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Vente occasionnelle de volailles et petits ruminants à Ouagadougou : La solution inclusive et durable des Urbanistes

Publié le vendredi 14 mai 2021 à 14h48min

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Vente occasionnelle de volailles et petits ruminants à Ouagadougou : La solution inclusive et durable des Urbanistes

La police municipale de Ouagadougou a procédé le 11 mai 2021 à Ouagadougou, au retrait des volailles et de petits ruminants vendus dans des lieux non autorisés. Ceci, en application de l’arrêté N° 2020-163/CO/M/DAJC portant interdiction de vente d’animaux et de volailles en dehors des marchés à bétail et dans les espaces autorisés. Cette activité avait crée une indignation au niveau de certains citoyens. Dans cette déclaration, les urbanistes donnent leur point de vue sur la question.

L’actualité de cette veille de la double célébration des fêtes de ramadan et de l’ascension aura été marquée dans la ville de Ouagadougou par des scènes d’altercations diverses et de courtes poursuites enregistrées entre les éléments de la police municipale et les vendeurs de volailles et petits ruminants (en moindre proportion), provenant pour la plupart des environs de la ville et principalement des communes relevant du grand Ouaga (Saaba, Loumbila, Pabré, Tanghin Dassouri, Komsilga, Koubri, Konki Ipala).

S’il est vrai que l’activité est règlementée par la commune de Ouagadougou à travers l’Arrêté municipal « N° 2020-163/CO/M/DAJC portant interdiction de vente d’animaux et de volailles en dehors des marchés à bétail et dans les espaces autorisés dans la ville de Ouagadougou », il n’en demeure pas moins que la solution préconisée par la municipalité n’a pas été bien perçue par tous. Les commentaires recensés à travers la presse et aussi les réseaux sociaux sont multiples et souvent antagoniques.

En effet, l’opinion a réagi de façons différentes. Si d’aucuns pensent que la réaction de l’autorité est tout à fait appropriée dès lors qu’il est admis que « Force reste à la Loi » ou encore que « Nul n’est censé ignorer la Loi », une autre frange de la population aurait souhaité que cette question puisse être gérée avec beaucoup plus d’humanisme au regard du caractère occasionnel et épisodique de l’activité (apparaissant essentiellement à la veille des fêtes) du profil des personnes concernées (niveau d’instruction, origine rurale, peu aisée…).

Au regard de cette situation éminemment sociale qui interpelle, l’Urbaniste de par son double statut de citoyen et de professionnel de la ville apporte à travers ce laïus sa lecture de la chronique, dans le seul but d’aider à la recherche d’une solution inclusive et durable dans l’intérêt de tous les protagonistes.

De notre constat, ce phénomène n’est pas nouveau. Il constitue depuis des décennies, une pratique qui s’inscrit dans le fonctionnement régulier des circuits d’approvisionnement de la ville qui par vocation n’est pas une zone de production. Les besoins en produits de consommation issus de l’agriculture et de l’élevage sont couverts essentiellement par nos campagnes permettant ainsi à ces populations de relever leur niveau de revenu et d’améliorer leur qualité de vie.

Cette interrelation entre la ville et son hinterland rapproché (zones rurales périphériques) alimente tout un pan de l’économie urbaine/rurale et permet si besoin en est, d’accroître ou de compléter l’offre urbaine en denrées spécifiques.

Par conséquent, il y a lieu de comprendre ce sous-secteur afin d’apporter les solutions organisationnelles les mieux appropriées intégrant outre la dimension commerciale, les aspects liés à la concurrence, la fiscalité, la sécurité (gestion de la circulation urbaine, criminalité et volet sanitaire), la sociologie du milieu, etc.

C’est dans cette optique que nous encourageons la municipalité à engager une réflexion afin de prévenir la récurrence des situations malencontreuses susceptibles d’alimenter les tensions et entacher la paix sociale à laquelle nous aspirons tous. Notre démarche est une invite à une réflexion sous réserve de la prise de connaissance effective de toutes les dispositions prises par la Mairie relativement à cette question de la vente ambulante de volaille et autres animaux.

Cette réflexion d’urbanisme transitoire à laquelle l’Ordre des Urbanistes du Burkina (OUB) compte contribuer, pourrait se structurer comme suit :

1- Faire un diagnostic du fonctionnement des marchés de volaille et autres animaux actuellement dans la ville de Ouagadougou (il faut préciser à cet effet que la ville ne dispose pas d’un plan stratégique d’aménagement des équipements marchands, il faudrait penser à l’élaborer d’ailleurs).

2- Diligenter parallèlement une enquête auprès des vendeurs temporaires de volaille et autres animaux afin de faire ressortir les difficultés rencontrées par ces derniers, l’objectif étant de connaitre les raisons qui les motivent à ne pas utiliser les marchés et espaces qui sont dédiés à leurs activités.

3- Identifier les espaces les plus prisés par les vendeurs temporaires de volaille et autres animaux afin de déterminer les motivations diverses qui les incitent à pratiquer ces espaces.

4- Etudier le mode d’occupation des espaces utilisés par les vendeurs temporaires (les périodes d’occupation, la durée d’occupation, les occupants et leurs lieux de provenance, la situation des espaces utilisés après l’occupation, les perceptions et les relations avec le voisinage etc.).

5- Sur cette base, proposer une cartographie des espaces transitoires et temporaires qui peuvent être utilisés à la fois par les vendeurs temporaires et les vendeurs sédentaires des marchés de volaille et autres animaux.

6- Elaborer un système de tarification pour l’utilisation de ces espaces transitoires identifiés (si possible voir comment on peut l’adosser au système SYCOTAX).

7- Elaborer un cahier de charges pour l’utilisation de ces espaces transitoires et temporaires identifiés (période d’occupation, gestion et modalités d’occupation, entretien etc.).

8- Elaborer ensuite un plan de communication pour que les vendeurs temporaires aient l’information. Pour se faire, on peut s’appuyer aussi sur les résultats de l’étude qui va préciser les lieux de provenance des vendeurs temporaires de volaille et autres animaux, afin d’associer les collectivités locales concernées et œuvrer à un meilleur relais de l’information.

Gageons pour une ville citoyenne inclusive !

Fait à Ouagadougou, le 12 mai 2021

Conseil National de l’Ordre des Urbanistes du Burkina

« Agir pour une nouvelle dynamique urbaine »

Tél. +226 25653114 – 70202757 – 70182294
cno.urbanistesburkina@gmail.com
www.oub-bf.pro

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Vos commentaires

  • Le 14 mai 2021 à 18:50, par Bassolé En réponse à : Vente occasionnelle de volailles et petits ruminants à Ouagadougou : La solution inclusive et durable des Urbanistes

    Salut et merci à vous pour cette contribution. Enfin des citoyens et techniciens qui apportent leur pierre à l’édification d’une ville où chacun peux, doit apporter sa contribution pour une économie inclusive. J’espère que les autorités municipales sauront apporter la bonne réponse à cette situation.

  • Le 17 mai 2021 à 08:56, par saam En réponse à : Vente occasionnelle de volailles et petits ruminants à Ouagadougou : La solution inclusive et durable des Urbanistes

    Faut les regrouper par quartier dans des espaces libres pour ces périodes comme dans certains pays.
    Imaginez qu’à Tabasky, Noël ou autre les Ouagalais doivent tous converger vers les quelques marchés à bétail, la pagaille ds la circulation et autres. Or si le produit est à proximité, pour un laps de temps, c’est facile pour tout le monde. Tout est question d’organisation et quand c’est la fête, difficile de ne pas remarquer un peu cette ambiance quand même.
    Je suis pour l’application de la loi mais on est tous burkinabé, sachons nous ménager pour ne pas frustrer encore et encore.

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