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Bénéwendé Stanislas Sankara : “Etre élu président du Faso dès le premier tour”

Publié le vendredi 28 octobre 2005 à 07h30min

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Pour le candidat de l’UNIR/MS (Union pour la renaissance Mouvement Sankariste) Me Bénéwendé Stanislas Sankara, le fauteuil du président Faso lui reviendra au soir du 13 novembre 2005. Il reconnaît toutefois que le chemin pour y parvenir est parsemé d’embûches.

Le défi donc que Me Sankara compte relever par une meilleure diffusion de son « programme alternatif sankariste » grâce auquel le Burkina Faso pourra dire adieu au sous-développement. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, il apprécie également la semaine de campagne déjà écoulée.

S. : Depuis le 22 octobre dernier à 0 heure, la campagne pour la présidentielle du 13 novembre prochain est ouverte. Une semaine après, quelle est votre appréciation du déroulement de cette campagne ?

MBSS. : De prime abord, on a l’impression qu’il y a un super candidat, utilisant les moyens de l’Etat, bénéficiant du soutien des opérateurs économiques, de l’armée. Je parle avec des preuves concrètes que j’ai pu avoir à Gaoua. Un candidat qui inonde l’ensemble de la population de gadgets avec des photos même sur les lieux de culte. Et d’un autre côté, il y a les candidats de l’opposition qui n’ont que leurs programmes à défendre, leur détermination à revendre. C’est l’impact de ce constat sur le peuple qui attend de voir après les élections comment leurs problèmes quotidiens (santé, emploi, logements...) seront résolus.

S. : La tendance chez les candidats de l’opposition est de dénoncer la politique du candidat Blaise Compaoré au risque parfois d’oublier leur propre programme politique. Est-ce une bonne stratégie de campagne ?.

MBSS. : Le candidat Blaise Compaoré aussi défend ses mandats de 18 ans. Nous sommes aussi tenus d’abord d’analyser ce que Blaise Compaoré a pu faire sur le terrain. Et en fonction de cela, proposer quelque chose au peuple burkinabè. Ce qui permet à l’électeur de peser le pour et le contre et de faire son choix le 13 novembre prochain. C’est la démocratie qui gagne ainsi.

A l’UNIR/MS, au niveau du Front démocratique sankariste, nous ne faisons pas des critiques sans preuves, nous n’appelons pas à la violence, à faire autre chose que de regarder en face et faire un choix utile. Nous avons été à plusieurs fois, provoqués. Mais nos militants sont restés sereins. On s’est mis au-dessus de tout cela. Tout comme on l’a fait par rapport à la décision du Conseil constitutionnel de maintenir la candidature de Blaise Compaoré, par rapport aux défaillances du fichier électoral informatisé. Pour nous, l’heure est venue pour les Burkinabè d’user au maximum du droit citoyen de la légalité républicaine et de mener un combat pour leur propre développement. Dans ce sens, nous proposons notre « programme alternatif sankariste ».

S. : Qu’est-ce que le « programme alternatif Sankariste » ?

MBSS. : Oui, j’ai comme l’impression que nous n’avons pas fait suffisamment de marketing autour du « programme alternatif sankariste ». Nous avons été le premier parti à faire un exposé sur l’expérience de la lutte sankariste contre la pauvreté. Malheureusement, j’ai l’impression que l’opinion n’a pas saisi a posteriori comment nous sommes arrivés à concevoir le programme alternatif sankariste. Nous avons seulement tiré des expériences de la lutte contre la pauvreté menée entre 1983 et 1987 par le président Thomas Sankara.

S. : Une autre époque donc ?

MBSS. : Vraiment pas. Nous disons effectivement que le CNR (Conseil national de la Révolution) a eu une époque révolutionnaire.

Parce que c’était un Etat d’exception. Mais l’action politique fondée sur le sankarisme peut faire un autoajustement sankariste.

S. : Comment cela va-t-il se traduire sur le terrain ?

MBSS. : Concrètement si nous sommes élu, il faut d’abord garantir les libertés individuelles et collectives par une justice véritablement indépendante qui va travailler à éradiquer l’impunité et la corruption. C’est à partir de là qu’on peut fonder un vrai Etat et une Nation dont le moteur principal sera la bonne gouvernance.

Sans la bonne gouvernance, on ne peut pas construire ni parler de développement. Donc notre première action sera la refondation de l’appareil judiciaire, faire en sorte que l’égalité de tous les administrés devant la justice soit de rigueur. De cette façon-là, on va respecter la chose publique, on n’aura plus peur d’appartenir à une formation politique d’opposition. Beaucoup de gens suivent le parti au pouvoir parce qu’ils ont peur quelque part pour leur poste, leurs avantages. Pendant cette campagne, des personnes vêtues de tee-shirts et de casquettes CDP nous ont affirmé qu’elles voteront en réalité pour nous. C’est surtout pour ces gens que nous travaillons à visage découvert.

Peut-être que le CDP ramasse les foules, mais dans l’isoloir, ça sera autre chose. Si en 18 ans de pouvoir Blaise Compaoré a fait du Burkina Faso l’un des derniers pays de la planète, en 23 ans (soit 5 ans de plus), il l’amènera où ?. Dans le chaos, je présume. Et comme il y a des Burkinabè qui veulent d’un développement véritable, nous leur demandons de se battre avec leur droit citoyen en votant l’œuf, symbole de l’éthique, de la confiance en soi-même, la fidélité.

Et nous resterons fidèle à l’idéal du président Thomas Sankara, si nous sommes élu, c’est-à-dire de façon désintéressée au bonheur du peuple burkinabè au prix de notre vie. Je crois que les Burkinabé n’attendent que cela.

S. : La politique d’autoajustement réussie par le président Thomas Sankara entre 1983 et 1987 sous un régime d’exception, est-elle vraiment viable dans le contexte actuel du Burkina Faso ?

MBSS. : Vous n’avez pas bien lu notre programme alternatif sankariste (s’adressant au journaliste). L’équation qui est posée est de savoir : est-ce qu’au plan politique, dans les limites de l’Etat de droit, dans un contexte de globalisation et de mondialisation, on peut réaliser ce que le CNR a réalisé avec des méthodes révolutionnaires. A cette question, je réponds : « bien sûr » . C’est pourquoi il faut d’abord garantir les libertés, permettre aux citoyens d’adhérer au processus en toute âme et conscience et c’est cela la différence avec la période d’exception.

Aujourd’hui si vous demandez à la jeunesse de sortir pour un travail d’intérêt commun, elle ne sortira pas. Parce qu’elle se dit qu’elle ne va pas travailler pour ces gens en train de voler en haut. C’est pourquoi on dit que la morale agonise au Faso. Il faut un changement des mentalités. C’est une question de bonne conscience qu’il faut promouvoir à travers une politique d’éducation.

S. : Vous avez lancé votre campagne à Gaoua le 23 octobre dernier au moment où le président sortant tenait son meeting dans la même ville. Peut-on parler de défi ?

MBSS. : C’est plus qu’un défi. D’abord, nous avons lancé notre campagne à Gaoua parce que c’est là que le président Thoma Sankara a fait ses premiers pas au plan éducationnel. C’est également à Gaoua qu’il a lancé un appel (Appel de Gaoua) en 1985 (si mes souvenirs sont bons) pour la réforme de l’éducation. Gaoua a vu le président Thomas Sankara grandir.

Pour nous, c’est un symbole fort de repartir dans cette ville pour lancer notre vision politique. Et coïncidence ou pas, le candidat du CDP y tenait également son meeting. Cela ne nous a affecté nullement parce que nous connaissons notre peuple, ceux à qui est destiné notre message. Et ce peuple était bien là à la place de la femme de Gaoua pour notre meeting.

Il nous a écouté et nous lui avons demandé de garder courage, de ne pas perdre espoir et de continuer le travail de sensibilisation, de porte en porte, pour que tout le Burkina Faso s’imprègne de notre discours. Tout s’est très bien passé.

S. : Et si c’était à refaire ?

MBSS. : Oh ! partout où nous irons sur le territoire burkinabè, le candidat Blaise Compaoré ne pourra pas nous inquiéter personnellement, je ne le sens pas. Par contre, je sens que de plus en plus, le peuple burkinabè se réveille. Et cela va se concrétiser le 13 novembre.

S. : Depuis l’ouverture de la campagne, on vous a vu très peu sur le terrain. Pourquoi cette « absence » ?

M.B.S.S. : C’est une question de stratégie et de moyens. Sinon nous avons un programme de sorties qui a été communiqué dans la presse, un peu partout. Mais c’est en fonction également des moyens dont nous disposons. Vous voyez, c’est insultant de demander au candidat que je suis de battre toute la campagne avec 7 millions de FCFA (subvention de l’État).

Nos militants ne le savent pas mais nous nous débrouillons avec parce que nous avons la conviction que nous ne luttons pas pour l’argent, pour des avantages. Même si nos militants vont se cotiser 5 F chacun, nous allons battre cette campagne, pourvu que le peuple se réveille et prenne conscience.

C’est pourquoi nous avons rédimensionné nos meetings en fonction de nos maigres moyens. Mais il y a la visibilité du parti grâce à la presse qui fait son travail avec les moyens de bord que nous connaissons aussi. Ce qui est important pour moi c’est de savoir qu’il existe encore des milliers, voire des millions d’hommes et de femmes qui acceptent de travailler et de se battre dans ces conditions.

S. : Les deux sondages réalisés par le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) vous placent 2e à l’arrivée de la course pour le fauteuil présidentiel. Qu’est-ce que ces résultats vous ont-ils apporté ?

M.B.S.S. : Les résultats des sondages du CGD me permettent simplement d’avoir plus de courage, de faire une remise en cause de moi-même dans mon travail et aussi de tenir compte de l’opinion et de dire ce qu’il faut faire pour inverser les tendances en ma faveur le jour du vote. Pour nous, c’est une bonne chose de faire des sondages mais qu’on les fasse également dans d’autres secteurs. Cela permet d’améliorer notre qualité de vie.

S. : Au vu de la campagne, quelles sont vos chances réelles pour cette élection présidentielle ?

M.B.S.S. : C’est d’être élu président du Faso dès le premier tour.

S. : Quel message avez-vous à lancer à l’endroit de vos militants ?

M.B.S.S. : C’est de demander aux militants de retirer leurs cartes d’électeur. Je demande également à nos délégués qui seront dans les bureaux de vote d’être vigilants afin de barrer la route à la fraude. J’ai par ailleurs, un message de paix, appelant les uns et les autres à ne pas céder à la provocation, à rester sereins, car le suffrage est en notre faveur.

Propos recueillis par Koumia Alassane KARAMA
Sidwaya

P.-S.

Lire aussi :
Présidentielle 2005

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Vos commentaires

  • Le 30 octobre 2005 à 00:24 En réponse à : > Bénéwendé Stanislas Sankara : “Etre élu président du Faso dès le premier tour”

    FELICITATION

    MEME SI VOUS ECHOUEZ, L ESSENTIEL EST DE CONSTRUIRE LA DEMOCRATIE AU BURKINA FASO

    NOUS N AVONS PAS D AUTRE CHANCE DE CONSTRUIRE LE BURKINA QUE DANS LA CULTURE DES LIBERTES INDIVIDUELLES ET COLLECTIVES.

    Travaillez a avoir un peuple libre est une responsabilite grande, etre libre signie connaitre son pays et avoir de l intelligence. Si les BURKINABE deviennent libres, ils seront les premiers a crier pour SANKARA.

    DIEU BENISSE LE BURKINA FASO

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