera transformée en caserne assiégée par les militaires du tristement célèbre Conseil de l‘Entente, aidés dans leur salle besogne par l’étudiant CR Bamba Mamadou et sa bande. Dès lors, on assistera aux arrestations, détentions et tortures de centaines d’étudiants au Conseil de l’Entente et à la sûreté nationale, des bastonnades de centaines d’étudiants sur le campus, des courses poursuites dans les quartiers environnants Zogona, Wemtenga,1200 logements. Les militants de l’ANEB sont pris pour cible et activement recherchés, leurs domiciles sont perquisitionnés en toute illégalité.

Le Comité exécutif et le bureau de la corporation sont contraints à la clandestinité. Des militantes sont battues et dénudées, de nombreux parents sont menacés dans le but de les contraindre à indiquer la cachette de leurs enfants. C’est dans ce contexte de chasse à l’homme que notre camarade Dabo Boukary a été enlevé, torturé à mort par les militaires du Conseil de l’Entente pour qu’il indique la cachette du Comité exécutif.

Selon plusieurs témoignages, c’est le capitaine Gilbert DIENDERÉ (aujourd’hui général putschiste en prison) alors chef de la garde présidentielle qui a ordonné l’enlèvement du corps. Ainsi, Dabo a accepté affronter la mort plutôt que de liquider son organisation, l’ANEB. Le" crime" qu’a commis Dabo Boukary s’il y en a eu, a été d’avoir osé lutter pour l’amélioration des conditions de vie et d’étude des étudiants. » Cependant, qu’en est-il du dossier Dabo Boukary ?

Réouverture du dossier et la tombe identifiée

Selon Abass Wanga, président de l’Union générale des étudiants burkinabè (UGEB), la forte mobilisation des militants et sympathisants de l’UGEB a contraint la justice d’ouvrir le dossier Dabo et cette réouverture a permis d’identifier une présumée tombe à Pô mais aussi d’inculper trois suspects sérieux à savoir le général Gilbert DIENDERÉ, Victoire Magloire Yougoubaré et Mamadou Bamba.

« Nous considérons la réouverture du dossier comme une avancée. Nous devons donc maintenir la mobilisation afin d’exercer la pression nécessaire sur tous ceux qui constituent des entraves à l’avancée du dossier et à la manifestation de la vérité et de la justice », a-t-il déclaré. « Quelle que soit la durée de la nuit, le jour finira par se lever » dit-on. Ainsi l’UGEB reste et demeure sereine que « tôt ou tard, les assassins de leur camarade seront rattrapés par la justice et punis. »

Dofinitta Augustin Khan
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 19 mai 2021 à 17:49, par HUG En réponse à : Dabo Boukari, 31 ans après : L’UGEB convaincue que « tôt ou tard, les assassins seront rattrapés par la justice et punis »

    Parti a la fleur de l age tu incarnais l homme de verité, de justice , de liberté et de la recherche du bien etre pour tes semblables. Repose en paix chers combattant des causes jistes. Tu as vecu utilement et nous ne t oublierons jamais. Le ddossier est en souffrance car meme si blaise a fui il reste des gens qui sont ttoujours au pays et qui n ont pas interet a ce que la verité eclate. Mais qu ils sachent que chaque chose a une fin. Repose en paix cher combattant de la liberté et courage à sa famille

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