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Coton transgénique : Deux variétés burkinabè en route

Publié le mercredi 26 octobre 2005 à 08h21min

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L’Institut de l’environnement et de recherche agricoles (INERA) a organisé du 16 au 20 octobre 2005 des journées portes-ouvertes en vue de partager avec des participants nationaux et étrangers ses résultats préliminaires de recherche sur le coton transgénique (Bt).

Outre les visites de champs d’essais de Kouaré et de Farako-Bâ, plusieurs informations ont été portées à la connaissance des invités, dont le transfert en cours du gène Bt dans deux variétés burkinabè de coton, qui seront disponibles d’ici fin 2005.

Le Burkina Faso, depuis les premiers essais sur le coton Bt il y a de cela trois ans, suscite beaucoup de curiosité de la part des chercheurs, des journalistes, des producteurs et des sociétés de coton, des associations de la société civile de notre pays et de l’étranger, notamment de la sous-région.

En rappel, cette curiosité s’était fait sentir lors d’un atelier de formation des hommes de médias de la sous-région sur la biotechnologie, organisé du 1er au 3 juin 2005 à Bamako, au Mali, par l’Institut de l’économie rurale (IER) en collaboration avec l’ISAAA, l’ABSPII et Burkina Biotech Association (BBA) du Pr Alassane Séré. En effet, les journalistes avaient émis le souhait de visiter les champs d’essais sur le coton transgénique au Burkina Faso.

C’est donc chose faite, car du 16 au 20 octobre 2005, une vingtaine de journalistes nationaux et étrangers (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Sénégal, Niger, Kenya, Ghana, Gambie) et plusieurs représentants d’institutions de recherche, de sociétés cotonnières, de la société civile, de l’Union nationale des producteurs de coton au Burkina (UNPC-B) et de structures publiques et universitaires, ont pris d’assaut la station de Kouaré, situé à 10 kilomètres de Fada N’Gourma (à l’Est du pays) et celle de Farako-Bâ, se trouvant à quelques kilomètres de Bobo-Dioulasso (partie Ouest).

L’INERA et ses partenaires (Monsanto, ISAAA, BBA, SOFITEX, FASO Coton, SOCOMA et l’UNPC-B) ont donc voulu, après les premiers résultats des essais ayant fait l’objet d’un atelier de restitution le 3 février 2005 à Ouagadougou, tenter une nouvelle approche à savoir convier les participants sur le terrain pour constater de visu ce qui est fait et mieux, renforcer leurs connaissances sur les Organismes génétiquement modifiés (OGM), dont le coton Bt. A Kouaré comme à Farako-Bâ, les visites ont été précédées de plusieurs communications afin de mettre tout le monde au même niveau d’information.

Le Dr Jérémy Ouédraogo, spécialiste en biotechnologie et du niébé, a défini les différents termes liés aux OGM avant de donner les avantages et les éventuels risques pouvant survenir pendant le transfert d’un gène d’un organisme à un autre.

Le risque zéro n’existe pas

C’est pour cela que, à l’image de tous les autres pays où existent les OGM ou, en d’autres termes, la biotechnologie moderne, le Burkina Faso dispose d’une agence de biosécurité et de textes réglementaires en cours d’adoption par le Parlement. Le spécialiste notera que le risque zéro n’existant pas dans toute recherche ou invention, il faut tenir compte des avantages des OGM tout en minimisant au maximum les risques.

Et avant de libérer un produit de biotechnologie moderne, il y a forcément une étude d’impact sur la santé humaine ou animale et sur l’environnement afin de s’assurer qu’il n’y a aucun danger. Au cours de l’exposé, les participants ont maîtrisé des notions telles que la chambre de culture ou serre ; l’isolement ou le confinement ; la rétention ; etc. Pour éviter le transport de gène même à l’issue des essais annuels, il est procédé à l’incinération de la production, en présence d’un huissier. En outre, la partie emblavée est irriguée pour qu’au cas où de nouvelles pousses sortiraient du sol elles soient aussi détruites.

Tels sont, entre autres, les mesures de sécurité courantes dans les stations de Kouaré et de Farako-Bâ.

Dans les champs, les participants ont pu se rendre compte des distances réglementaires (12 m ou 200 m selon le type d’essai) pour prévenir le flux de gènes.

Une des communications essentielles a été également celle du chef du Programme coton, le Dr Oula Traoré, qui a d’abord rappelé quelques résultats de 2003 et 2004. En effet, il a indiqué que les tests avaient permis de constater la résistance du cotonnier Bt à un groupe de ravageurs ; l’accroissement du rendement par hectare ; la diminution du nombre de traitements en intrants ; etc.

S’agissant de la présente campagne, les essais ont concerné, a-t-il signifié, le flux de gène, l’impact des plantes génétiquement modifiées sur les insectes utiles, notamment les abeilles, et l’impact sur l’homme, les animaux et l’environnement. A ce niveau, les résultats présentés ne sont que partiels, car d’autres tests étaient toujours en cours. Mais pour l’heure, les tendances montrent, a dit le chercheur, que le Bt n’a pas d’effet répulsif.

Les Maliens veulent revenir à Kouaré et à Farako-Bâ

Dans les champs de Kouaré, on a constaté que les insectes utiles sont visibles et même des ruches ont été installées pour l’étude d’impact sur les abeilles. Au cours des présentes visites, bon nombre de personnes ont trouvé des réponses appropriées à leurs inquiétudes, notamment sur les risques des OGM ou sur les problèmes de semences.

Concernant les semences, un de nos chercheurs, à savoir le sélectionneur Denis Sanfo, s’est rendu pendant quelques semaines à Leland aux Etats-Unis pour participer, aux côtés de ses collègues de la firme Monsanto, au transfert du gène Bt dans deux variétés burkinabè. Et le directeur de l’INERA, le Pr Hamidou Boly, de renchérir : « Nous aurons nos variétés transgéniques d’ici la fin de cette année.

Ce qui aura une importance dans la négociation avec Monsanto pour régler le problème de semences afin que les producteurs de coton aient leur compte ». Ces journées portes-ouvertes de l’INERA arrivent à point nommé, car elles sont une première au niveau régional et méritent d’être saluées. En plus, cela constitue une démarche de transparence de nos chercheurs, qui entendent travailler de concert avec tous les autres acteurs de la filière.

Elles ont été aussi un cadre d’échanges et de découvertes de certaines associations telles que la Coalition de veille OGM, le RECOAB (Réseau des communicateurs ouest-africains en biotechnologie agricole) et une structure similaire de la zone anglophone de notre sous-région. Déjà, au nombre des retombées positives de ces journées, on peut noter la venue, en mi-novembre 2005, de parlementaires et de journalistes maliens, pour prendre la route de Kouaré et de Farako-Bâ.

Cyr Payim Ouédraogo
L’Observateur

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Vos commentaires

  • Le 14 novembre 2005 à 08:22 En réponse à : > Coton transgénique : Deux variétés burkinabè en route

    M. Ouédraogo, bonjour,

    L’un des problèmes des cultures transgéniques est l’achat des graines ...
    Savez-vous si, en cas de succès de ces expériences, quelquechose est prévu en ce sens ? 5Le "coup" classique" est le suivant :
    1. Monsanto (ou autres) offre les semences pour des essais (ce qui semble être le cas ici)
    2. Les essais concluants sur un certains nombre de point (résistance aux insectes par exemple).
    3. Bien sûr, les effets sur le long terme ne sont pas pris en consédiérration (manque de temps dans une optique d’essais "opérationnels")
    4. On décide de continuer. Les semences bien sûr ne sont disponibles que chez Monsanto, qui a breveté sa manipulation génétique (c’est comme pour les brevets des anti-viraux contre le sida)
    5. En l’absence de transgénique "génériques" (ou de contrat "béton" avec le fournisseur), le fait de soumettre sa culture de coton à une entreprise venant d’un pays qui subventionne ses propres producteurs de coton au point de fausser la concurrence avec notre propre production n’est-elle pas risquée ?

    Quel est votre point de vue ?

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